Réduction du train de vie des institutions : Mode d’emploi

La problématique de la réduction du train de vie des institutions va certainement revenir au débat lors de l’examen du budget de l’exercice 2023. La question est de savoir si, cette fois-ci, on va sauter le pas et poser des actes concrets dans ce sens. Déjà, des informations émanant du ministère du budget laissent entendre que la plupart des institutions ont sollicité des allocations budgétaires plus élevées qu’au budget 2022.

Cela fait plusieurs années que le Parlement s’y exerce sans suite. Les autorités à tous les niveaux en exprime leur préoccupation, mais il ne s’est jamais observé de décision ni, moins encore, la moindre proposition. Pourtant tout le monde, les partenaires de la RDC y compris, est unanime pour dire que les institutions, au niveau tant national que provincial, coûtent trop chers au Trésor public et qu’il est impérieux de s’y pencher pour trouver des solutions afin de rationaliser ce train de vie.

Comment, en effet, l’Etat peut-il parvenir à rationaliser les prix des billets d’avion et travailler à rationaliser les coûts des soins de santé et des produits pharmaceutiques sans trouver de solution à ce problème qui est réel ? il se poserait donc un problème de volonté car ce ne sont pas les idées qui manquent pour y arriver.

Très souvent, ces idées se limitent à la sempiternelle question des hauts salaires au niveau de certaines institutions. On oublie de parler globalement de la qualité de la dépense qui permettre de rationaliser celle-ci et ainsi économiser des fonds à affecter à d’autres rubriques d’intérêt vital.

Les économistes se convainquent, en effet, qu’en exploitant autrement l’assiette fiscale – considérée comme trop exiguë pour les besoin de la nation – l’on peut établir des équilibres correspondant à l’équité et à la justice par un partage équitable du revenu national. Dans un tel exercice, l’on partirait déjà des émoluments faramineux que se partagent une poignée de citoyens. En considérant une norme d’évaluation – le net à payer d’un secrétaire général de l’administration publique, par exemple -, l’on peut arriver à dégager des équilibres, notamment par la réduction ou la suppression de certaines primes.

La RDC est, en effet, l’un des rares pays au monde où les agents de service public de l’Etat, de l’huissier au chef de l’Etat, touchent des primes souvent mille fois supérieures à leur salaire net alors que ces salaires comportent déjà ce qui peut être considéré comme prime en dehors du traitement de base. Il s’agit notamment des allocations familiales, des primes de logement, des indemnités kilométriques ou des frais de scolarité, etc.

L’enveloppe rémunératoire est aujourd’hui gravement gonflée par d’autres rubriques du genre « invisibles » et autres « frais de représentation » qui sont dissimulés dans des frais de fonctionnement pour dribler la loi des finances. Aujourd’hui on doit s’étonner que l’Inspection générale des finances n’ait pas encore songé à jeter un œil sur la gestion de ces frais de fonctionnement qui seraient devenus des tonneaux de Danaïde. On ne parle pas des « caisses noires » réservées à certains chefs de corps au-delà des FSR (frais spéciaux de recherche). Des « caisses noires » actionnées à la discrétion de leurs détenteurs qui en ont fait des avoirs privés.

Réduire le train de vie des institutions passerait aussi par la réduction de la taille de ces institutions, du sommet à la base. Il faut un temps où le nombre des membres des cabinets ministériels, par exemple, était limité strictement à 13 personnes, à travers un décret du Premier ministre.

Aujourd’hui, la présidence de la république, par exemple, a pris des dimensions éléphantesques au point d’en arriver à louer des appartements à travers la ville pour loger certains services. Des envoyés spéciaux aux conseillers spéciaux en passant par des structures rattachées au chef de l’Etat, chacun dispose d’un personnel, d’une intendance, des frais de fonctionnement, d’un charroi automobile et bien d’autres commodités au point d’en faire carrément des institutions au sein d’une même institution. Il est certains qu’en restreignant tous ces services jusqu’à une dimension raisonnable, on parviendrait à une rationalisation qui n’affecterait pas l’efficacité de l’équipe finale.

On en dirait autant du Gouvernement où la refonte de certains ministères permettrait de réduire les dépenses tout en maintenant l’efficacité des nouveaux ministères. Après tout, la RDC a déjà fonctionné par le passé avec des gouvernements de moins de 50 membres. Aujourd’hui l’éclatement des ministères n’obéit à aucune logique d’efficacité sinon au besoin de satisfaire des courtisans politiques. En clair, l’Etat se trouve en train de payer des personnes arrivés dans les institutions simplement au titre de récompense politique privée sans considération de l’apport dont ils seraient au profit de la République.

Les activités régaliennes et quasi quotidiennes des institutions sont aussi des postes de dépense qui mériteraient d’être rationalisés. A titre illustratif, en déléguant certains voyages à l’intérieur comme à l’extérieur du pays, le chef de l’Etat aiderait à rationaliser les dépenses de ces voyages sans entamer l’efficacité de ses émissaires investis des pleins pouvoirs pour le représenter, pourvu d’en assurer un suivi sévère.

Au niveau Gouvernemental, les activités de réflexions (ateliers, séminaires, colloques, etc.) peuvent être re-profilés autrement que par des événements médiatiques qui nécessitent des locations continuelles des salles, des voyages des experts et leurs prises en charge, des jetons de présence et bien d’autres dépenses. Celles-ci peuvent être économisées en exploitant les bâtiments et installations publics ou en se réunissant en mode de télétravail tout en assurant l’efficacité de ce mode de fonctionnement.

Dans tous les cas, en prenant conscience de la crise d’un pays qui vit entre urgences et priorités, et en y mettant la volonté nécessaire, les congolais peuvent être utiles à eux-mêmes en parvenant à rationaliser le train de vie de leurs institutions parce que cela est tout à fait possible.

JEK

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