RDC, Rwanda et M-23 : Un faux rapport des experts de l’ONU circule dans les RS

Depuis la nuit dernière, les réseaux sociaux grouillent d’un document présenté comme le rapport du groupe d’experts de l’ONU sur la situation en République démocratique du Congo. Ce document de 301 pages reprend un certain nombre de faits supposément documentés par ce groupe de travail et présente certains détails troublants, à première vue, sur un certain nombre de faits et les acteurs.

Dans l’ensemble, on constate que ce rapport est un réquisitoire particulièrement lourd pour le Gouvernement congolais et les FARDC, ainsi que contre les groupes armés tels que l’ADF et ceux qui écument les montagnes de l’Ituri ; sans oublier des pages bien salées sur le Burundi et des allusions à peine voilées sur le rôle de l’Ouganda dans la résurgence du M-23.

Plus concrètement, ce supposé rapport charge des officiers des FARDC accusés de viols, de vol, de trafic des minerais et même de bombardements aériens mal ciblés qui auraient causé mort d’hommes. Il prétend aussi que le Gouvernement congolais aurait violé la résolution du Conseil de sécurité sur l’acquisition d’armes en se faisant transférer, moyennant paiement, des armes et des équipements militaires sous couvert de « produits agricoles » à travers un trafic qui passerait par l’Ouganda.

Le Rwanda et le M-23, auteurs d’un bidonnage !

D’un bout à l’autre de ce supposé rapport du groupe d’experts de l’ONU, on ne retrouve nulle part les charges annoncées contre le Rwanda et le M-23 par les médias qui disent avoir eu accès au rapport transmis au Conseil de sécurité. Aucune allusion aux incursions de l’armée rwandaise ni aux soutiens au M-23. Rien non plus quant aux preuves (vidéos et photos de drones, etc.).

Plus encore, ce rapport fait état, dans de longues pages, d’attaques qu’auraient menées les forces de défense et de sécurité congolaises en complicités avec des groupes armés rwandais, dont les FDLR, contre des groupes ethniques en RDC dont seuls les Banyamulenge sont cités.

Bien évidemment, les conclusions et recommandations qui découlent de cette présentation des faits, ne font pas de quartier ni pour la RDC, ni pour le Burundi et l’Ouganda et moins encore les autres groupes armés flanqués dans des complicités avec les forces régulières congolaises.

Ces déséquilibres indiquent que les internautes se font gaver d’un faux rapport. Un bidonnage qui de toute vraisemblance, ne peut être que l’œuvre du tandem Rwanda/M-23. Le timing, les fautes d’orthographe dans le supposé rapport et les dénégations de Kigali après la publication des articles sur le vrai rapport convergent pour démasquer ce fake qui est tout à l’avantage du Rwanda. Jeudi soir, en effet, Vincent Karega, Ambassadeur du Rwanda en RDC, avait relayé sur so compte tweeter un document présenté comme la position de son pays qui affirmait que le rapport sous examen ne serait encore qu’un draft non officiel dont l’examen est projeté pour décembre 2022. Dans le même document, cependant, Kigali se repend en dénégations habituelles pour renvoyer la question du M-23 à une crise interne à la RDC. Ce détail renvoie à une recommandation du faux rapport ci-haut évoqué, recommandation demandant à la RDC d’appliquer l’accord de Naïrobi de 2013 ou d’entamer de nouvelles négociations  avec le M-23.

JEK

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