Après quarante années de blouse blanche à réparer les femmes victimes des agressions étrangères et de la mal gouvernance dans leur pays, la République Démocratique du Congo, Denis Mukwege a décidé de se jeter à l’eau, mettant ainsi fin à la longue rumeur. Ce mardi 3 octobre, le Prix Nobel de la Paix 2018 a déposé sa candidature, prenant ainsi le départ pour la présidentielle de décembre 2023.

La veille, Mukwege avait fait la grande annonce au cours d’une cérémonie à Kinshasa, qui est intervenue quelques jours après la présentation, par les femmes du Kivu, de la cagnotte qu’elles ont constituée pour payer sa caution.
À Kinshasa, Mukwege ne se fait pas d’illusion sur le marigot dans lequel il prend pieds.
« Nous avons décidé de nous engager dans ce processus malgré tout ce qui se dit. C’est parce que nous croyons à la capacité du peuple congolais de pouvoir non seulement à aller voter mais à défendre son vote », a -il annoncé au sortir du dépôt de sa candidature.
Pas d’illusion non plus sur la santé du pays qu’il se propose de soigner : « Sur plusieurs plans, notre pays va très mal. Aujourd’hui, nous sommes devant une crise existentielle. Il est occupé par des forces étrangères plus de 100 groupes armés à l’Est et dans ces conditions où on ne gère plus l’intégrité territoriale, il y a urgence. Nos richesses sont bradées et nous vivons dans une situation de prédation sans précédent, alors que tout le monde déclare que l’avenir de la planète est en République Démocratique du Congo, malheureusement le Congolais vit dans des conditions inhumaines. Hier, c’était l’uranium, aujourd’hui le développement électronique, c’est le coltan congolais et demain, ce sera notre cobalt pour la transition énergétique »
Devant cette situation, Denis Mukwege ne pouvait plus « continuer à rester indifférents et laisser les autres gérer nos ressources en nous privant de tout. Le Congolais a toujours répondu absent par rapport à tout ce développement. C’est urgent aujourd’hui de pouvoir faire la part des choses, mettre tout simplement les Congolais sur orbite pour qu’ils soient les gestionnaires de ces biens ».