Kadima Vs Nangaa : Didi Manara entraîne la CENI dans les combats politiques de l’Union sacrée

Député national et ancien Vice-président du comité de crise du FCC, Didi Manara a dangereusement compromis l’image et la neutralité de la centrale électorale en offrant ses services du haut de la tribune de la CENI à ses nouveaux parrains de l’Union sacrée pour punir Corneille Nangaa de ses « révélations » sur les « accords électoraux de 2018 ». Une sortie strictement politique dont la CENI, structure technique, et son Président, Denis Kadima, n’avaient nullement besoin en ce moment où la centrale électorale est accusée de jouer le jeu d’une famille politique bien identifiée.

Le deuxième Vice-président de la CENI a effectué, mardi 14 mars, une sortie médiatique qui a présenté la centrale électorale sous une posture encore jamais connue d’une institution d’appui à la démocratie qu’elle est. Dans une démarche dont la conflictualité n’a souffert d’aucun équivoque, Didi Manara s’est présenté devant la presse en expédition punitive contre Corneille Nangaa.

Le Président honoraire de la CENI, qui est passé dans la politique active, a, dans ses récentes déclarations, critiqué le travail qu’abat actuellement la centrale électorale, allant jusqu’à douter de la compétence et du professionnalisme de ceux qui en sont les auteurs, à commencer, bien entendu, par son Président, Denis Kadima. C’est à tout cela que Didi Manara a voulu réserver, non pas seulement un démenti ou une rétorsion, mais une réplique foudroyante et, à tous points de vue, excessive. Du profil individuel de Corneille Nangaa à ses compétences techniques en passant par son bilan à la tête de la CENI – aussi bien comme technicien que comme manager – le deuxième VP n’a oublié que la vie privée de celui-ci.

Un discours conflictuel sans opportunité ni valeur cathartique sous prétexte d’une confrotnation entre Corneille Nangaa et Denis Kadima

Et dans certains salons de réflexion de la capitale, on ne cesse de s’interroger sur l’opportunité et la valeur cathartique d’une sortie aussi hostile et violente pour une centrale électorale. Didi Manara, estime-t-on, a présenté la CENI sous une posture de protagoniste (au sens conflictuel du terme) plutôt que celle de partenaire qui, au quotidien interagit avec d’autres partenaires tels que les forces politiques et sociales, le gouvernement, les confessions religieuses ou encore les gouvernements étrangers et les institutions internationales. Dans cet exercice, le deuxième VP de la CENI a fomenté un faux antagonisme entre un technicien des élections, Denis Kadima, et un désormais politicien, Corneille Nangaa, pour régler à ce dernier ses comptes à cause de ses déclarations sur les « accords électoraux de 2018 ».

Initiative personnelle ou prise de position officielle de la CENI, la question continue de se poser sur cette sortie de Manara qui contraste nettement avec ce qu’a toujours été la communication de cette institution, même sous Denis Kadima, surtout face à toutes les formes d’adversité auxquelles elle a toujours fait face, particulièrement de la part de ses partenaires politiciens, de la société civile et même des confessions religieuses, particulièrement les protestants et les catholiques.

Même Denis Kadima, qui fait l’objet d’une contestation aussi bien de sa légitimité que de ses compétences, ne s’est jamais risqué sur cette pente glissante du discours conflictuel pour se mettre en confrontation contre ceux qu’il a toujours appelé ses partenaires. Didier Manara a certainement perdu de vue qu’en s’en prenant à Corneille Nangaa il attaquait un politicien, car celui-ci a déjà franchi la ligne en créant un parti politique et en se déclarant candidat à la présidentielle.

Quand Didi Manara sert ses parrains politiques pour régler ses comptes à Nangaa sur la tribune de la CENI

On comprend, en effet, que les commanditaires de Didi Manara ont voulu régler leurs comptes à Corneille Nangaa pour ses « révélations » sur la façon les élections de 2018 se sont dénouées. Ce sujet a, d’ailleurs, fait l’objet d’une vive polémique pendant le séjour du Président français à Kinshasa. Une polémique qui était basée sur des propos Jean-Yves Ledrian au sujet du « compromis à l’africaine ». C’est dans les encablures de cette polémique que Corneille Nangaa avait parlé d’accords signés dans le dénouement des mêmes élections.

Et cette sortie conflictuelle de Didi Manara est renvoyée directement à ces moments médiatiques, avec le profond regret des observateurs de voir que Manara s’est servi de la tribune d’une centrale électorale pour régler des comptes politiques.

Pour avoir perdu de vu ce détail de taille, Didi Manara a donc, selon certains observateurs, dévoilé les auteurs et les commanditaires de sa sortie médiatique dont, en aucun point de vue, la CENI n’avait besoin. Celle-ci s’est toujours parfaitement tirée d’affaire par des mises au point sur les aspects techniques sans franchir la ligne des provocations politiciennes. Des mises au point auxquelles la CENI s’emploie toujours dans la sérénité et le respect des partenaires, quels que soient leurs discours extrémistes.

Denis Kadima gravement desservi par l’opportunisme politique de Manara

D’autre part, par cette sortie pour le moins hasardeuse, Didi Manara se tire une balle dans son propre pied, lui dont personne n’a encore oublié le fulgurant parcours qui l’a conduit au bureau de la CENI. En effet, alors député national élu…., Didi Manara était Vice-Président de la cellule de crise du FCC et, de ce fait, porte-parole du groupe parlementaire de cette plateforme kabiliste durant les temps forts de la formation du bureau de la CENI au sein de l’Assemblée nationale. Il était de ceux qui critiquaient vivement les choses telles qu’elles évoluaient, discours encore de mise dans le chef des autres acteurs politiques de l’opposition et de certains activistes de la société civile. Sous son statut de député et haut cadre du FCC, le même Manara, élu issu des élections organisées par Corneille Nangaa qu’il vilipende aujourd’hui, avait aussi prêté sa voix pour, d’une part, défendre la candidature de Ronsard Malonda et, de l’autre, contester la légitimité et les compétences du même Denis Kadima qu’il prétend défendre aujourd’hui alors qu’il lui rend le plus mauvais service qu’il pouvait espérer, surtout lorsqu’il vient du même bureau qu’il dirige.

En un mot comme en mille, Didi Manara s’est trompé de casquette et de sabots en déboulant comme politicien dans un débat que l’on croyait strictement technique. Manara y est allé d’une telle violence qu’il a mis en difficulté ses commanditaires ainsi dévoilés tout en désacralisant la CENI qu’il aura dangereusement instrumentalisée à des fins bassement politiques.

Jonas Eugène Kota

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