L’opinion à Goma et à Kinshasa pointe déjà du doigt le Président du Sénat comme responsable de l’attaque des installations de la Monusco à Goma ce lundi, attaques qui ont causé des ^pillages et des blessés dont certains par balles. Il y a dix jours au cours d’un meeting à Goma, en effet, Modeste Bahati Lukwebo avait demandé à la Monusco de « plier bagage », estimant que son bilan était déficitaire après 22 ans d’existence en RDC. « Nous-mêmes nous allons assurer la paix, la sécurité et l’intégrité du territoire », ajoutait-il face à une foule en colère après la résurgence, quelques semaines plus tôt, du M-23 qui occupait déjà Bunagana et quelques autres positions dans le Nord-Kivu.
Pour les observateurs, ces propos de Bahati Lukwebo, Président de la chambre des Sages et, à ce titre, appelé à faire l’intérim du chef de l’Etat en cas de son indisponibilité définitive, ces propos donc constituaient une « légitimation » des appels qui couraient déjà depuis plusieurs années. Ces congolais, partis politiques et même organisations de la société civile estime, en effet, qu’en 22 ans et forte de 14.000 casques bleus bien équipés, la Monusco a failli à sa mission d’aider au rétablissement de la paix et à la stabilisation de la RDC dans sa partie Est.
« A son niveau de responsabilité, pratiquement au sommet de l’Etat, l’Honorable Bahati est l’un des interlocuteurs institutionnels de la Monusco et, quelles que soit les récriminations officielles que le pays peut avoir, il y a des canaux appropriés pour le faire », déclare un observateur qui a requis l’anonymat. Pour un Député provincial du Nord-Kivu qui a également requis l’anonymat, « le Président du Sénat a péché par la quête de populisme en instrumentalisant les cris des populations qui sont les plus visés dans cette crise sécuritaire depuis 24 ans ».
Les manifestations, pourtant interdites, contre la mission des Nations unies (Monusco) à Goma ont tourné en des scènes de pillages de ses installations ce lundi. Timidement et jouant à cache-cache avec les forces de l’ordre, les manifestants ont commencé par barricader les grandes artères de la capitale du Nord-Kivu, l’une des deux provinces les plus touchées par des tueries des groupes armés dont l’ADF ougandais et le M-23 soutenu par le Rwanda.
Ils se sont ensuite répartis en deux groupes pour progresser jusqu’à atteindre les installations de la mission onusienne et sa base logistique située en dehors du centre-ville.
Selon un correspondant de l’AFP, la foule en furie a brûlé des pneus des objets en plastique à l’entrée du quartier général de la Monusco avant de casser le mur de clôture pour y accéder et procéder à des casses et à un pillage en règle des meubles, du matériel informatique et des objets de valeur ont ainsi été détruits où emporté, tandis que le personnel était évacué par des hélicoptères.
Mêmes scènes à la base logistique de la Monusco où, toujours selon l’AFP, un élève en uniforme a été atteint à une jambe par une balle tirée de l’intérieur. La police onusienne a dû user de bombes lacrymogènes pour disperser les assaillants avant l’intervention des militaires des FARDC qui ont intercepté plusieurs manifestants.
Khassim Diagne, chef adjoint de la Monusco, a dénoncé ces actes comme « du vandalisme » et leurs auteurs comme « des pilleurs » avant de les condamner « avec la plus grande fermeté ».
A noter que la manifestation anti-Monusco de ce lundi à Goma avait été initiée conjointement par des organisations de la société civile et l’Union pour la démocratie et le progrès social (Udps). Le Gouvernement, par l’entremise de son porte-parole, a condamné ces actes et promis des enquêtes pour identifier leurs auteurs et les sanctionner.
A.O