Après l’annonce de son parti politique, l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), le Président de la République vient de s’exprimer officiellement dans le débat sur une éventuelle révision constitutionnelle et d’annoncer la mise sur pied prochaine d’une commission de réflexion pour ce faire. Une prise de position qui enflamme de plus belle la toile et corse la levée des boucliers au sein de la classe politique.
Vent debout dans l’opposition
Pour l’opposition, en effet, cette révision constitutionnelle annoncée ne vise, pour la pouvoir en place, qu’à s’aménager un troisième mandat.Prince Epenge, allié de Fayulu au sein de la plate-forme Lamuka estime que « la constitution qu’il (Ndlr : le chef de l’Etat) tente péniblement de vilipender a cimenté l’unité du pays par voie référendaire » et que « d’ailleurs son père Étienne Tshisekedi, docteur en droit, avait prêté serment sur la même constitution».
« Notre constitution est bonne », coupe, tout sec, Hervé Diakiese, Porte-parole d’Ensemble pour la République, parti de Moïse Katumbi. Cet avocat rappelle que « C’est la même dont on avait exigé le respect lors des accords de la Cenco » aux négociations desquelles « Félix Tshisekedi était le Président de la délégation de l’opposition qui en avait exigé le respect ».
Pour Me Diakiese, qui s’exprime sur son compte X, « l’incapacité de constituer un gouvernement dans les délais n’est pas la faute de la constitution, c’est la difficulté d’attribuer des postes à une majorité issue de la tricherie dont personne ne vaut exactement les voix lui attribuées arbitrairement ».
Et de cogner encore : « Ce sont les entraves à l’exercice d’un pouvoir à vie, au retour d’un parti unique et à la dépendance de l’Etat vis-à-vis d’un potentat qui font que l’on trouve la constitution problématique ». Mais aussi : « C’est faux de prétendre qu’une constitution votée au referendum par des congolais, après débat au Parlement de transition, soit une constitution des étrangers ».
Ou encore : « Nous parlons français, une langue étrangère; nous n’avons jamais exigé d’en modifier la grammaire parce que nous commettons des fautes d’orthographes ou de syntaxes, au motif que c’est une langue étrangère ». Pour finir : « Ce régime cherche des fausses solutions à des vrais problèmes ».
Pour Me Rodrigue Ramazani, Secrétaire général d’Envol, parti politique de Delly Sesanga, « le discours de M. Félix Tshisekedi à Kisangani sur le changement de Constitution trahit la mémoire de Rosy Mukendi, Thérèse Kapangala et des Congolais tombés en refusant le 3ᵉ mandat sous l’ancien régime ».
Quant à Devos Kitoko, Secrétaire Général d’ECIDE, parti politique de Martin Fayulu intervenant sur son compte X, le changement ou la révision constitutionnelle est « une distraction et (une) diversion (…) pour détourner l’attention des Congolais(es) sur la cohésion nationale qui, aujourd’hui, demeure notre seule arme invincible pour recouvrer l’intégrité territoriale de notre pays ».
Précédemment, Devos Kitoko avait démenti la rumeur faisant état de l’adhésion de son parti à l’idée de cette révision constitutionnelle, faisant savoir que « l’information abondamment diffusée par les organes de presse, selon laquelle l’ECiDé serait favorable à la révision constitutionnelle sous certaines conditions, est une arnaque politique et une intox nauséabondes. Pour l’ECiDé, il n’y aura pas de changement de Constitution en RDC ».
Pour Tshisekedi, même les articles verrouillés ne seront pas épargnés
Mercredi soir à Kisangani au cours d’une adresse publique, Félix Tshisekedi a déclaré que l’actuelle Constitution a été mal rédigée et que plusieurs de ses articles méritent modification, y compris les articles dits verrouillés, dont ceux limitant les mandats du chef de l’État. « Pour changer le nombre de mandat présidentiel, il faut que vous, le peuple, vous puissiez le décider ; ce n’est pas la tâche du Président », a fait savoir le chef de l’Etat, insistant que « l’actuelle Constitution n’est pas bonne » puisqu’elle « a été d’ailleurs rédigée dans un pays étranger ».
Le Président Tshisekedi a aussi évoqué d’autres aspects de la constitution devant être revus, tels que la lourdeur de la mise en place des institutions et l’élection des gouverneurs de province.
Devant la foule, il a annoncé la mise sur pied, l’année prochaine – sans précision de date – d’une commission pour la révision de l’actuelle loi fondamentale. « Je vais désigner dès l’année prochaine une commission constituée des personnes de différentes couches de la société pour qu’il nous rédige une nouvelle Constitution adaptée aux réalités de la RDC et qui ne va plus handicaper le fonctionnement du pays ». Il a, d’ores et déjà, mis en garde les opposants qui voudront profiter de cette annonce pour déstabiliser le pays.
JEK