La mention « construction non réalisée » sur les infrastructures sportives financées par le programme sino-congolais est battue en brèche par la rigueur de la réalité de terrain qui montre que ces stades existent bel et bien à Nyantende (Sud-Kivu), Mugunga (Nord-Kivu), Kalemie (Tanganyika) et Bunia en Ituri. Même les Usd 3 millions alléguées comme ayant été le coût réel du stade du Sud-Kivu ont plutôt été une rallonge (sur les 4.154.086,98 Usd sollicités), sur le coût initial de Usd 10.000.000, pour parachever les travaux.
Comme quoi, la vérité est toujours têtue…
Quatre provinces avaient été retenues dans le cadre du budget 2015 du programme sino-congolais pour la construction des stades afin d’y promouvoir l’encadrement des jeunes et la pratique du sport. Il s’agit du Nord Kivu, du Sud Kivu, du Tanganyika et de l’Ituri. Le programme sino-congolais avait prévu un budget uniforme de Usd 10.000.000 pour chaque stade dont les travaux avaient débuté aussitôt, sinon avec des décalages de quelques mois, avec l’objectif d’achèvement des travaux à l’horizon 2019.
Mais ce délai n’avait pas pu être retenu en raison de plusieurs impondérables dont l’insécurité, le début tardif des activités de la Sicomines qui doivent assurer le remboursement des financements, les intempéries, les besoins de rallonges financiers pour parachever certains stades, les tensions politiques autour des élections, le Covid-19 ou encore la suspension, entre 2019 et 2020, de l’exécution du « contrat chinois » par le nouveau pouvoir.
Qu’à cela ne tienne, tous les projets ont été menés à bien et à ce jour, à part le stade de Nyatende à Kabare (Sud-Kivu) qui est presque fin travaux, tous les autres ont été achevés, remis provisoirement ou définitivement aux autorités locales et sont même en exploitation.
Curieusement, cependant, dans ses conclusions sur le contrôle de la mise en œuvre des « contrats chinois », l’Inspection générale des finances, qui attribue à la RDC seulement Usd 800 millions de gains en infrastructures sur 14 années de mise en œuvre de ce contrat, affirme que ces stades sont inexistants, à part celui de Bukavu (Kabare en réalité) dont les travaux, selon l’IGF, n’auraient coûté que Usd 3 millions. Surprenante affirmation pour des réalisations qui ne se cachent pourtant pas dans une poche et que les populations bénéficiaires voient et exploitent chaque jour pour celles qui sont déjà disponibles.
Pour faire toute la lumière sur les données de l’IGF qui entretient une vive polémique jusqu’à ébranler la sérénité de la coopération sino-congolaise, nous avons effectué des vérifications pour retracer ces infrastructures dont les autorités des provinces bénéficiaires ne disent pourtant que du bien. Ci-dessous, Congo Guardian propose une présentation descriptive de ces infrastructures sportives.
Stade de Nyantende (Sud-Kivu) : Une réalité au bout de graves difficultés sécuritaires
Coûts du projet : 10.000.0000 Usd qui a nécessité un budget additionnel de 4.154.086,98 Usd en vue de prendre en charge les travaux de terrassement dus à l’état du terrain, ainsi que les expropriations. Le financement additionnel ne se situerait qu’autour de Usd 3 millions que l’IGF a malencontreusement présentés comme le coût réel de tous les travaux. Les travaux furent démarrés le 27 novembre 2017 pour une fin prévisionnelle en Novembre 2019. C’est un ouvrage de 15.000 places assises dont les travaux ont été confiées à la Sinohydro 14 avec comme maître d’ouvrage le Ministère des infrastructures et Travaux Publique et l’ACGT comme Maître d’ouvrage délégué et Maître d’œuvre.
En date du 21 février 2023, l’Agence Congolaise des Grands Travaux, Antenne de Bukavu, a annoncé la reprise des travaux de construction de ce stade de football, situé à de Nyatende en territoire de Kabare (13 km de Bukavu dans le Sud-Kivu), au mois d’avril prochain. Ces travaux avaient été suspendus en 2021 et plusieurs autres fois par la suite pour diverses raisons liés, entre autres, au financement, aux pluies incessantes et surtout à la sécurité.
A plusieurs reprises, en effet, les travaux ont dû être suspendus et le personnel retirés du chantier pour fuir les exactions des milices. Trois agents de l’ACGT ont déjà été enlevés sur ce site. Et aujourd’hui encore, au moment de l’annonce de la reprise des travaux pour ce mois d’avril 2023, l’opérateur chinois a décidé de retirer son personnel du terrain en raison de la recrudescence des activités des milices locales.
Ce stade est, en effet, situé à 13 km au Sud de la ville de Bukavu sur la RN5, axe Bukavu – Kamanyola – Uvira.
Quant à son coût, en définitive, ce stade devrait avoir coûté plus ou moins 13.654.086,98 Usd.
Stade de Bunia : Usd 3 millions de rallonge financière et non du coût de tous les travaux
Réceptionné provisoirement le samedi 02 avril 2022, le stade de la ville de Bunia, en Ituri, doit être complètement achevé incessamment. La coordination de suivi du programme Sino-congolais vient, en effet, de mettre à la disposition de ce projet, qu’il finance depuis cinq années, un montant de Usd 3.000.000 sur l’enveloppe voté en 2022.
Ces moyens disponibilisés vont ainsi permettre d’attaquer les travaux d’aménagement de la voie d’accès, de construction des parkings et de la clôture, ceux de la mise en œuvre de la peinture et des installations électriques, ainsi que la pose des sièges sur les gradins.
En avril 2022, lors de son bref séjour à Bunia, le Premier-ministre Jean Michel Sama Lukonde s’était fait visiter les installations de ce stade par le Gouverneur militaire Johnny Luboya Nkashama. Construit par la Sinohydro 2 sur un financement du programme Sino-Congolais, ce stade est déjà opérationnel après sa réception provisoire par le Gouvernement de la République. Les travaux additionnels visent à le rendre complet.
Au terme de sa visite, en effet, le Premier Ministre avait promis d’obtenir à le financement complémentaire au 10.000.000 de dollars de base afin de finaliser le projet de ce stade, chose désormais faite par le programme sino-congolais.
Pour rappel, ce stade est d’une capacité de 10.000 places. Il a été remis symboliquement au Gouverneur militaire le 04 avril 2022, en présence d’un délégué du Ministère des Infrastructures et Travaux Publics venu de Kinshasa.
Stade de Kalemie, un bijou qui force l’admiration
D’un coût final de Usd 16.128.606,22, le stade de Kalemie, province du Tanganyika, devait connaître le début des travaux le 24 juin 2016. Mais ceux-ci avaient débuté le 10 août de la même année et devaient s’achever en Novembre 2018. Aujourd’hui, ce stade est complètement achevé et accueille déjà des matches.
D’une capacité de 15.000 places assises, le nouveau stade de Kalemie comprend : 1 parking public de 323 places ; 4 réservoirs d’eau, dont 3 de 6m3 et 1 de 20m3 ; 1 puits de forage de 60m de profondeur ; 1 voie d’accès en béton autour du stade ; 37 poteaux d’éclairage à photovoltaïque autour du stade; 1 groupe électrogène de 150 KVA ; 1 pelouse synthétique ; 2 vestiaires comprenant chacun un bureau pour entraineur, une salle de repos pour joueurs équipée de deux tables de massage, des sanitaires contenant deux toilettes à cuve avec lave-mains chacune, des urinoirs et quatre douches.
Les travaux ont été exécutés sur une superficie de 14 633,44 m² par la Société d’Infrastructures Sino Congolaise (SISC) sur financement de la Sino Congolaise des Mines (SICOMINES S.A), sous le pilotage de l’Agence Congolaise des Grands Travaux dans le cadre du programme sino-congolais.
Stade de Mugunga à Goma, un véritable défi technique et technologique
Construit à partir de 2017 au quartier Lac Vert à Mugunga , à une quinzaine de kilomètre de la ville de Goma depuis 2017, le nouveau stade de la ville de Goma, d’une capacité de 10.000 places, est également opérationnel après l’étape de la pose de la pelouse synthétique. Le vice-gouverneur policier du Nord-Kivu a récemment visité ses installations pour dire toute sa satisfaction pour ce bijou. La pré-réception officielle de la première phase des travaux a eu lieu le 16 mars 2023.
Cependant, ce projet a traversé d’énormes défis avant d’arriver à terme. Déjà, alors que le contrat était signé en 2015, les travaux proprement dits n’avaient démarré qu’en 2017. Les premiers soucis furent d’ordre financier étant donné que la Sicomines, qui doit assurer le remboursement des financements de tous les stades, avait tardé à démarrer ses activités.
Vers 2020, la pandémie du COVID 19 va imposer un coup d’arrêt pour plusieurs mois.
D’autres difficultés ont apparu lors du choix du site qui devait accueillir ce projet, dans un contexte marqué par deux impératifs. D’abord le fait que la zone de Goma est accidentée. En second lieu, le nouveau stade devait être construit en dehors de la ville pour garantir l’expansion de cette dernière en direction du stade.
Le site est ainsi trouvé au quartier Lac Vert à Mugunga dans un cratère de volcan inactif.
Cependant, toutes les garanties de l’inactivité de ce volcan devaient être données au vu de l’utilité du Projet. L’observatoire volcanologique de Goma, en collaboration avec la coopération japonaise qui a une branche fortement spécialisée dans les questions sismiques, s’y est attelé avec succès.
Après cette étape, il a fallu créer une zone plane dans ce cratère. Par endroit, en effet, le remblai de béton et autres matériaux d’apport a dépassé les deux mètres d’épaisseur pour parvenir à la création d’une surface plane pouvant accueillir le projet.
Un autre défi, et pas des moindre, a été l’installation du système d’évacuation des eaux du stade. Après, ce fut la construction de la structure du bâtiment, et les travaux d’alignement du niveau de l’air de jeu.
Un cloisonnement de l’intérieur de la structure a permis de ressortir les pièces utiles dont les vestiaires, les bureaux administratifs, les sanitaires, etc.
Fin 2021, c’est l’étape de la pose de la pelouse synthétique, une réalisation faite par une équipe d’experts arrivée de Turquie, assistés d’une forte équipe de l’Agence Congolaise des Grands Travaux, dont la mission de contrôle basée dans le Grand-Nord.
Lancé en 2017 avec un budget de Usf 10 millions, ce projet a nécessité un financement additionnel pour boucler la deuxième phase qui concernait notamment l’aménagement de la voie d’accès au stade, l’aménagement des aires de stationnement, la connexion du stade à une ligne d’approvisionnement en courant électrique, et les travaux de calepinage, notamment dans les zones des sanitaires.
Jonas Eugène Kota
