Le Président français, Emmanuel Macron, est attendu à Kinshasa très tôt dans la nuit de vendredi, en provenance de Luanda où il a trouvé une délégation du M23 en pourparlers avec la facilitation angolaise. Ce passage du chef de l’Etat français intervient après la relance, au terme du dernier sommet l’Union africaine, de l’accord-cadre d’Addis-Abeba dont les premiers résultats, selon la feuille de route du Conseil de paix et sécurité, sont attendus dans les cinq semaines à ce stade.
Et la France est l’un des pays occidentaux formellement impliqués dans la mise en œuvre de cet accord. Le point 8 de cet accord stipule, en effet, que le mécanisme 11+4 (les 11 pays signataires ainsi que l’UA, l’ONU, la CIRGL et la SADC) « est en soutien aux efforts régionaux en cours et sera, par conséquent, soutenu par et étroitement lié à l’UA, l’ONU, la CIRGL et la SADC, ainsi que d’autres partenaires internationaux, y compris l’Union Européenne, la Belgique, les Etats-Unis d’Amérique, la France et le Royaume Uni », dans la mise en œuvre de la feuille de route qui est jointe à cet accord-cadre.
Le passage de Macron à Luanda vers Kinshasa présage, selon les observateurs, de la prise en charge ou l’assomption, par la France de ses responsabilités par une implication effective dans la recherche de la paix en RDC comme l’attendent les Congolais, y compris les officiels. Une paix gravement perturbée depuis bientôt deux ans par l’activisme du M23 soutenu notoirement par le Rwanda.
Joao Lourenço de pleins pieds dans l’accord d’Addis Abeba avec le M23
La relance de l’Accord d’Addis Abeba, qui engage Paris, intervient donc au terme d’un constat de l’échec de l’initiative prise par la même Union africaine dans le cadre des processus de Luanda et de Nairobi à travers l’EAC. Et le round de pourparlers directs entre la facilitation de l’UA et le M23 est le premier du genre depuis la feuille de route de Luanda, de novembre 2023, qui n’a jamais connu un début d’exécution. La délégation de la rébellion pro-rwandaise est composée de Bertrand Bisimwa, Lawrence Kanyuka et un proche de Sultani Makenga prénommé Castro.
Il fait suite au communiqué final de la réunion de haut niveau organisée récemment à Addis-Abeba par le Conseil de paix et sécurité de l’Union africaine en marge du sommet des chefs d’Etat et de Gouvernement.
Le communiqué final appelait, en effet, à de nouveaux rounds de pourparlers pour parvenir effectivement à un cessez-le-feu et à l’application de la feuille de route de Luanda qui prévoit également le retrait du M23 pour regagner ses positions d’avant sa résurgence en 2021. Dans une interview sur RFI, le président angolais a, en effet, fait savoir qu’il « cherche à obtenir un nouveau cessez-le-feu » après les échecs des précédents. « Et passer, ensuite, à la démobilisation des forces du M23 et, par conséquent, à la réinsertion des composantes du M23 dans la société congolaise ».
Joao Lourenço a rappelé que « le sommet d’Addis-Abeba a mandaté l’Angola pour entamer des contacts directs avec le M23. Et ce, dans le but, de parvenir à un accord sur ces deux sujets : le cessez-le-feu et le cantonnement de leurs effectifs ». Et de faire savoir aussi que « ces contacts ont déjà été pris par les autorités angolaises auprès des leaderships du M23 » pour ajouter que « sans résultats à ce stade, ils ont commencé depuis hier [le 28 février] ».
Toujours conformément au sommet d’Addis-Abeba, le cessez-le-feu escompté de Luanda doit être suivi immédiatement par « le déploiement automatique d’une force régionale, de la région d’Afrique de l’Est, composée par 5 pays dont seul l’un d’entre eux, le Kenya, notamment, a déjà ses troupes sur place. Il faut travailler pour faire en sorte que les autres pays : la Tanzanie, le Burundi, le Soudan du Sud, l’Ouganda fassent de même ». Pour leur, les Congolais se demandent ce que font les troupes kényanes à Kisangani, loin du théâtre des opérations, depuis leur arrivée en territoire congolais.
A noter que depuis la feuille de route de Luanda de novembre 2022, le Gouvernement de Kinshasa refuse de dialoguer avec le M23 tant qu’il n’aura pas cessé le feu et retiré ses troupes des zones qu’il occupe.
JEK