KINSHASA/Élection du Gouverneur sous haute tension : Et si chaque candidat mobilisait le jour du vote ?

Alors qu’Augustin Kabuya monte la pression sur les députés provinciaux Udps et alliés au profit du ticket Udps en annonçant notamment la présence des hooligans des « forces du progrès », foulant au pied le libre arbitre des grands électeurs, les autres états-majors mobilisent déjà pour une présence des leurs le jour du vote. Les autorités urbaine sont désormais prévenus que Kinshasa court au-devant d’une implosion dont seul Kabuya sera responsable à cause d’un ticket électoral largement impopulaire.


La pression monte dans la ville de Kinshasa à mesure qu’approche la date de l’élection du nouveau Gouverneur de la ville. Cette pression vient principalement de la campagne menée de façon sibylline par Augustin Kabuya, Secrétaire Général de l’Udps, qui a annoncé et répète que ce jour-là, lui et les combattants de son parti iront massivement à l’Assemblée provinciale pour assister au vote.
Par deux fois déjà, Kabuya a adressé cette mise en garde ouvertement devant les combattants de son parti réunis en matinée politique. La première fois c’était lors de la présentation du ticket retenu par le parti et la seconde fois après la publication des listes provisoires des candidats par la CENI.
A ces deux occasions, Augustin Kabuya avait dit et répété que ce ticket porté par Daniel Bumba est celui du parti et que les députés provinciaux n’avaient pas d’autre choix de vote. A ceux-là, il avait prévenu de rembourser l’argent des autres candidats au cas où ils en auraient perçu, car le jour J, « soki oliaki biloko ya mbwa, zala na mbangu ». Une formule de mise en garde sans détour en lingala kinois voulant dire que celui qui provoque un chien méchant doit s’assurer de l’agilité de ses jambes pour se sauver.
Hier vendredi au cours d’une « causerie morale » avec les députés provinciaux au Fleuve Congo Hotel, Augustin Kabuya a menacé de représailles tout celui qui voterait contre la consigne du parti. Il les a ouvertement menacés d’invalidation au profit de leurs suppléants, et même de pourrir le reste de leur carrière politique aussi longtemps que l’Udps sera au pouvoir.
Et aux autres députés provinciaux du parti qui soutiendraient un autre ticket, Augustin Kabuya leur a même demandé de quitter la salle si tel était le cas.

Des pressions démocratiquement irresponsables
Entre les lignes, et de plus en plus sans fard, le chef de l’administration du parti présidentiel ne s’empêche pas de laisser traîner de petites phrases assassines à l’endroit des Députés provinciaux électeurs quant à ce qui pourrait leur advenir au cas où ce n’est pas le ticket Daniel Bumba et Eddy Iyeli qui passerait. Kabuya leur rappelle, en effet, à combien ils sont pour leur signifier l’impossibilité arithmétique d’une défaite de ce ticket.

Il oublie que le démocratique n’est pas mécanique ni arithmétique. L’allié MLC de l’Udps aujourd’hui en a l’amère expérience à cette même APK aux élections de 2006 où le ticket Adam Bombola, largement majoritaire comme Bumba aujourd’hui, avait été battu par Kimbuta qui n’avait même pas l’appui de son parti, le PPRD, conscient de sa très large minorité arithmétique.

À Matadi en 2011, le candidat Déo Nkusu, jouissant de tout le soutien du FCC dont une délégation était présente le jour du vote, avait été battu par Jacques Mbadu qui n’était même pas dans la salle le jour du vote.

L’Udps en contradiction avec ses choix politiques sur le mandat électoral impératif face au FCC
Les esprits épris de bonne foi démocratique considèrent que pareille pression est totalement contradictoire aux valeurs démocratiques qui, devant les urnes, ne rime pas avec le nombre, mais appellent au libre arbitre et au libre choix de chaque électeur, sans quoi le vote le serait pas secret. On rappelle, en plus, que l’Udps est l’un des partis qui avaient combattu le système des mandats impératifs lors de la campagne pour le déboulonnement de la majorité FCC à l’Assemblée nationale.

Le système voulait que le siège obtenu par un parti politique soit un acquis de celui-ci qui qui le contrôlerait donc jusqu’à la consigne de vote. Une requête en interprétation de la disposition ad hoc du Règlement intérieur de l’Assemblée nationale avait conduit la Cour constitutionnelle à conclure à son inconstitutionnalité. Depuis lors, chaque élu est libre de ses choix politiques.

En sorte qu’aujourd’hui, mettre la corde au cou des élus, sous prétextes d’un impératif du parti, met l’Udps en contradiction avec ces propres choix pour le conduire aux confins d’une dictature inacceptable.

Mobilisation populaire en vue dans les etats-majors des autres candidats pour le jour du vote, le Général Kilimbalimba interpellé
Dans les états-majors des autres candidats, une idée commence à germer en rapport avec une éventuelle mobilisation, de leur côté aussi, des kinois à masser devant l’APK le jour du vote. Si cela se confirme, il faut craindre que la ville court au-devant d’une implosion dont seul Augustin Kabuya sera responsable.

On sait, en effet, comment le parti présidentiel avait semé la terreur lors des dernières élections de décembre 2024 avec son gang des « forces du progrès ». Une milice du parti présidentiel dont Kilimbalimba avait déjà annoncé le démantèlement imminent.

Daniel Bumba et Eddy Iyeli, le ticket le plus impopulaire
Les observateurs sont donc d’avis que l’autorité urbaine et la police provinciale devraient suivre cette situation de près pour prévenir tout débordement le jour J. Au besoin interdire tout rassemblement aux abords de l’APK et même à l’intérieur le jour du vote. Après tout, le vote est indirect et seuls les députés provinciaux sont concernés.

Ceci est d’autant plus utile que la ville ne devrait pas être troublée dans sa quiétude à cause d’un forcing antidémocratique totalement inacceptable pour un ticket électoral qui réunit presque l’unanimité de l’impopularité. En effet, alors qu’il a semé la division parmi les cadres du parti au sommet et à la base, le ticket Bumba-Iyeli n’accroche nullement dans l’opinion malgré toutes les pressions d’Augustin Kabuya, et cette impopularité transparaît jusque dans les analyses des professionnels des médias les plus objectifs et les plus influents.
Albert Osako

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