RDC/Campagne électorale 2023 : Avis d’exclusion et d’affrontements sanglants dans l’espace Kasaï

Les signaux sociopolitiques qui émanent de l’espace Kasaï (Kasaï, Kasaï Central et Kasaï Oriental) à l’orée de la campagne électorale pour les élections générales prévues pour décembre 2023 ne présagent rien de bon dans le sens d’une campagne électorale libre, ouverte et apaisée. À mesure qu’on évolue vers cette compétition voulue démocratique et inclusive, en effet, il se manifeste clairement des intentions, de plus en plus accompagnées d’actes concrets, d’exclure les uns de l’espace public et de leur priver de leurs libertés au profit des autres.
Pour ne pas tourner autour du pot, plusieurs faits sont aujourd’hui documentés pour faire craindre une exclusion, aux conséquences dangereuses, de tous les candidats et leurs militants autres que ceux qui soutiennent le candidat Félix Tshisekedi actuellement chef de l’Etat.

Kananga, exclusion politique en phase d’officialisation

Le cas le plus récent n’est autre que celui de Kananga, dans le Kasaï Central, dont le Maire adjoint a publié, le 2 novembre, un communiqué interdisant toute activité politique manifestation de masse à caractère politique, et tout affichage public aux relents d’une campagne électorale avant la période ad hoc prévue dans le calendrier de la CENI.
Officiellement, cette mesure a pour but à faire respecter la loi en empêchant l’organisation prématurée d’activités liées à la campagne électorale, tout en respectant la loi électorale en vigueur pour éviter toute influence précoce et garantir des conditions égales pour tous.
Personne n’est, cependant, dupe de l’intention sous-jacente de cette mesure qui, clairement, vient formaliser toutes les attitudes et déclarations informelles qui se multiplient depuis longtemps à Kananga et ailleurs dans l’espace Kasaï pour exclure de toute activité politique les forces politiques autres que celles qui soutiennent la candidature de Félix Tshisekedi. Le communiqué de la mairie de Kananga est, par exemple, diffusé quelque 72 heures avant l’arrivée , dans cette ville, de Martin Fayulu, candidat à l’élection présidentielle, qui doit tenir un meeting prochain dans le cadre de la redynamisation de son parti politique ECIDE avant les échéances électorales. Ses partisans n’ont tardé pour monter au créneau pour dénoncer le musellement qui se perçoit derrière cette mesure de la mairie.
Dans les réseaux sociaux, il s’observe une nette montée de la tension à travers des messages enflammés et des vidéos mettant en scène des militants fayulistes surexcités et piqués au vif. Elie Mputu, Chef de l’interfédéral de l’ECIDE à Kananga, demande au Maire adjoint d’annuler sa décision, soulignant l’importance de la liberté d’expression et du droit de réunion reconnus à tout citoyen.
Au même moment, les militants se succèdent à travers de brèves vidéos pour dire le détermination à défendre leurs droits envers et contre tous. Ce week-end s’annonce donc explosif à Kananga et rien ne présage ce qui va en découler, surtout lorsque l’autorité publique se fait protagoniste dans cette confrontation qui se met en place.
Cette situation n’est pas nouvelle à Kananga et ailleurs dans l’espace Kasaï. Pas plus tard qu’il y a quelques semaines, lors de ses vacances parlementaires, Delly Sesanga, également candidat à la présidentielle et surtout fils du terroir, a vu son cortège violemment caillassé à Kananga alors qu’il s’y était rendu dans le cadre de ses vacances parlementaires. La dizaine des journalistes qui l’accompagnait n’a pas été épargnée.
Avant et après cet acte d’intolérance politique, dont les têtes de proue sont bien identifiées comme étant proches de la famille politique du Chef de l’État mais n’ont jamais été inquiétées, des discours de haine et d’exclusion se multiplient sans équivoque et sans la moindre réaction de l’autorité.

Mbuji-Mayi exclusif sans équivoque pour Fatshi
Cet état des choses est beaucoup plus perceptible à Mbuji-Mayi et ses environs, dans le Kasaï Oriental d’où est originaire Félix Tshisekedi. C’est, en effet, ici quel, voici quelques mois, un Pasteur avait tenu un meeting religieux au Stade Kashala Bonzola où il avait maudit tout fils du terroir qui se ferait opposant de Tshisekedi.
C’est dans ce même stade que, lors d’un autre office religieux, Félix Tshisekedi lui-même promettra d’être sans pitié contre quiconque mettrait à mal la démocratie.
Dans l’environnement politique bien connue dans cette ville, personne n’était dupe du message qui se profilait derrière ce propos que tout le monde, ici, a pris au degré correspondant.

JDW

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