Marche du 13 mai : L’opposition maintient le pied sur la rue, malgré le dilatoire de Ngobila

L’opposition congolaise maintient son programme d’une marche pour ce samedi 13 mai 2023 à Kinshasa malgré l’annonce de son renvoi au 18 mai, hier jeudi par le Gouvernement provincial.

Hier au cours d’une réunion de concertation à l’Hôtel de ville, l’autorité provinciale et les organisateurs (Ensemble pour la République, Ecidé, Envol et LGD) n’ont pas dégagé un terrain d’entente sur la demande de report de cette marche pour des raisons sécuritaires et d’ordre public alléguées par le Gouverneur Gentiny Ngobila.

Un participant à cette réunion a fait savoir à Congo Guardian que Ngobila a été incapable de démontrer, devant ses interlocuteurs, les risques sécuritaires et d’ordre public que cette marche pourrait faire courir à la ville. « Nous lui avons demandé, conformément à la loi sur les manifestations publiques, de nous exposer les faits pouvant étayer ses craintes, mais il n’a pas été en mesure de nous les soumettre ; son ministre de l’Intérieur non plus », nous rapporte notre interlocuteur pour qui « il s’agit d’une manœuvre dilatoire du pouvoir en place pour faire échouer cette manifestation, parce qu’il redoute l’ampleur de la protestation de la population contre la gouvernance qui l’assomme ».

Malgré le constat de non conciliation, le Ministre provincial de l’Intérieur s’est, quand même, pressé d’aller annoncer à la presse que la réunion a conventuellement décidé de renvoyer la marche au 18 mai « pour des raisons sécuritaires et d’ordre public évidentes ».

Et la position de l’opposition ne s’est pas fait attendre : « La RDC n’est pas sous le régime d’autorisation en ce qui concerne les manifestations publiques ; nous sommes dans un régime d’information », a déclaré Devos Kitoko, Secrétaire Général de l’Ecidé au nom du collectif des organisateurs. « Après discussion, je confirme que le samedi 13 mai 2023, nous allons marcher », a-t-il ajouté avant de prévenir : « Quiconque va s’opposer à la volonté de notre peuple de manifester contre la vie chère, l’insécurité et le processus électoral chaotique va supporter les conséquences de ses actes ».

Hier, en prévision de la marche de ce samedi, Ensemble pour la République, parti cher à Moïse Katumbi, a fait une répétition-démonstration de force avec des caravanes motorisées qui ont sillonnés les artères de la capitale. Les allées de la ville ont été inondées de panneaux géants d’annonce, tandis que les réseaux sociaux sont investis de messages de mobilisation dont celui du Chairman en personne qui s’exprime en lingala.

Ce que dit la loi sur les manifs’ publiques et qui lie Ngobila

Le Décret-loi n° 196 du 29 janvier 1999 portant réglementation des manifestations et des réunions publiques stipule, en son article 7, que « les autorités compétentes saisies de la déclaration préalable ont l’obligation de veiller au déroulement pacifique des manifestations ou réunions publiques organisées dans leur ressort territorial ainsi qu’au respect de l’ordre public et des bonnes mœurs SANS TENTER DE LES ENTRAVER. Toutefois, elles peuvent, de commun accord avec les organisateurs ou leurs mandataires, différer la date ou modifier l’itinéraire ou le lieu des manifestations ou réunions publiques envisagées ».

Dans le cas d’espèce, il est manifeste qu’aucun accord n’a été dégagé de la réunion de jeudi à l’Hôtel de ville. Sinon les deux parties auraient fait une déclaration conjointe et non des déclarations séparées.

L’autorité urbaine est obligée, dans ce genre de cas, à se soumettre à l’autorité de la loi qui penche vers les manifestants. Il ne lui reste plus qu’à prendre des dispositions pour encadrer cette manifestation en veillant à l’observance de l’article 8 du même décret susvisé : « Les forces de l’ordre n’interviennent pour disperser les manifestants qu’en cas de débordements ou de troubles graves ».

JEK

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