Kinshasa – Procès du braquage d’une banque : Tout ça pour ça ?

Une intervention digne d’un film d’action : pendant près de deux heures, tirs nourris, forces armées et police ont quadrillé la Victoire pour neutraliser les auteurs présumés du braquage de la Rawbank. Mais à la première audience sur l’affaire, contraste saisissant : pour un butin annoncé de 10.500 dollars, les pièces à conviction se résument à une arme factice en plastique, quelques douilles de balles et des plis de chanvre. De quoi laisser le public pantois face à ce décalage entre le spectaculaire de l’intervention et la légèreté des preuves présentées.

Le Tribunal de garnison militaire de Kinshasa/Gombe a ouvert, le vendredi 24 octobre 2025, au camp Lufungula, une audience publique qui ne cesse de susciter la curiosité du public et des observateurs judiciaires. À la barre, plusieurs prévenus dont la principale accusée, Honorine Porschen, poursuivie pour acte terroriste en lien avec une entreprise individuelle de séquestration, vol à main armée de 10.500 dollars américains et association des malfaiteurs.

Autour d’elle gravitent d’autres co-accusés : Nkashama Anderson, Kingambo, Molo César, Katompa Bukasa, ainsi que deux autres nommés Benjamin et Kapi, restés introuvables jusqu’ici. Tous sont jugés dans le cadre d’une procédure de flagrance relative au braquage de l’agence Rawbank de la Victoire (commune de Kasa-Vubu), survenu dans des circonstances encore floues.

Mais dès la lecture de l’acte d’accusation, une étrange impression s’est installée dans les esprits. En attendant la prochaine audience fixée au mardi 28 octobre, la description des faits laisse plus de questions que de certitudes.

Car selon l’accusation, l’opération ayant conduit à l’arrestation des suspects aurait été d’une ampleur spectaculaire : deux heures d’échanges de tirs nourris, un déploiement massif de forces de sécurité mêlant police et armée, et une tension digne d’une scène de guerre urbaine.

Pourtant, au moment de présenter les pièces à conviction, le public est resté médusé. Une seule arme — factice —, un simple jouet en plastique imitant une arme de guerre, a été déposée à la table des preuves. À cela se sont ajoutées quelques douilles de balles et des plis de chanvre, sans lien matériel évident avec le vol allégué.

D’où la question, désormais sur toutes les lèvres, y compris dans les rangs des avocats et du public :« Tout ça pour ça ? »

Comment comprendre un tel déploiement de moyens, une opération d’envergure mobilisant autant de forces, pour aboutir à des éléments aussi ténus ? S’agit-il d’un emballement sécuritaire, d’une erreur de procédure, ou d’un dossier monté à la hâte ?

Le tribunal militaire, présidé par un magistrat visiblement déterminé à faire la lumière sur ce dossier hors du commun, devra bientôt répondre à ces interrogations.

Rendez-vous ce mardi 28 octobre pour la suite d’un procès qui, déjà, divise entre crédulité et perplexité.

Albert Osako

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