Face à l’escalade dans les rapports entre congolais et chinois au sujet des investissements de ces derniers en RDC, le Vice-ministre chinois des affaires étrangères séjourne à Kinshasa pour une mission de clarification. Il prévient que la compromission de la coopération entre la RDC et la Chine entrainerait des pertes mutuelles, insistant surtout sur ce dont la RDC a déjà été bénéficiaire.
De l’eau dans le gaz. Ainsi se qualifie actuellement les relations entre Kinshasa et Pékin au regard des derniers développements d’actualité sur les investissements chinois en RDC. Les contrôles déclenchés par l’IGF sur ces différents investissements – notamment à la Sicomines, sur TFM ainsi que dans le dispositif des péages routiers tenu principalement par les chinois, etc. ; ont, en effet, provoqué une levée de boucliers entre les chinois et les congolais.
Dans une lettre datée du 5 mars et adressée au Président congolais, Félix Tshisekedi, l’Union des sociétés minières aux capitaux chinois (USMCC) – qui revendique 42 membres dont 25 sociétés minières et 17 sociétés de services miniers – a exprimé la plainte de ses sociétaires qui se disent pourchassés par différents services publics congolais, évoquant particulièrement les cas Tenke Fungurume Mining et Sicomines, et criant à la détérioration du climat des affaires. La lettre accuse aussi les autorités fiscales et le Parlement de leur imposer des amendes astronomiques, parfois sans raison ni preuve d’infraction, selon eux.
Dans les milieux des chinois, l’on soupçonne également un certain complot des occidentaux – conduit par les américains – visant à les faire désengager de la RDC, surtout des mines congolaises, à leur profit. Des accusations claires ont, en effet, été portées dans ce sens contre l’IGF mais n’ont pas été démentis formellement.
En réaction, la partie congolaise se défend de tout « sentiment antichinois ». Tête de proue de cette défense, l’IGF Jules Alingete soutient que «le climat des affaires ne doit pas se confondre à la prédation. Le climat des affaires n’existe que pour les investisseurs sérieux et respectueux des Lois du pays».
Les deux camps ont donc atteint des points si diamétralement opposés qu’il fallait une désescalade. C’est ce qui justifie la présence à Kinshasa, depuis quelques jours, du Vice-ministre chinois des Affaires étrangères chargé des questions africaines. A la tête d’une importante délégation, Deng Li s’est entretenu jeudi 17 mars 2023 avec Christophe Lutundula, VPM congolais en charge des affaires étrangères qui était également entouré d’une forte équipe d’experts.
Au-delà des assurances sur la cordialités des relations entre Kinshasa et Pékin, l’émissaire chinois a déclaré clairement de la nécessité de négocier une nouvelle feuille de route de la diplomatie entre la RDC et la Chine.
Les axes de négociation entre la RDC et la Chine
« Cette fois-ci, je suis en RDC, notamment pour promouvoir davantage le développement de nos relations bilatérales et bien faire les préparatifs des échéances à venir », a-t-il dit selon une dépêche de l’ACP. Deng Li a ajouté que « dès maintenant, nous aimerions parler avec la partie congolaise pour planifier le développement des relations bilatérales en commençant par la promotion des échanges à tous les niveaux entre nos deux pays ». C’est à ce niveau que les deux parties ont évoqué les questions qui fâchent actuellement, mais les détails à ce sujet n’ont pas fuité car les discussions doivent encore se poursuivre dans un cadre plus large impliquant aussi bien la Primature que la Présidence de la République, ainsi que les délégués des investisseurs chinois et les responsables des services compétents de la RDC, notamment l’IGF.
« Je suis venu également pour promouvoir la coopération entre les deux parties dans le domaine de la sécurité, et surtout en ce qui concerne le partage des informations, la mise en place des mécanismes d’alerte, des mesures préventives et de protection, le renforcement des mécanismes de coopération et la punition des criminels », a poursuivi le « monsieur Afrique de la Chine.
La menace voilée de Pékin
Deng Li a, enfin, émis le vœu de voir Kinshasa et Beijing signer un mémorandum d’entente. « Je pense qu’il est également utile pour les deux parties de signer un mémorandum d’entente là-dessus », a-t-il souligné, rappelant qu’à l’heure actuelle, la Chine est déjà devenue le premier partenaire de la RDC en termes d’investissement et d’échanges commerciaux, et qu’une quelconque suspension de cette collaboration entrainerait des pertes énormes de part et d’autre.
« La coopération minière entre nos deux pays a joué un rôle important dans le développement économique de la RDC et l’amélioration du bien-être des Congolais. Les entreprises minières chinoises, avec leurs impôts, ont contribué à hauteur d’un tiers des recettes fiscales de la RDC. Elles ont créé 100 milles emplois en RDC, et en même temps, les progrès ont été enregistrés dans le domaine des infrastructures », a rappelé Deng Li avant de prévenir : « Je pense que suspendre la coopération entre la RDC et la Chine sera une mesure perdant-perdant ».
Pour sa part, le vice-Premier ministre, ministre des Affaires étrangères de la RDC a proposé la mise sur pied d’une Commission mixte RDC-Chine devant travailler sur la mise en place de ladite feuille de route aux fins de suivre quelques projets de développement menés en collaboration entre les deux pays.
JEK
(L’image est d’une rencontre entre les délégations congolaise et chinoise
en marge du sommet Afrique Chine de janvier 2021 à Dakar)