Ce dimanche sur son compte X, le général Muhoozi Kainerugaba, Commandant de l’armée ougandaise (UPDF) et fils du Président Museveni, a fait de nouvelles déclarations qui relancent des interrogations sur les intentions cachées de l’Ouganda sur la RDC.

Habitué à ce genre de propos provocatrices qui ont souvent soulevé des vagues entre Kinshasa et Kampala, le sulfureux général annonce, cette fois-ci, que « dans une semaine, le M23 ou l’UPDF seront à Kisangani sur ordre de Yoweri Museveni, commandant en chef de l’UPDF ! » et que « l’UPDF ne s’opposera pas à la prise de Kisangani par le M23 », ajoutant qu’il « leur faudra agir vite, sinon nous le ferons nous-mêmes ».

Le chef de l’armée ougandaise, qui n’a jamais été démenti par le Gouvernement mais a souvent fait convoqué l’ambassadeur de son pays par les autorités congolaises, annonce également l’arrestation prochaine du Gouverneur militaire de l’Ituri qu’il traite de « vraiment stupide » au motif qu’il « combat les opérations de l’UPDF en Ituri depuis le premier jour ».
Sur la même lancée va-t-en-guerre, le chef de l’armée ougandaise fait savoir que « quant aux régions de Fataki et de Djugu en Ituri, tous les membres de l’UPDF sont autorisés à tirer et à poser des questions par la suite ». Motif : « Nous voulons éliminer la menace que représente la CODECO pour nos communautés ».
Avant de promettre encore : « Peuple de Kisangani, nous venons à votre secours. L’Armée de Dieu arrive ! ».
Début janvier dernier, la Ministre congolaise des affaires étrangères avait convoqué l’ambassadeur de l’Ouganda suite à d’autres propos similaires du général de l’UPDF. Et lors d’un briefing de presse le 9 janvier 2025, Thérèse Kayikwamba Wagner faisait savoir que « par rapport au général Muhoozi et à ses déclarations qu’on peut qualifier d’inconsidérées, en effet, elles sont particulièrement préoccupantes, tenant compte de l’ambition que les deux pays partagent en termes de leur partenariat et en termes de leur amitié ».
Elle assurait également avoir été « très claire avec nos homologues ougandais sur le caractère inacceptable de ces déclarations. Nous avons aussi été très clairs sur le fait que si ces déclarations continuaient et s’il n’y avait pas de clarifications officielles et publiques par les autorités ougandaises sur le degré auquel le général Muhoozi Kainerugaba, à travers ses communications, engage le gouvernement ougandais, nous allions aussi devoir reconsidérer notre partenariat et nos relations ».
La récidive est bien là, aussi virulente, désinvolte et inconsidérée comme toujours. Et les observateurs attendent de voir la suite que Kinshasa va réserver cette fois-ci à ces propos.
L’opinion congolaise demeure perplexe sur ces déclarations répétées du fils du Président Yoweri Museveni sans que celui-ci ne réagisse. L’Ouganda est ouvertement reconnu comme soutien de l’agression rwandaise contre la RDC, notamment pour avoir offert son territoire comme point de passage des troupes et armes rwandaises vers la RDC.
Ce point de passage se situe à Bunagana où la RDC partage une frontière avec l’Ouganda et aucune avec le Rwanda.
Depuis le début de la nouvelle agression, Bunagana et l’Ouganda servent aussi de point de passage des minerais illégalement exploités en RDC, tandis que les formations hospitalières de l’Ouganda accueillent les blessés rwandais.
Ces trois dernières semaines, l’armée ougandaise a considérablement renforcé ses troupes en RDC avec l’arrivée de plusieurs bataillons, officiellement dans le cadre de la traque, conjointe avec les FARDC, des rebelles ougandais de l’ADF ; traque qui dure depuis trois ans. La population de l’Ituri ne supporte plus cette présence qu’elle considère comme une occupation déguisée en raison du rôle avéré de l’Ouganda aux côtés du Rwanda dans l’agression de la RDC.
JDW