La SADC à Kinshasa : Ni condamnation du Rwanda, ni soutien au départ de la Monusco

Le 42è Sommet ordinaire des chefs d’État et de gouvernement de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), qui s’est tenu le 17 août 2022 à Kinshasa, s’est clôturé sans une position précise – du moins selon les attentes du congolais lambda – de cette organisation régionale sur les récents développements de la situation sécuritaire en République démocratique du Congo. Ces développements portent, notamment, sur la résurgence du M-23 et le soutien avéré du Rwanda à ce mouvement rebelle ainsi que les incursions de l’armée régulière rwandaise en territoire congolais.

Cette situation a entraîné une croisade diplomatique qui, à ce jour, n’a eu comme résultat que l’appel à la trêve militaire, au retrait des troupes du M-23 de ses positions et au dialogue diplomatique entre Kinshasa et Kigali, en ce qui concerne la démarche menée par le Président angolais à Luanda sur demande du Président en exercice de l’Union africaine, le sénégalais Macky Sall. Mêmes appels du côté de l’EAC à Nairobi en plus de la décision de déploiement d’une force en RDC pour y traquer les groupes armés nationaux et étrangers.

Juste « inquiétude » et « solidarité »

Les Congolais, qui se souviennent du grand apport de la SADC dans les situations sécuritaires précédentes, attendaient une opposition ferme et concrète de cette région dont on connaît le poids diplomatique dans les cénacles internationaux. En tout et pour tout, cependant, le 42ème sommet de la SADC a exprimé juste son inquiétude et sa solidarité sur « des événements récents liés à la sécurité dans la partie Est de la République démocratique du Congo » avant d’engager ses différents organes à en faire part au Secrétaire général de l’ONU lors de la session de l’Assemblée générale de l’Organisation mondiale en septembre prochain afin de chercher « des solutions permettant de soutenir les efforts entrepris pour améliorer la situation sécuritaire ».

« Le Sommet a manifesté son inquiétude et sa solidarité au sujet des événements récents liés à la sécurité dans la partie Est de la République démocratique du Congo, et a mandaté le Président du Comité ministériel de l’Organe, avec le concours de la Troïka de l’Organe et des pays contributeurs de troupes à la Brigade d’intervention de la Force (FIB) de la MONUSCO, d’en faire part au Secrétaire général de l’ONU en septembre 2022, en marge de l’Assemblée générale de l’ONU, afin de rechercher des solutions permettant de soutenir les efforts entrepris pour améliorer la situation sécuritaire », peut-on, en effet, lire dans le communiqué final sanctionnant ce sommet.

La SADC fait déjà beaucoup pour la RDC

Il est vrai que, dans son offensive diplomatique, Kinshasa n’a pas saisi formellement et officiellement la SADC sur cette nouvelle situation sécuritaire avec des propositions concrètes pour sa contribution par rapport à ses deux axes diplomatique et militaire. Même s’il est également vrai que la SADC a fait et fait déjà beaucoup pour le rétablissement de la paix en RDC depuis maintenant plus de 20 ans. En effet, aussi bien sur le plan bilatéral que multilatéral, les pays d’Afrique australe figurent parmi les contributeurs en troupes de la Monusco ainsi que de la Brigade spéciale d’intervention de cette même mission onusienne (FIB). Le cas, notamment, de l’Afrique du Sud, du Malawi et de la Tanzanie.

La SADC a également soutenu la RDC dans la formation de ses troupes avec des instructeurs, autant qu’elle a mené des démarches diplomatiques déterminantes au niveau international. Des démarches qui ont abouti, notamment à la condamnation du Rwanda et de l’Ouganda suite à leurs précédentes agressions de la RDC.

A Kinshasa d’agir sans procrastination ni externalisation

Dans tous les cas, lorsque l’on sait que les communiqués finaux de ce genre de sommet demeurent toujours laconiques par rapport à ce qui se dit réellement et se décide, on croit comprendre que, comme à sa tradition, la SADC ne manquera pas de peser de tout son poids pour faire bouger les lignes au niveau de l’ONU. La composition de la délégation, tel que constituée à Kinshasa, en dit déjà long : le Président du Comité ministériel de l’Organe, la Troïka de l’Organe et des pays contributeurs de troupes à la Brigade d’intervention de la Force (FIB).

Il restera alors à Kinshasa d’apporter du sien en s’assumant en première ligne pour mettre fin à l’externalisation de ses propres responsabilités comme s’en désole le Dr Denis Mukwege dans un tweet devenu viral sur la toile.

JDW

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