Bérézina électorale en RDC : La CENI esquive les dénonciations de la CENCO et verse dans son propre déni

Suffisance, orgueil et propos aux allures d’insultes à l’endroit des princes de l’église plutôt que lumière, ainsi se résume la réaction de la centrale électorale nationale de Denis Kadima qui, en trois pages d’une réaction au vitriol mais strictement audo-laudative, évite les vérités des catholiques et se renie tout en refusant de se soumettre à une enquête face aux irrégularités et incidents qui engagent directement sa responsabilité et pas seulement celle des candidats véreux et des agents engagés ou temporaires.

La Commission électorale nationale indépendante (CENI) s’est fendue, ce vendredi 19janvier, d’une déclaration en réaction à celle de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) datée du 16janvier, mais publiée le 18 janvier avec un intitulé fort évocateur : « Celui qui se livre à la fraude n’habitera pas dans ma maison » (PS 101, 7). Une déclaration dans laquelle les Evêques catholiques, tirant les conclusions du rapport d’observation préliminaire de la MOE CENCO-ECC, évoque une véritable gadoue électorale et craignent, notamment, le retour au monopartisme avec une Assemblée nationale qui n’aurait que 6% d’opposants.

Suffisance, orgueil et propos insultants plutôt que lumière

Sur trois pages d’une réaction au vitriol, avec des propos aux confins de la désobligeance à l’endroit des princes de l’église, la CENI se livre essentiellement à une auto-laudation de son propre travail. La CENI de Denis Kadima se félicite, notamment, d’être la seule, dans l’histoire du « congo contemporain », à avoir organisé des élections jusqu’à la base. Des élections dont elle loue la correction sans aller jusqu’à revendiquer la perfection puisqu’étant une œuvre humaine.

La CENI souligne donc ses prouesses et soutient avoir travaillé dans le stricte respect de la loi et d’avoir tenu son calendrier électoral malgré le fait d’avoir démarré ses activités avec 8 mois de retard.

Au bout du compte, la CENI dénie à la CENCO toute compétence en matière électorale en demandant aux évêques catholiques de retourner à leur rôle premier d’évangéliser et de sauver les âmes. Cela après avoir, au tout début de sa longue réaction, accusé la CENCO d’avoir fait l’Autruche face à la réalité électorale qu’elle (la CENI) considère donc comme une totale réussite.

Ces vérités de la CENCO que la CENI esquive

Malgré la suffisance qu’elle manifeste dans son propos emprunt également d’une certaine dose d’arrogance, sans aucune modestie face à ce qui est largement connu comme une gadoue électorale – même la famille politique vainqueur s’en plaint -, la CENI a systématiquement évité de rencontrer le moindre des observations des évêques catholiques tirées du rapport d’observation de la MOE CENCO-ECC. En préférant botter en touche, Denis Kadima et son équipe ont choisi, eux, de se défausser sur la CENCO en faisant véritablement l’autruche face aux observations qui touchent aux fondements même d’une élection digne de ce nom.

Par exemple, tout au long de ses trois pages du passage des nerfs, la CENI ne pipe mot du nombre total des bureaux de vote qui avaient été ouverts le 20 décembre et de ceux qui l’ont été après le 20 ; du nombre total et réel des bulletins de vote disponibilisés, etc. La CENI ne donne pas, non plus, la moindre explication sur ce nombre impressionnant des machines à voter retrouvées, presque partout à travers le pays, dans les domiciles de particuliers appartenant tous à une même famille politique. Des machines sur lesquelles se sont effectués des votes parallèles pour lesquels la CENI n’a pas, non plus, donné la moindre explication.

De même, la CENI ne donne aucune explication sur le fait que la cartographie des bureaux de vote ait été disponibilisée sur son site internet tardivement et seulement en format non téléchargeable. Aucune explication non plus sur la violation du cadre légale et administratif, notamment par l’organisation des scrutins au-delà de l’unique journée et des 11 de vote prescrits par la loi électorale.

Quand la CENI se renie et refuse de se soumettre à une enquête

Et lorsque la CENCO rappelle la demande d’une enquête mixte et indépendante formulée par la MOE CENCO-ECC, la CENI réplique en revendiquant l’exclusivité de ce travail. Mais Denis Kadima et son équipe font délibérément l’autruche pour tenter de détourner l’attention sur le fait que cette demande a été faite après avoir constaté, au regard de la nature des irrégularités, que la responsabilité de la CENI – et non pas de quelques-uns de ses agents permanents ou temporaires – est directement engagée. Dans ce cas, la CENI, qui n’est investie d’aucun pouvoir de police judiciaire,  ne sauras être juge et partie dans une enquête.

Déjà, la centrale électorale elle-même n’a pas donné suite aux conclusions des enquêtes qu’elle a poursuivies après le cas des 82 premiers candidats écartés. Personne n’en saura plus rien dès lors que la CENI est désormais dessaisie de tout et que d’éventuels fraudeurs ont été proclamés élus par ses propres soins.

La CENI en plein dans les dénonciations moralisatrices de la CENCO

Last but not least, lorsqu’en fin de sa réaction, la CENI demande aux évêques de « se concentrer sur le devoir primordial de moraliser la population en général et les acteurs politiques en particulier, conformément à leur mission de formation des consciences par l’évangélisation et l’éducation », elle oublie que par leur message sous examen, les évêques catholiques se trouvent de pleins pieds dans cet élément de moralisation et d’éducation des masses. Ce message est, en effet, une dénonciation des antivaleurs dont la CENI a été témoin sans réagir et dont elle s’est, elle-même, rendue coupable et doit en répondre plutôt que de s’en orgueillir.

De même, la CENI, par ces propos, se renie elle-même en feignant d’oublier que c’est elle qui avait agréé la CENCO comme observatrice des élections à travers la MOE CENCO-ECC. Tout au long du processus électoral, la CENI avait abondamment interagi avec les mêmes évêques aussi bien au sein des cadres de concertation qu’elle avait elle-même mis en place qu’à diverses rencontres dont la dernière remonte au lendemain de la publication du rapport intermédiaire de la MOE CENCO-ECC.

Pour rappel, la CENCO a dénoncé, à la suite du rapport de la MOE CENCO-ECC, une « catastrophe électorale » au terme d’élections organisées « par défi ».

L’attention de la CENCO portait sur « le suite à donner aux irrégularités et incidents dont l’ampleur et l’étendue font des élections de 2023 une catastrophe électorale ». Des élections qui, pour la CENCO, « ont été caractérisées, en général, par la fraude, la corruption à grande échelle, le vandalisme de matériel électoral, l’incitation à la violence, la détention illégale des DEV, l’achat des consciences, l’intolérance, l’impudicité, l’atteinte aux droits humains, à la vie humaine, et à la dignité des personnes allant jusqu’à humilier publiquement la femme ».

JEK

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