Pacification de la RDC : Quand Antony Blinken renvoie la balle aux Congolais

Simple placébo ou providence, la visite du Secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, à Kinshasa a suscité tellement d’attentes chez les Congolais qu’on a eu l’impression qu’il devait amener leur salut dans ses valises. De la pacification de l’Est et la condamnation du Rwanda à la lutte contre la corruption en passant par l’application du nouveau rapport de l’ONU, les élections, etc. ; Blinken était attendu pour dire ce que son pays s’engage à faire en termes de contribution sur ces différents sujets.

Diplomatie, rien que diplomatie

Au décompte final, les Congolais se contenteront de la diplomatie et des négociations pour trouver la solution à la crise sécuritaire à l’Est et aux incursions et soutiens du Rwanda au M-23. C’est, en tout cas, ce que l’on peut retenir de ses différentes déclarations faites à Kinshasa, particulièrement face à notre confrère Christian Lusakweno sur Top Congo Fm.

Parlant, par exemple, du rapport des experts de l’Onu établissant notamment l’implication du Rwanda aux côtés du M-23, le chef de la diplomatie américain dit que son pays en a pris connaissance et que leurs « propres estimations sont largement en accord avec le rapport et c’est tout à fait crédible ». Mais tout en soutenant la nécessité d’une paix en RDC, il retient que « pour qu’il y ait la paix, il faut évidemment une diplomatie, une négociation ».

Dans cette logique, Blinken répète que les USA sont impliqués dans cette diplomatie en soutenant les initiatives de Nairobi et Luanda, mais il finit par renvoyer la responsabilité première et finale à la région. « C’est un problème régional qui doit se résoudre ici », laisse-t-il entendre.

Antony Blinken tacle des officiers des FARDC comme soutiens des FDLR

La vraie pacification de la RDC passe aussi par plusieurs autres engagements qui incombent à Kinshasa, estime aussi le Secrétaire d’Etat américain qui parle du renforcement des FARDC et de la cessation des soutiens aux FDLR, portant ainsi une accusation directe sur Kinshasa, suivant la ligne de défense de Kigali. « Il faut qu’on arrête d’armer les groupes qui ne font pas partie des armées de l’Etat et qui, eux, créent une instabilité, une violence, une insécurité qui affligent le peuple qui habite à l’Est du Congo depuis des années », déclare-t-il, en effet, avant d’être plus précis : « Il faut également que tout ce qui est comme contact qui reste avec les FDLR, par exemple, certains éléments des Forces armées, s’arrête aussi ».

Et la RDC, reconnaît-il, est en pleine réforme de son armée. Les USA verront verra d’autres possibilités » en ce qui concerne leur soutien.

Evasif et langue de bois sur le sort du M-23

Quant à savoir ce que les USA peuvent faire pour que soit mis fin à la nocivité du M-23 à l’instar de ce qu’ils avaient fait avec les ADF, Antony Blinken demeure aussi évasif : « On a sanctionné dans le passé des leaders du M23. C’est un dossier qu’on regarde continuellement. Il n’y a pas des conclusions définitives, mais on a déjà sanctionné dans le passé des individus, des leaders du M23. On continuera à regarder le dossier ».

De son arrivée à son départ, le Secrétaire d’Etat américain n’a rien laissé transparaître de concret pour la cessation de l’insécurité à l’Est. Les USA constituent pourtant un poids non négligeable dans les cénacles géopolitiques et particulièrement à l’ONU dont ils sont l’un des plus grands contributeurs financiers. Des postures qui leur confèrent une influence dans des dossiers du genre de la RDC où les valeurs de l’ONU et des USA sont mises à mal.

C’est certainement à ce titre que les Congolais attendaient Blinken de pieds fermes. Mais sans préjuger de ce qui se dit et se fait à l’arrière-cour, son séjour kinois n’auraient consisté qu’à rappeler les Congolais à leurs responsabilités, comme pour leur signifier que leur sort dépend avant tout – et même exclusivement – d’eux-mêmes.

Jonas Eugène Kota

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