IXèmes Jeux de la Francophonie : « Incompétence », le mot en vogue au CIJF à Paris sur les préparatifs à Kinshasa

Jusqu’où va aller la vague d’annulation des participations ? Après e Canada, pays de nationalité d’Isidore Kwanja (Directeur du Comité nationale des Jeux de la Francophonie en RDC) qui a tout simplement tout annulé à part l’envoi d’une délégation diplomatique, la fédération Wallonie-Bruxelles s’est, à son tour, désannoncée des compétitions sportives le week-end dernier à travers le cabinet de son Ministre Président. Le gouvernement wallon évoque des réserves de son Administration générale des sports (AGS) selon lesquelles «les infrastructures sportives ne garantissent pas, en l’état, à nos athlètes les conditions suffisantes à la pratique de leurs sports». Seule une délégation diplomatique et culturelle prendra part aux Jeux de la Francophonie, conclut le cabinet du ministre-Président, Pierre-Yves Jeholet.

La question peut continuer à se poser alors que l’OIF, qui a déjà ouvert les évaluations des préparatifs autour de la Secrétaire générale Louise Mushikiwabo, tarde à rendre son verdict. Dans les couloirs du Comité internationale des Jeux de la Francophonie, cependant, le discours est à l’exaspération face à une organisation qui n’y rassure personne. « Incompétence », tel est le mot qui court les bureaux et jonchent la phraséologie épistolaire entre collègues.

Philippe Mandonnet, expert au CIJF (Comité international des jeux de la Francophonie), démissionne en s’essuyant les crampons sur Isidore Kwandja

À l’instar de ce courriel au vitriol de Philippe Mandonnet adressé à Zeina Mina, Directrice du Comité international des jeux de la Francophonie (CIJF), dont Congo Guardian a pris connaissance.

Mandonnet n’est, en effet, pas n’importe qui dans le dispositif organisationnel des jeux de la Francophonie. Spécialiste en sons et lumières, il est parmi les experts du CIJF qui avaient effectué la première mission d’évaluation des préparatifs à Kinshasa.

Mi-juin dernier, Mandonnet ne cache plus à Zeina Mina son exaspération quant au déficit de professionnalisme qu’il perçoit dans l’ensemble de ce qu’il observe alors que les préparatifs accusent déjà un gros retard. Mandonnet Philippe se plaint vivement, en utilisant abondamment le mot « incompétence » dans sa missive de deux pages datée du 13 juin 2023.

Dans ce message  dont l’auteur signe de son nom et son numéro de téléphone, le correspondant de Mina parle de contrats non honorés, de sites à aménager mais dont les frais ne sont pas débloqués à moins de deux mois des activités sportives et culturelles.

« Incompétence », les cas égrainés par Mandonnet qui saque le duo Kwanja-Kabongo

A l’instar du site de l’échangeur de Limete dont le coût d’occupation s’élèverait à Usd 50.000, selon Mandonnet, mais qui tardent à être débloqués, du moins jusqu’à la date du courrier sous examen.

« Kwandja ne comprend pas de quoi on parle », peut-on lire dans ce courrier où on peut encore découvrir: « Transport, restauration, technique scénique, scénographie, commissaire d’exposition, protocoles d’accords avec les sites où Kwanja n’a pas avancé d’un yota depuis 10 semaines, tant sport que culture, alors que nous sommes déjà en situation d’urgence ».

Et alors ces appréciations sans appel : « Je pense  qu’Isidore ne comprend pas les enjeux de la culture et n’a aucune notion du travail à fournir pour la réussite du projet ». Avant de revenir sur d’autres points d’inquiétude : « les ambulances, accréditations, billetterie, bénévoles : toutes les démarches administratives, sanitaire et logistiques ont actuellement 4 mois de retard »… Alors qu’il ne reste plus que moins de deux mois avant l’ouverture des Jeux.

Et de pester encore : « Cet individu (Ndlr : Kwanja) n’est pas à la hauteur de la tâche à accomplir. Il n’a même aucune idée de ce qu’il doit faire, tout comme son collègue Kabongo ». Puis, tout de suite, ces termes devenus carrément un juron : « Ce sont deux incompétents qui n’écoutent pas les conseils que l’on donne, que ce soit moi ou Christine de Vivendi ».

Ou ce fixing sur le Directeur du CNJF : « Le fait que Kwanja jette son CV (vrai ou faux), à chaque plateau TV, à la figure de tout le monde prouve également que lui-même pense qu’il n’a aucune légitimité à ce poste ». Mais l’expert du CIJF ne s’arrête pas là sur ce rayon et il ajoute : « De plus, quand on regarde les différents diplômes (Ndlr : de Kwanja), notamment management en droit, je pense qu’il devrait dormir car, sur terrain il est incapable de mettre en place la moindre solution pour gérer une équipe. Quant au droit, il n’a rien compris à la rédaction d’un contrat entre deux structures (…) ».

L’expert Mandonnet jette, enfin, l’éponge

Puis cette autre coup de fouet, plus précis : « Un dernier exemple d’incompétence, imaginer aujourd’hui que l’on peut attendre le 28 juin pour déplacer le village à Tata Raphaël… c’est ignorer complètement tout ce que cela représente comme modifications à mettre en place dans l’organisation générale… ». Et ce crampon qui traîne encore : « Seuls les ignorants de haut vol peuvent envisager un tel changement à trois semaines de l’événement ».

Pour toutes ces raisons et tant d’autres, Mandonnet Philippe a décidé de jeter l’éponge. Et non sans fracas : « Il est hors de question que je sois le bouc-émissaire de leur incompétence ». Et plus grave ensuite : « Ils sont bien trop malhonnêtes pour que je prenne le risque de continuer à contribuer à l’échec de l’entreprise »… Ou plus amère encore : « Ces personnages sans aucun sens du bien commun ne cherchent qu’à placer leur garde rapprochée sans tenir compte des compétences dont le projet des jeux a absolument besoin pour réussir ».

Puis ceci : « Mon éthique m’interdit de cautionner ces manœuvres malfaisantes qui n’ont aucun but d’efficacité mais la mise en place d’un management autoritariste et malfaisant ». Avant de tout laisser tomber : « J’ai donné durant quasi 12 semaine et j’arrête de me mettre en danger pour les incompétents que sont Kwanja et Kabongo ».

Zeina Mina avait prévenu qu’il n’y aurait plus de report possible

Congo Guardian n’a pas été en mesure d’avoir la suite de la Directrice du CIJF à cette missive. On se souvient, cependant, que début décembre 2022, Zeina Mina avait déclaré qu’il n’y aurait plus de report possible pour ces IXèmes jeux de la Francophonie. « Nous avons espoir que tout soit prêt 3 mois avant les jeux », déclarait-elle dans une interview au journal malgache « Midi Madakasikara » avant d’ajouter, quelque peu rassuré mais sur un ton ferme : « Le Canada s’est désisté pour les 9es Jeux, avec ses infrastructures, les jeux ont été attribués à la RDC. La pandémie a causé beaucoup de retard et nous avons préféré encore une fois plus reporter. Il n’y a plus de report possible. Il y a la volonté d’organiser les jeux tant pour le CNJF que le CIJF. Il y a un engagement du président de la République congolaise et du gouvernement pour organiser et mener à bien ces jeux. Pour ce faire, ils ont mis les moyens »

Aujourd’hui, à désormais moins d’un mois des Jeux, on semble être loin du but. Et le marathon des hautes autorités sur terrain pour suivre les travaux d’infrastructure en dit long.

JDW

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