Présidentielle 2023 : Delly Sesanga confirme sa candidature

Sollicité par un collectif de congolais qui lui ont lancé un appel à travers une déclaration hier lundi 23 janvier 2023, Delly Sesanga Hipungu vient de confirmer sa candidature pour l’élection présidentielle de décembre 2023. Il vient de le faire dans une interview parue ce mardi dans Jeune Afrique. Et au moment où nous mettons cet article en ligne, il séjourne à Lisala où il va faire l’annonce officielle et publique de sa candidature.

Sesanga confirme, en fait, son ambition qu’il avait déjà exprimée depuis plusieurs mois après son départ de l’Union Sacrée en novembre 2021.

Le contexte d’alors est marqué par une vive polémique sur la constitution du bureau de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni).

Delly Sesanga s’associe alors avec d’autres leaders politiques et de la société civile réunis au sein de la plateforme informelle G13, créée depuis 2020 pour réclamer des réformes électorales qui, au bout du compte, n’auront pas lieu, selon lui.

L’élu de Luiza est alors très amer, lui qui a tant donné pour parvenir à ces réformes pour lesquelles il avait même produit une proposition de loi portant modification de la loi électorale ainsi que de celle portant organisation et fonctionnement de la CENI. Battu de vitesse par Lutundula qui dépose son projet avant le sien, Sesanga assiste, médusé, à la suppression, une à une, d toutes les innovations contenues dans cette loi Lutundula qu’il partage dans la plupart de ses parties.

Pleins feux de Sesanga sur un « régime de prédation, de corruption et de violation de la Constitution »

Reprenant son indépendance après son départ de l’Union Sacrée, Delly Sesanga fait feu de tout bois quand il s’agit de critiquer la gouvernance Tshisekedi. Ces derniers temps, il sillonne l’arrière-pays pour y mener une campagne de fond dans le même sens et appeler à un véritable éveil patriotique face à ce qu’il considère comme une dérive dangereuse, dénonçant un « régime de prédation, de corruption et de violation de la Constitution ».

À onze mois du scrutin, Delly Sesanga clame haut et fort, dans l’interview à Jeune Afrique, que « Félix Tshisekedi a échoué dans sa mission. Il a échoué à consolider la démocratie, à lutter contre la corruption, à préserver l’indépendance nationale ». Justifiant sa décision de se jeter à l’eau, il affirme que « les gens ont besoin d’une vraie rupture. C’est pour cela que j’ai pris la décision de me présenter ».

Et de cogner encore : « Ce régime s’est caractérisé par l’affaissement moral des institutions. Tshisekedi a divisé le pays et exacerbé les tensions ».

Non à au boycott malgré les manœuvres pour la triche

Se disant conscient que « le pouvoir multiplie les manœuvres pour organiser la fraude électorale », il exclut, cependant, un boycott des élections. C’est donc un candidat tout feu tout flamme qui se met au starter. Un homme qui s’est rendu célèbre par son combat quasi solitaire à l’Assemblée Nationale, dénonçant sans crainte ni limite le train de vie des institutions. Même au prix d’un clash avec le speaker Christophe Mboso qu’il qualifie de « voyou » au cours d’une plénière devant caméras.

Pas de contact avec le régime UDPS

Auront-elles lieu en décembre 2023 ou pas ? Delly Sesanga ne s’en préoccupe pas outre mesure, tissant déjà sa toile. Un exercice auquel il s’adonne depuis bien longtemps, lorsqu’il subodore les dérives du nouveau. Accusé en son temps d’avoir voulu sécuriser son siège de député provincial dans le Kasaï au sein de l’UDPS et d’avoir négocié son entrée au Gouvernement de la coalition FCC-CACH, Delly Sesanga rejette tout en bloc et s’en défend. « Je n’ai jamais été élu dans ma circonscription avec le soutien de l’UDPS et je ne me suis pas battu pour un positionnement personnel dans un gouvernement », clame-t-il avant de rappeler avoir pris très tôt ses distances avec le nouveau régime.

« Dès mai 2019, quand se discutait le programme dit des 100 jours, et qu’éclata ensuite l’affaire des 15 millions de dollars de recettes pétrolières, j’ai vu une propension au sein du régime à défendre les actes de corruption », rappelle-t-il, non sans souligner le « clientélisme » qui caractérise le nouveau régime.

Aujourd’hui, il regrette d’avoir rejoint l’Union sacrée qu’il estime n’avoir « jamais été l’espace de consensus et de discussion qu’espéraient ceux qui l’ont rejointe ».

Candidat solitaire ?

Et comment Sesanga compte-t-il aller avec sa candidature ? Pense-t-il a une alliance avec d’autres leaders de l’opposition qui ont également candidaté ? Prudent, l’élu de Luiza reconnaît qu’ils sont « nombreux à penser que ce régime n’a pas tenu ses promesses » avant d’embrayer tout de suite : « Il ne faudrait pas que l’ambition d’un changement de pouvoir nous fasse oublier l’importance de se rassembler autour d’un projet, et non d’une personne. À nous de trouver la bonne personne pour le porter ensuite », estime-t-il, convaincu que « personne ne peut gagner seul au Congo », mais qu’il faut attendre que « chacun puisse déposer sa candidature. Une fois que la liste définitive sera publiée, alors nous pourrons parler. »

JEK

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