Le Président de la Commission électorale nationale indépendante tient, ce jeudi 28 décembre, une plénière devant examiner le rapport de la commission d’irrégularités qu’il a mise en place en rapport avec les dénonciations faites ou observées lors des scrutins des élections générales. Cette plénière poursuivrait trois objectifs, selon nos sources internes, à savoir : faire un constat formel de ces irrégularités, établir les responsabilités et prendre éventuellement des sanctions. Celles-ci pourraient aller probablement jusqu’à l’annulation du vote dans certains bureaux ou circonscriptions. Ces sanctions pourraient aussi cibler des parties au processus électoral.
Les observateurs avertis ne se font aucune illusion sur le caractère cosmétique d’une telle démarche qui, à tous points de vue, n’a pour objectif que de créer la diversion face à l’ampleur des dénonciations et à la gravité des tricheries. Selon un cadre de la SYMOCEL (Synergie des Missions d’Observation électorale), l’objectif de cette réunion d’évaluation est d’atténuer, voire banaliser l’impact de ces irrégularités, particulièrement pour la présidentielle.
Il s’agit également, poursuit cet analyste, de blanchir le processus électoral et préparer l’opinion à assimiler les résultats provisoires qui doivent être publiés le 31 décembre selon le calendrier électoral.
Dans le cheminement de son analyse, l’analyste de la SYMOCEL se dit que Kadima et ses collaborateurs doivent se poser ou s’être posé ce genre de questions : « Comment condamner seuls des candidats députés de l’Union sacrée surpris en train de voter pour eux-mêmes et pour leur candidat à la présidentielle? »
Ou encore : « Les membres de cette Commission (Ndlr : celle d’analyse des irrégularités) auraient-ils le courage de dénoncer la CENI, la seule à maîtriser le circuit de distribution des machines qui ont été retrouvées aux mains de ces candidats tricheurs et visiblement à l’origine de cette détention des effets électoraux par des tiers?».
Le cadre de la SYMOCEL interpelle les autres parties au processus pour qu’ils comprennent qu’«il est très important qu’ils dénoncent cette nouvelle manœuvre de la CENI, principale responsable du chaos électoral décrié par tous, qui veut s’ériger en juge et partie, en faisant une sorte d’autocritique qu’elle voudrait faire endosser à toutes les parties au processus».
Remember consultations avec les candidats présidentiables
Il faut rappeler qu’au plus fort de la crise sur l’audit du fichier électoral et les autres actes d’opacité de la CENI, Denis Kadima avait organisé une consultation avec les acteurs politiques et de la société civile ainsi qu’avec les candidats à la présidentielle individuellement afin de créer cette transparence et (r)établir le climat nécessaire de confiance. Mais au bout du compte, Kadima avait rejeté toutes les exigences que ses interlocuteurs lui avaient exposées comme préalables à l’établissement de ce climat de confiance.
Cette évaluation des irrégularités va dans la même veine de cette démarche où la CENI se retrouve juge et partie, et donc en difficulté de pouvoir établir ses propres responsabilités, les assumer et s’auto-sanctionner, notamment par l’annulation de ses propres élections. Bref, c’est là le caractère cosmétique de cette démarche.
Pour revenir à l’analyste de la SYMOCEL, il est d’avis, par ailleurs, que la MOE CENCO-ECC, les autres missions d’observations ainsi que toutes les autres composantes au processus électoral ont intérêt à communiquer fortement et avec insistance sur cette situation pour prévenir et faire échec à cette manœuvre de fumigation qui n’a pour but que de vouloir crédibiliser les résultats des votes en dépit de toutes les irrégularités relevées.
Afin, fait-il encore remarquer, l’objectif sous-jacent pour Kadima dans cette réunion serait de « culpabiliser tout le monde afin de partager les responsabilités ». Mais, conclut-il, « Un coupable ne peut pas devenir juge».
JDW