RDC : « Les banyamulenge n’ont jamais demandé au Rwanda de venir protéger leur communauté » (Alexis Gisaro)

Alexis Gisaro, Ministre d’État en charge des travaux publics, a été, en sa qualité de membre de la communauté tutsi du Congo, l’invité du briefing de presse de ce mardi pour dénoncer l’interventionnisme rwandais en RDC sur et le faux narratif fe Kigali sur des minorités communautaires en danger et qu’il voudrait protéger par l’agression récurrente de la RDC.

Tout en partageant l’affliction de tous les congolais face à la nouvelle agression rwandaise, Gisaro a laissé entendre que sa communauté « vit l’occupation étrangère comme un véritable déchirement ».

« Aujourd’hui, un pays voisin, état belliqueux, exploite les quelques problèmes que nous pouvons avoir, et qui sont juste des défis internes de cohabitation entre certaines communautés – et pas seulement les banyamulenge – pour déployer son propre agenda », a déploré ce notable tutsi.

Alexis Gisaro a donné sa propre expérience politique d’élu d’Uvira (Sud-Kivu) par toutes les communautés locales (vira, shi, lega, bembe, etc.) comme la preuve d’une intégration communautaire qui dément le narratif rwandais de stigmatisation et d’exclusion. Il ajoute même que son propre père fut élu député (commissaire du peuple) de la même circonscription à deux reprises dans les années 77 sous le régime de Mobutu.

« Ceci démontre que la cohabitation intercommunautaire partout en RDC est une réalité vivante », conclue le notable Gisaro qui reconnaît que « cela n’exclue pas qu’il puisse y avoir des frictions de cohabitation entre humains ».

Mais ceci, ajoute-t-il, « ne donne aucun pouvoir à un pays étranger de venir se faire l’avocat d’une des conflits en conflit ». Car, ajoute-t-il, en réalité « le problème n’est pas tant de cohabitation, mais plutôt la prise en charge des frictions qui peuvent surgir là où vivent les hommes ».

Et pour cela, Alexis Gisaro fait voir que « cette prise en charge relève de la compétence du Gouvernement qui le fait bien ». Pour preuve, il demande : « les banyamulenge et d’autres tutsis congolais vivent partout en RDC à part l’Est. Et qui les protège partout là-bas si ce n’est le Gouvernement ? »

Puis de rassurer : « Je déclare ici solennellement que les services compétents du gouvernement interviennent chaque fois qu’ils sont alertés pour un cas donné, et la prise en charge et effective ». Puis encore : « À ce jour aucun cas d’agression ni de meurtre parmi nos communautés n’est enregistré comme cause d’une stigmatisation, d’un discours de haine ou d’une exclusion », comme le prétend le Rwanda qui ne cherche là que des prétextes pour s’infiltrer en RDC.

Répétant, une fois de plus, que les querelles de cohabitation sont des réalités qui ont existé et existent partout ailleurs à travers le monde (il donne les cas de ségrégation raciale aux USA et en Afrique du Sud avec l’apartheid), Alexis Gisaro analyse cette problématique et estime qu’il est exacerbé par deux phénomènes essentiels. « Il s’agit d’abord de l’existence des groupes armés communautaires qui règlent les frictions par le sang, et ensuite des interventionnismes du Rwanda que la communauté tutsie n’a jamais appelé à la rescousse »

Et de déplorer : « Ces invasions nous font vivre une situation dramatique avec des prétextes fallacieux : je viens protéger la communauté tutsi en danger ». Il interroge alors, comme par un défi : « Où est ce danger ? Où est-ce que cela a été concocté ? Combien de massacrés y aurait-il ? »

À la lumière donc de tout ce qui précède, Alexis Gisaro, membre de la communauté tutsie congolaise déclare : « Nous n’avons jamais demandé au Rwanda de venir protéger notre communauté. Ces invasions ne font qu’exacerber les problèmes de cohabitation qui existent et que la RDC doit résoudre puisque ce sont des défis internes ».

Ou bien encore : « Un pays tiers ne peut se faire l’avocat d’une communauté d’un autre pays jusqu’à y intervenir militairement ».

JEK

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