José Eduardo Dos Santos (79 ans), ancien Président de l’Angola, s’est éteint vendredi dans un hôpital de Barcelone (Espagne) des suites d’une crise cardiaque. Pendant 38 années, soit de 1979 à 2017, il a présidé aux destinées de son pays ainsi que de son parti politique, le Mouvement populaire de libération de l’Angola (MPLA) de 1979 à 2018.
En RDC, cette disparition a résonné comme la perte d’un ami et un allié de taille pendant les années sombres d’après la chute de la dictature de Mobutu. Il est vrai que sous le règne du Maréchal, les relations entre Kinshasa et Kampala n’ont pas toujours été au beau fixe. Dès le début des années 60, en effet, Léopoldville (aujourd’hui Kinshasa) est la principale ville de refuge de la plupart des futurs leaders politiques de l’Angola qui fuient la colonisation portugaise dans leur pays. Durant leur séjour, ces réfugiés développaient parfois des rivalités entre eux par rapport aux enjeux de l’indépendance de leur pays qui sera proclamée en 1975. Parmi eux émargent des noms tels que Neto, Holden, Pinok, Dos Santos, etc.
Rapprochement entre Kinshasa et Luanda après la guerre froide
Après cette indépendance, Kinshasa et Kampala sont tiraillés par les antagonistes capitalistes et communistes autour du contrôle du pouvoir à Luanda. Kinshasa est alors accusé de servir de base arrière aux rebellions anti Santos dont le plus célèbre est l’Unita de Jonas Savimbi.
A la chute de Mobutu en 1997, les destins de l’Angola et de la nouvelle République démocratique du Congo vont converger autour d’une nouvelle lutte, dès 1998, pour l’intégrité territoriale de la RDC agressée. Dans le cadre de la SADC, en effet, l’Angola figure parmi les pays qui prêtent mains forte à la RDC dans ce qui est alors considérée comme la première guerre mondiale africaine.
Le soutien angolais se porte aussi sur le front diplomatique où le Rwanda va, enfin, être reconnu coupable de l’agression de son voisin. Dès lors, le narratif sur la situation sécuritaire en RDC va changer. Entretemps, les rapports entre Kinshasa et Luanda ne font que se resserrer, notamment autour des projets d’exploitation commune du pétrole sur le plateau continental de l’Atlantique.
Jusqu’à ce jour, l’Angola demeure aux côtés de la RDC pour l’accompagner notamment dans la résolution de ses conflits internes ou la soutenir dans les enjeux sécuritaires régionaux des grands lacs. C’est à juste titre que le Président Tshisekedi a adressé un message de condoléances à son homologue angolais Joao Lourenço.
Dos Santos, un « mwana Léo »
Ces liens entre Kinshasa et Luanda sont donc l’œuvre personnel de Dos Santos qui, quelque part, avait fini par adopter la RDC comme sa seconde patrie. C’est, en effet, en novembre 1961, âgé à peine de 19 ans, que Dos Santos arrive à Léopoldville après avoir rejoint une des organisations nationalistes clandestines de son pays, le MPLA qui a une importante antenne ici.
Par la suite, l’histoire va spéculer sur les activités qu’il y mène et même sur son habitation. Pendant longtemps, il est avancé qu’il vit à Ndjili où vit une importante communauté angolaise, mais une autre version retient que c’est vers l’actuelle commune de Kinshasa qu’il aurait vécu, cela en rapprochement avec ses activités culturelles.
Dans son livre intitulé « La musique congolaise du 20e siècle », Nfumu Fylla Saint-Eudes retrace Dos santos dans les années 1961 autour du night-club « Afro Mongambo », ex-Afro-Negro de Joseph Kabasele, qui fonctionne alors sur l’avenue Charles de Gaule, aujourd’hui avenue du Commerce. Géré par Manu Dibango qui y a monté un orchestre, ce groupe reçoit de temps en temps un certain José Dos Santos qui s’y rend pour gratter la guitare. A l’époque, il semblait difficile à ce jeune homme de 19 ans, connu pour sa discrétion, de quitter Ndjili pour aller en ville sans être inquiété.