Le M-23 a bombardé le chantier d’une centrale hydroélectrique au Parc National des Virunga

Le Parc national des Virunga a été victime d’une violente attaque dans la matinée du mardi 16 août 2022 sur le chantier de construction de la nouvelle centrale hydroélectrique de Rwanguba, dans le Territoire de Rutshuru, au Nord Kivu. Cette attaque, qui a impliqué des tirs d’artillerie lourde, a entraîné la chute de deux engins explosifs au milieu du chantier qui comprend des installations résidentielles pour les travailleurs et des ateliers de construction.

Elle s’est traduite par des dégâts matériels significatifs, notamment pour les équipements de chantier. D’après les communautés locales, les tirs d’artillerie provenaient des positions du M23 situées à moins de 5km du site du chantier.

Aucune victime n’est à déplorer parmi les membres du personnel car les autorités du parc ont pu procéder à une évacuation dès le début de l’attaque. Malheureusement, plusieurs victimes sont décédées dans les villages alentour.

Le Parc National des Virunga est au cœur de la région affectée par l’insécurité depuis la résurgence de la rébellion du M23. Le secteur des gorilles de montagne, dans la partie sudest du parc, se trouve à cheval entre le Rwanda et la RDC et est l’objet d’intenses combats depuis octobre 2021. Le 22 novembre dernier, un garde parc, Etienne Kanyaruchinya, avait été tué au cours d’une violente attaque contre un poste de patrouille de l’ICCN à Bukima.

Olivier Mushiete, Directeur Général de l’Institut Congolais pour la Conservation de la Nature, déclare à cette occasion : « L’ICCN condamne fortement cette dernière attaque à Rwanguba. Les gardes du parc sont des agents de mise en application de la loi dans les aires protégées. Leur mandat est de s’assurer de la protection de l’héritage naturel de la RDC, qui dans le cas du Parc National des Virunga est également inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO.

De plus, les personnels civils qui travaillent sans relâche à la mise en œuvre des programmes de développement du parc n’ont d’autres objectifs que de participer à la construction d’un futur tourné vers la paix et la prospérité pour les populations du Nord Kivu. L’attaque d’hier ne fait que renforcer leur détermination à accomplir leur mission ».

Contexte

Depuis 10 ans, le Parc National des Virunga travaille à produire de l’énergie électrique dans le cadre d’une stratégie de valorisation des écosystèmes du parc. Cette stratégie de stabilisation par le développement durable promeut une économie verte et la création d’emplois au Nord Kivu.

Les centrales hydroélectriques du parc sur la rivière Rutshuru permettront à terme de produire près de 42MW d’électricité, ce qui fera du parc la première source d’énergie à l’Est de la RDC. Ces centrales sont construites grâce au soutien financier de l’Union européenne dans le cadre de son programme de lutte contre la pauvreté et de développement du NordKivu.

En 2019, une analyse indépendante conduite par l’institution de recherche britannique Cambridge Econometrics a estimé que le niveau actuel de production d’énergie avait permis la création de plus de 30 000 emplois dans cette région affectée par la pauvreté extrême. Avec la future centrale de Rwanguba, le nombre pourrait monter à 100.000 emplois d’ici 2030.

Le Parc National des Virunga, situé à l’Est de la RDC, couvre une superficie de 7800 km2 qui inclut les volcans de la chaîne des Virunga au sud et le Mont Rwenzori. Il est frontalier avec le Parc des Volcans au Rwanda et le Queen Elizabeth Park en Ouganda. Créé en 1925, il est le plus ancien parc naturel d’Afrique et figure sur la liste du Patrimoine Mondial de l’Humanité (UNESCO) depuis 1979. Durant les 30 dernières années, le braconnage et la guerre civile au Congo ont gravement endommagé ses écosystèmes qui sont aujourd’hui en voie de restauration.

Le parc est géré conjointement par l’Institut Congolais pour la Conservation de la Nature (ICCN) et son partenaire « Virunga Foundation ». L’ICCN est l’autorité gouvernementale mandatée pour assurer la gestion des aires protégées à l’échelle du pays. Les agents de l’ICCN assurent leur protection, qui, au Parc National des Virunga, inclut aussi celle de l’espèce protégée des gorilles de montagne.

(ICCN/Communiqué)

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *