La ville de Kamituga, territoire du même nom dans la province du Sud-Kivu, est actuellement en proie à un phénomène de démolition des bâtiments abritant les services de l’Etat au profit d’un particulier qui les transformeraient pour sa propre exploitation. C’est le Député national Trésor Lutala Mutiki qui en donne l’alerte au Gouverneur de la ville dans une lettre datée du 27 mars 2024. Cette œuvre de destruction, selon ce député, serait du nommé Apollinaire Basola Mulanda, avocat de son état, qui se prévaudrait de 22 certificats d’enregistrement qui lui donneraient es droits sur des espaces et immeubles « ayant jadis appartenu à l’ex- Sominki dans la ville de Kamituga ».
La plupart de ces bâtiments abritent les services publics urbains, mais par personnes interposées, Me Basola « se livre à des actes qui suscitent un certain nombre de questionnement ». Ses hommes « détruisent, le plus allègrement du monde et de manière progressive, les immeubles abritant près d’une trentaine des services étatiques attachés à la Mairie de la ville de Kamituga », dénonce encore cet élu du peuple.
Premier bâtiment attaqué, celui de l’état-major du Commandement des forces armées situé vers le Camp Six. Mais la démolition, indique toujours l’honorable Trésor Lutala, a été suspendue après le soulèvement des familles des travailleurs de l’ex-Sominki et des agents de l’Etat travaillant à ce bureau.
Les démolisseurs sont, cependant, revenus à la charge dans la nuit du 24 au 25 mars pour attaquer, cette fois-là, « à l’immeuble servant de bureaux urbains des services de la DGM, du Parquet près le Tribunal de paix, l’économie et du SAEMAPE ». Les hommes à la solde de Me Basola ont commencé par arracher les tôles de ces bâtiments avant d’être stoppés dans leur besogne par la population qui va les prendre en chasse dans l’obscurité de la nuit.
A l’attention de l’autorité provinciale, l’honorable Trésor Lutala fait état de fortes présomptions sur l’implication de plusieurs responsables à divers niveaux sur cette opération. « Ce vaste complot visible à l’œil nu laisse le champ libre à toutes sortes de suspicions sur l’implication des responsables à différents niveaux dans ce feuilleton », écrit-il, en effet, avant de se demander : « Comment comprendre, par exemple, qu’un service public aussi important qu’un parquet près le Tribunal de paix se décide de quitter délibérément un immeuble de l’Etat et commencer à courir derrière des maisons des particuliers à louer dans la cité ? » Même interrogation pour le siège de l’état-major des forces armées.
Prévenant que cette opération pourrait bientôt s’étendre sur les anciens ateliers de la Sominki, selon ses sources, l’élu de Kamituga interpelle le Gouverneur de la province sur le fait que ces destructions « constituent une menace sérieuse sur la sécurité et la tranquillité sociale (…) suite aux émeutes que ces soulèvements (Ndlr : de la population) ont toujours entraîné ». Trésor Lutala Mutiki attend du Gouverneur de la ville « les clarifications nécessaires sur la régularité ou non de ces agissements » et attend des sanctions exemplaires contre les délinquants.
Le même appel est lancé aux autorités nationales, dont les Ministres des affaires foncières et de la justice, afin qu’ils puissent « diligenter une enquête indépendante sur le terrain visant à trouver une solution durable quant au sort définitif à réserver aux biens meubles et immeubles de l’ex-Sominki au regard des lois du pays ».
J. Dibenga Wotsho