La Banque Centrale du Congo (BCC) est invitée à mettre Equity-BCDC, deuxième banque commerciale de République démocratique du Congo, sous surveillance après l’annonce d’un écart de 11 millions de dollars dans ses comptes transit, ont déclaré samedi à l’ACP, des experts banquiers. Dans un communiqué, la nouvelle banque a indiqué avoir constaté un écart de plus de 11 millions de dollars américains dans ses comptes transits, après des opérations de migration dictées par l’acquisition de la plus ancienne banque congolaise : la Banque commerciale du Congo (BCDC) par la firme kenyane Equity.
« Le compte transit est compris comme un compte interne à une banque dans lequel sont enregistrées plusieurs opérations bancaires avant d’affecter le compte ad hoc concerné », a expliqué un banquier de Kinshasa. « Cette situation démontre qu’il existe une fraude interne. La BCC doit envoyer une équipe de surveillance à Equity-BCDC sans délai », a expliqué à l’ACP le banquier congolais Noël Tshiani, ancien cadre de la Banque Mondiale.
« Les pertes sont consommées et il faut les approvisionner entièrement, organiser une investigation et s’ouvrir à la supervision étroite de la BCC », a insisté ce banquier congolais qui a travaillé dans des banques commerciales en France et aux Etats-Unis.
« Ma première analyse me fait penser à une fraude impliquant des opérations des sous-comptes du Trésor destinés à recevoir des paiements. La BCC doit veiller sur cette piste », a estimé Faustin Kuediasala, Directeur du trihebdomadaire congolais « Econews ».
La BCC ne s’est pas encore prononcée depuis la publication de ce communiqué
En 2016, la banque commerciale la mieux implantée en RDC, Banque internationale d’Afrique au Congo (BIAC), avait fermé rappelant des années sombres au cours desquelles, les Congolais avaient perdu toute confiance aux banques privées.
« En tant qu’institution, nous nous imposons les normes les plus strictes en matière de responsabilité et de transparence. C’est pourquoi nous rendons ces informations publiques », s’est justifiée Equity-BCDC qui a rassuré qu’aucun écart n’était enregistré sur les dépôts de sa clientèle et sur la solidité de ses actifs.
« À la fin, on découvrira que les pertes (écarts d’actif) seront de loin beaucoup plus grandes que les 11 millions de dollars américains identifiés à ce stade. Cette banque pourrait être dans une situation plus critique qu’elle n’apparaît », a alerté l’économiste Noël Tshiani, qui a continué d’insister sur l’obligation de combler ces écarts par la maison-mère d’Equity.
Les enquêteurs de l’ACP ont découvert que Raw-bank, la première banque commerciale de la RDC, avait également connu une situation similaire d’un écart de plusieurs dizaines de millions de dollars américains. L’actionnariat avait apporté des solutions sans une publicité alarmante.
Cette communication d’Equity-BCDC démontre, une fois de plus, que l’espace bancaire en RDC peine toujours à gagner la confiance des épargnants congolais échaudés par des pertes sèches de leurs épargnes à cause du manque de respect des normes.
ACP (le titre est de la rédaction)