Selon la roadmap (feuille de route) ayant sanctionné le mini-sommet entre la RDC et le Rwanda sous la médiation du Président Lourenço, Kinshasa est appelé à neutraliser les FDLR et leurs supplétifs tandis que Kigali doit retirer le M23 des positions qu’il occupe. Bref, une réponse aux accusations croisées à la base de la brouille entre les deux pays.
Un petit pas, mais un précieux pas quand même. Même si le tête-à-tête Tshisekedi-Kagame d’hier à Luanda autour du Président Joao Lourenço n’a été sanctionné par aucune déclaration, les différentes déclarations permettent de dégager quelques points de convergence qui marquent l’amorce d’une désescalade entre Kinshasa et Kigali. Le Rwanda et la République démocratique du Congo semblent tirer le drap de son côté, mais les points essentiels demeurent constants.
Côté Kinshasa, on parle, en effet, du retrait du des groupes armés vers leur pays d’origine, ce qui sous-entend aussi bien le M23 qui est revenu tout puissant du Rwanda et des FDLR qui écument les collines du Kivu depuis 28 ans. Par contre, à Kigali on parle uniquement du retour du M23 en précisant qu’il s’agit de l’aile Runiga.
Qu’à cela ne tienne, la roadmap de Luanda a le mérite d’avoir dégagé quatre engagements des parties et des organisations régionale (CIRGL et EAC). Premièrement, la cessation des hostilités et le retrait immédiat du M23 des positions qu’il occupe. Deuxièmement, réduire à néant les FDLR et ses supplétifs à la base des crises entre Kinshasa et Kigali, et de l’insécurité permanente à l’Est de la RDC. Troisièmement, créer les conditions nécessaires pour le retour des réfugiés dans leurs pays. Et quatrièmement, créer les conditions nécessaires pour relancer le dialogue entre la RDC et le Rwanda par la réactivation de leur commission mixte.
Bien entendu, la tripartite de Luanda a arrêté d’autres mesures, mais ces quatre premiers sont majeures en ce que, d’une part, elles touchent directement aux problèmes à la base des conflits entre les deux pays et, d’autre part, elles coupent la poire en deux entre les deux protagonistes : Kigali retire le M23 et Kinshasa réduit à néant les FDLR et leurs supplétifs. Ce dernier aspect de la question renvoie directement aux accusations que les deux pays s’échangeaient.
On devrait alors espérer que la désescalade amorcée à Luanda se traduise, non seulement la cessation immédiate des hostilités (même si les combats se sont intensifiés ces cinq dernières heures), mais aussi et surtout par le règlement définitif de la crise récurrente dans les grands Lacs, quitte à poursuivre les efforts pour l’éradication des groupes armés qui écument l’Est de la RDC.
Bien entendu, le mini-sommet de Luanda prévoit que ces principaux engagements soient d’exécution immédiate, mais c’est ici que va se mesurer véritablement la volonté des uns et des autres de cheminer résolument vers la paix. Le Président Félix Tshisekedi l’a déjà affirmé et pose les actes en répondant, jusque-là, à tous les rendez-vous régionaux du dialogue.
JEK