Le pays présidera le Conseil de sécurité de l’ONU pendant un mois, comme le veut le règlement. Une présidence critiquée par l’Ukraine et les Etats-Unis.
La dernière fois qu’elle a présidé le Conseil de sécurité de l’ONU, c’était en février 2022, au moment où elle annonçait le début de son invasion en Ukraine. 14 mois plus tard, la Russie va de nouveau présider l’organe exécutif des Nations unies pendant un mois, comme le veut le règlement.
Le Conseil de sécurité de l’ONU est l’un des six organes de l’organisation et le seul habilité à prendre des décisions qui obligent les États membres. Sa responsabilité principale est celle « du maintien de la paix et de la sécurité internationales », au nom de laquelle il peut prendre des décisions et des sanctions.
Sa présidence est assurée par chacun de ses membres, permanents et non-permanents, à tour de rôle pendant un mois. C’est pourquoi selon l’ordre alphabétique anglais qui s’applique, la Russie prend la tête du Conseil à partir de ce samedi, succédant ainsi au Mozambique et précédant la Suisse.
« Une mauvaise blague » pour l’Ukraine
L’Ukraine n’a cependant pas caché son mécontentement. « La présidence russe du Conseil de sécurité de l’ONU le 1er avril est une mauvaise blague. La Russie a usurpé son siège; elle mène une guerre coloniale; son président est un criminel de guerre recherché par la CPI pour enlèvement d’enfants », a fustigé sur Twitter le chef de la diplomatie ukrainienne, Dmytro Kouleba. « À partir du 1er avril, ils portent le niveau d’absurdité à un nouveau niveau », a abondé Sergiy Kyslytsya, le représentant permanent ukrainien à l’ONU, cité par The Guardian.
« Le Conseil de sécurité tel qu’il est conçu est immobilisé et incapable d’aborder les questions de sa responsabilité première, c’est-à-dire la prévention des conflits et ensuite la gestion des conflits », a-t-il estimé. Le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmytro Kouleba, a de son côté fustigé samedi « une gifle au visage de la communauté internationale » et appelé « les membres actuels » de l’organe exécutif de l’ONU « à contrecarrer toute tentative russe d’abuser de sa présidence ».
L’Ukraine n’est pas membre du Conseil de sécurité mais elle est régulièrement appelée à s’y exprimer sur les questions liées à la guerre menée par la Russie. L’ambassadeur du pays à l’ONU a indiqué que l’Ukraine resterait à l’écart de l’organe de sécurité ce mois-ci, sauf en cas de « question d’intérêt critique pour la sécurité nationale ».
Une nouvelle campagne de désinformation?
L’ambassadrice américaine à l’ONU a également estimé que la Russie « ne devrait pas être » membre permanent du Conseil de sécurité « en raison de ce qu’elle fait en Ukraine », déplorant que la charte ne permette pas de modifier son statut. Linda Thomas-Greenfield attend ainsi de la Russie qu’elle se comporte « de manière professionnelle » à la présidence, tout en émettant des doutes.
« Nous nous attendons également à ce qu’ils cherchent également des occasions pour faire progresser leur campagne de désinformation contre l’Ukraine, les États-Unis et tous nos alliés », a déclaré l’ambassadrice de Washington. « À chaque occasion, nous ferons part de nos préoccupations concernant les agissements de la Russie ».
Trois sessions prévues par la Russie
De son côté, le Kremlin a indiqué vendredi que la Russie prévoyait d’exercer tous ses droits au sein du Conseil de sécurité. La majeure partie de l’ordre du jour en avril est consacrée à des séances d’information et des rapports sur les missions de maintien de la paix de l’ONU dans le monde, selon des diplomates interrogés par The Guardian. La Russie a pour le moment prévu l’organisation de trois sessions. La première aura lieu le 10 avril et portera sur les « risques découlant des violations des accords réglementant l’exportation d’armes et d’équipements militaires ». Elle devrait y aborder les livraisons d’armes de plusieurs pays à l’Ukraine.
Emilie Roussey, avec AFP (tiré de BFMTV/le titre est de la rédaction)