Jean-Marc Kabund, un justiciable radioactif

Jusqu’où ira – ou n’ira pas – l’affaire politico-judiciaire mettant en vedette Jean-Marc Kabund ? Entre un coup de pied dans la termitière et l’ouverture de la boîte de Pandore, on ne sait pas encore définir avec exactitude la ligne de lecture de ce qui suit déjà la fatidique sortie médiatique de l’ancien Président a.i de l’Udps, parti présidentiel, ni, moins encore, son épilogue.

Si l’on savait que son départ de ce parti, surtout les conditions qui l’y ont contraint, n’allait pas être sans suite, personne, à ce jour, ne sait ce qui va arriver, même dans un avenir immédiat, pour cette affaire qui va bien au-delà des querelles politiciennes typiques à la classe politique congolaise. Les premières passes d’armes mettent déjà sur la place publique de salaces affaires qui scandalisent les consciences, et on doit encore attendre de savoir ce que vont en dire les partenaires extérieurs dont le silence actuel est particulièrement assourdissant, eux qui sont si frileux de ce genre de « vérités ».

Les animaux malades de la peste

En attendant, les tartes que les uns et les autres se sont déjà balancées à la figure font le bonheur de l’ODEP (Observatoire de la dépense) qui se console de ces « biscuits » qui viennent conforter ses multiples rapports sur ce qui se fait de l’argent de l’Etat. Et Florimond Muteba, son Président du Conseil d’administration, ne s’en est pas privé le plaisir lors de sa dernière déclaration sur Top Congo. « Ils ont tous été à la mangeoire », a-t-il lâché, officiellement au sujet de Jean-Marc Kabund. Mais son propos n’a pas manqué de laisser planer l’image d’un félin qui se pourlèche en s’éloignant de la carcasse d’une proie qu’il vient de dévorer.

Une chose est vraie, les jours qui viennent vont être particulièrement palpitants en termes de révélations, directement sur les uns et les autres, mais finalement sur ce qu’aura été la maison Congo durant ces trois dernières années. Chacun y va déjà de ses petites vérités qui aiguisent la curiosité des congolais autant que leur lourd désappointement. Et chaque geste posé, chaque mot prononcé apporte du nouveau.

Le radioactif Kabund s’est irradié et, avec lui, Kabuya et consorts

A commencer par Jean-Marc Kabund qui est devenu un justiciable radioactif, bref un danger pour quiconque s’en approche. A commencer par lui-même qui, par sa sortie fracassante, s’est cassé la figure politique. L’ancien soldat Kabund connaît bien les méthodes de la maison qu’il vient de quitter et, avec le bout d’expérience du pouvoir qu’il a engrangé, il sait qu’il ne se tirera pas de la trappe judiciaire où sa croisade politique la menée. Un casier judiciaire pourrait donc mettre une croix sur sa carrière et ses ambitions politiques. Sa radioactivité va donc le dévorer.

A l’instar aussi d’Augustin Kabuya, patron de l’Udps, et tous les cadres du parti ainsi que les autres chantres de la « tshisekedie ». Tous se sont livré à une concurrence sur qui a été – ou est – le plus grand jouisseur, le plus grand terroriste du peuple, le plus grand corrompu-corrupteur, le plus grand riche sans cause, etc. Bref, tous se sont, à ce point, livré à l’exercice des vérités croisées et s’en trouvés irradiés comme les animaux malades de la peste en attendant la sanction du peuple.

Le bureau Mboso, les pieds dans la fange

Le bureau Mboso ne s’en tire pas, non plus, elle qui s’est empressée de jouer au chevalier banc, si pas au justicier, en initiant une action disciplinaire contre. Tout de suite, Mboso s’est buté aux limites du règlement intérieur par rapport à la portée des potentielles infractions pénales à charge de Kabund.

Conscient de son incapacité de connaître de quoi que ce soit sur des propos tenus hors plénière, hors commission et hors des installations du Palais du peuple comme prévu dans la Règlement intérieur de l’Assemblée nationale, le bureau Mboso a cru bien faire en évoquant certains articles du décret-loi portant code de bonne conduite de l’agent public de l’Etat. Cependant, celui-ci évoque des matières opposables à Kabund et qui sont hors de portée d’une Assemblée délibérative.

Déjà irradié à deux niveaux, le Bureau de l’Assemblée nationale s’expose à nouveau lorsqu’il invoque, entre autres, l’article 13-3 de ce décret-loi qui évoque le « secret professionnel ». La seule allusion à ce point apporte du grain à moudre au moulin de JMK du fait, qu’implicitement, il lui serait reproché d’avoir divulgué des secrets/vérités auquel il a accédés sous son statut d’agent public de l’Etat.

Il va rester encore de savoir si, dans sa précipitation à « livrer » Kabund, Mboso et son bureau ont préalablement entendu le « morituri ». Le Règlement intérieur lui donne, en effet, le droit de présenter ses moyens de défense devant la plénière ou le bureau, assisté de deux de ses collègues ou de son avocat. Le Bureau devait donc lui transmettre le réquisitoire du Procureur général près la Cour de cassation pour ce faire.

« Toko kende elongo »

A qui le prochain tour ? La justice, bien sûr. Intervenue à la vitesse grand « V » qu’on ne lui connaît que dans ce genre d’affaires à soubassement largement politique, l’opinion attend de voir si, cette fois-ci aussi, les juges viendront avec le verdict dans leurs manches. Dans le pur style d’une justice punitive qui prospère sur les bords du fleuve Congo.

En clair, tout indique qu’on va assister au spectacle de la chanson de cet artiste qui prévient : « Toko kende elongo » (Nous mourons ensemble). Jean-Marc Kabund aurait donc décidé de ne pas mourir seul.

JEK

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