Robert Ménendez, Président de la Commission des Affaires étrangères au Sénat des États-Unis, vient d’adresser un courrier au Secrétaire d’Etat américain (Ministre des Affaires étrangères), Antony J. Blinken, pour interpeller son gouvernement quant à sa diplomatie par rapport au Rwanda et son Président Paul Kagame. Robert Ménendez, très influent au Sénat US, exprime ses inquiétudes sur les dérives autocratiques, les violations des droits de l’homme au Rwanda ainsi que l’implication du Rwanda dans la déstabilisation de la RDC et de la région des Grands Lacs.
Le chef de file de la commission des affaires étrangères du Sénat américain invoque, dans son argumentaire, des rapports de certains organismes, dont le canadien Citizen Lab et l’Ong internationale Freedom House pour asseoir ses préoccupations. En matière des droits de l’homme, par exemple, il évoque les meurtres et la répression d’opposants rwandais vivant à l’étranger. Freedom House épingle également le Rwanda comme « l’un des pays les plus prolifiques acteurs transnationaux de la répression dans le monde, aux côtés de la Russie, de la Chine, de l’Iran, de l’Égypte et de l’Arabie saoudite». Des répressions transnationales qui se sont opérées même aux USA.
LE PLUS GRAND DESTABILISATEUR DE LA RDC
Sur la situation en RDC et en Afrique centrale, le Sénateur américain demeure également incisif et cible Kagame comme étant le responsable « crédible » de la résurrection du M-23, tout en rappelant son implication dans plusieurs actes antérieurs de déstabilisation de son voisin. « Le Rwanda est également une fois de plus engagé dans des actions de déstabilisation régionale en Afrique centrale. Une semaine après la séance photo avec des hauts responsables américains, l’armée rwandaise a été accusée de manière crédible de soutenir les rebelles du M23 en République démocratique du Congo -RDC- et de déployer ses soldats au-delà de ses frontières en RDC », écrit-il.
Il rappelle également qu’à la fin des années 1990, « le Rwanda et l’Ouganda avaient envahi la RDC, déclenchant une guerre régionale qui, selon le International Rescue Committee, avait causé pas moins de 5,4 millions de morts de 1998 à 2007 en raison du conflit, provoquant une crise humanitaire ».
Et d’ajouter : « En 2022, le Rwanda a de nouveau envoyé des troupes à travers la frontière de la RDC et a réactivé le M23 en tant que milice par procuration, désormais responsable du meurtre des civils congolais, des troupes congolaises et des casques bleus de l’ONU ».
Au bout de son analyse, le chef de la commission des affaires étrangères du Sénat américain interpelle le Gouvernement de son pays pour qu’il reconsidère sa diplomatie vis-à-vis du Rwanda qui viole les valeurs des USA et du monde libre. A ce jour, les USA sont le premier contributeur étranger au budget du Rwanda ; sans compter d’autres soutiens dont la formation militaire.
L’APPEL DE MENDEZ A L’ADMINISTRATION AMERICAINE SUR LE CAS DU RWANDA
« À la lumière de ces questions troublantes, conclue Mendez, je vous exhorte à entreprendre un examen complet de notre politique envers le Rwanda ». Il estime, en effet, que « non seulement un tel examen devrait inclure un regard réfléchi sur les niveaux et les types de l’assistance que nous fournissons, il devrait également identifier les actions que nous devrions prendre pour assurer la sécurité des citoyens américains et des résidents permanents légaux ».
Et de prévenir : « Jusqu’à ce qu’un tel examen soit entrepris et communiqué à mon cabinet, j’ai l’intention d’examiner attentivement toute aide sollicitée au Congrès en faveur du Rwanda, et de faire suspendre toute assistance d’ordre sécuritaire, en commençant par plusieurs millions de dollars en soutien aux Casques bleus rwandais, car je crains que tout soutien américain à l’armée rwandaise alors qu’elle est déployée en RDC en soutien aux rebelles responsables d’attaques contre des civils congolais, des troupes congolaises et des soldats de la paix de l’ONU, puisse envoyer un signal troublant que les États-Unis approuvent tacitement de telles actions ». Pour le démocrate et Président de la commission sénatoriale américaine des affaires étrangères, « les États-Unis ne peuvent pas soutenir les contributions rwandaises au maintien de la paix dans certaines parties de l’Afrique tout en fermant les yeux devant la réalité selon laquelle le Rwanda fomente la rébellion et la violence dans d’autres parties du continent. J’ai hâte de travailler avec vous pour veiller à ce que la politique américaine reflète les valeurs des États-Unis et de l’administration Biden ».
JDW