Rien à faire, les Congolais vont se parler… et ils le font déjà. Les férus de la politique congolaise de ces trente dernières années ne se font aucun doute sur les signes annonciateurs.

« Il n’y a que les distraits et autres tambourinaires pour ne pas comprendre que le vent souffle sur le dialogue congolo-congolais », commente un habitué de la vie politique en RDC, qui rit sous cap face aux « simulacres d’extrémistes » qu’il observe surtout parmi les faucons du pouvoir. « Aussi bien ceux qui sont sous les arbres que ceux qui sont aux affaires », ajoute notre interlocuteur qui ne se relance pas lorsqu’on lui cite, sous forme d’interrogation, des noms comme Jacquemin Shabani ou Constant Mutamba pour des raisons évidentes…

La semaine finissante aura été particulièrement animée de contacts significatifs sous la houlette africaine d’Olusegun Obasanjo. L’ancien Président nigerian est l’un des cinq facilitateurs de la dynamique SADC-EAC adoubée par les initiatives de Doha et de Washington auxquels il est associé depuis le début.
Les observateurs assurent que si Obasanjo est révélé aujourd’hui à travers la publication des images sur ses rencontres avec Kabila et Mbusa, ainsi que sa présence à Washington et à Doha, c’est pour donner un signal fort en direction des extrémistes de tous bords pour siffler la fin des agitations et remettre tout le monde au pas.
Et l’implication spécifique d’Obasanjo parmi les autres facilitateurs SADC-EAC (Uhuru Kenyatta, ex-président du Kenya ; Kgalema Motlanthe, ex-président de l’Afrique du Sud, Sahle-Work Zewde (ex-présidente de l’Éthiopie ; Catherine Samba-Panza, ex-présidente de la République centrafricaine) n’est pas fortuite. La vie politique congolaise de ces vingt dernières années n’a, en effet, pas de secret pour lui.
Le dernier cas en date est l’accord du 23 mars 2013 dont il est l’un des garants.
Les axes Kabila et Mbusa donnent aussi des signaux assez précis de la démarche d’Obasanjo. Kabila incarnerait le dialogue politique entre le pouvoir et opposition non armée, tandis que Mbusa serait la proue du dialogue avec les groupes armés (plus de 250 nationaux et 44 étrangers) qu’il connaît très bien parce qu’ancien rebelle lui-même et pour avoir eu la charge de leur résorption par le passé quand il était ministre de la coopération régionale.
Ces deux axes ne sont certainement pas étrangers l’un de l’autre, car les images indiquent clairement qu’Obasanjo, vêtu du même boubou ouest-africain, est en navette entre Kabila et Mbusa en terre sud-africaine.
Les analystes sont donc d’avis que la RDC n’a jamais été aussi proche d’une véritable paix après la crise de ces cinq dernières années. Mais pour une meilleure sérénité des pourparlers, l’on s’attend à un appel à la désescalade, notamment dans les discours médiatiques de part et d’autre ainsi que dans le gel des offensives judiciaires et autres actes d’intimidations, de brimades, etc.
JDW