Accidenté imaginaire, la nouvelle escroquerie à Kinshasa

Les kinois ne tarissent pas d’imagination ni de stratégie pour gagner de l’argent. Avec la précarité ambiante, toutes les astuces sont bonnes pour se garnir les poches, même par des voies illicites.

Aujourd’hui à Kinshasa, la pratique qui prend de l’ampleur est celle des accidentés imaginaires. Elle consiste à déclarer un sinistre lié à la circulation routière pour l’attribuer à un conducteur afin de lui soutirer de l’argent. Le coup se joue surtout dans des embouteillages et à des heures de pointe, surtout aux arrêts de bus.

Un jeune homme ou une jeune fille, parmi les désœuvrés qui courent les rues, rode le long des routes embouteillées, guettant un conducteur distrait, surtout les taximen puisque n’ayant pas de receveur pour le soutenir. Dès qu’il le repère, il simule une intrusion brusque sur la chaussée, se jetant littéralement sur un véhicule qui tente de se sortir d’un bouchon. Les gestes et le mouvement du véhicule sont à ce point synchronisés que l’acteur, au contact ou pas avec le véhicule, pousse un cri strident comme s’il venait d’être heurté.

Le cri alerte tout le monde qui est pris au dépourvu, à commencer par le conducteur. L’acteur (actrice) enclenche alors son scénario. Il simule de fortes douleurs au supposé point d’impact sur son corps. Ça peut être au genou ou au tibia, ou encore au niveau des orteils sur lesquels le conducteur aurait roulé.

Pendant qu’il crie en se tordant de douleur, le supposé accidenté se jette sur le capot du véhicule ou s’accroche à la portière du conducteur apeuré pour réclamer réparation. Au même moment, de présumé inconnus surgissent de la foule pour voler à son secours. En réalité, il s’agit d’une bande organisée qui vient faire pression sur le conducteur pour qu’il se déleste de quelques billets supposés permettre à l’accidenté d’aller se faire soigner.

Dans ce théâtre, il y a une consigne ferme : refuser catégoriquement  de se faire embarquer pour un quelconque hôpital. Le conducteur n’a qu’à abouler le magot et ils sont quittes sur place.

Ce manège est encore récent et dans la plus part des cas, les conducteurs tombent dans le panneau et finissent par donner de l’argent. La pression sur eux est, en effet, tellement forte qu’ils n’ont pas le choix. Même les simples passants ou les policiers de roulage, qui ne sont pas dans le coup, interviennent pour « raisonner » le pauvre pigeon, pour autant que la scène s’arrête et décante le bouchon.

Il faut, cependant, craindre qu’à la longue cette pratique illicite débouche sur de véritables confrontations entre ces malfrats et les conducteurs jusqu’à en rajouter aux bouchons qui mettent déjà les nerfs à vif dès les petites heures du matin.

JEK

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