Sous le grand chapiteau de l’Université de Kinshasa, un souffle d’érudition et de patriotisme a animé la communauté universitaire lors de la soutenance de thèse du Général-Major Stasin Kizimu Mbuyu, Commandant de la 14ᵉ Région militaire des FARDC et de la Task Force de Kinshasa.
Après six années de recherches rigoureuses, il a défendu avec brio sa thèse de doctorat en Relations internationales, intitulée : « La sécurité collective dans le cadre des opérations de maintien de la paix en République démocratique du Congo : bilan et perspectives ».
Une réflexion scientifique issue du terrain
Homme de terrain et analyste averti des dynamiques de conflit, le Général-Major Kizimu Mbuyu a fondé sa réflexion sur une interrogation essentielle : la crédibilité et l’efficacité des opérations de maintien de la paix (OMP) en République démocratique du Congo depuis 1960. Il a retracé les étapes majeures de cette présence internationale, en soulignant que, sans l’intervention de l’ONU dès les premières années de l’indépendance, le Katanga et le Kasaï auraient probablement constitué des États séparés, compromettant l’unité territoriale du Congo.Il a rappelé à ce propos le sacrifice du Secrétaire général Dag Hammarskjöld, décédé dans un crash d’avion à la frontière de l’ancienne Rhodésie du Nord (Zambie actuelle), alors qu’il œuvrait pour préserver l’unité du Congo. Selon lui, « la République démocratique du Congo a le devoir moral et historique d’honorer la mémoire de ce haut fonctionnaire mort pour la cause de sa paix ».
Un bilan nuancé des opérations de maintien de la paixDans son exposé, le récipiendaire a reconnu que les OMP ont produit des effets contrastés. Du côté positif, elles ont contribué à la préservation de l’intégrité territoriale, à la réinsertion des ex-combattants, à la restauration de l’autorité de l’État, ainsi qu’à l’appui logistique des processus électoraux.
Cependant, il a également mis en lumière plusieurs limites structurelles :
- Le décalage entre les mandats onusiens et les réalités du terrain,
- La complexité des conflits locaux qui réduit la portée des missions,
- Les dérapages comportementaux de certains contingents et personnels onusiens, qui entament la crédibilité des opérations.
D’où sa conclusion : la MONUSCO demeure un partenaire important, mais son action doit être réajustée pour mieux correspondre aux besoins sécuritaires réels du pays.
Un plaidoyer pour une Afrique actrice, non spectatrice
Au-delà de sa thèse, le Général-Major Stasin Kizimu Mbuyu a lancé un plaidoyer fort pour une présence accrue des pays africains au sein du Conseil de sécurité des Nations unies. Selon lui, « l’Afrique est aujourd’hui le principal théâtre des opérations de maintien de la paix dans le monde ; il est inconcevable que son destin se décide en son absence, par d’autres puissances ».
Cette position, à la fois académique et politique, s’inscrit dans le débat contemporain sur la réforme du système multilatéral et la représentation équitable des régions du monde dans les instances décisionnelles globales.
Une consécration académique et symbolique
Sous la présidence du Professeur Jean-Marie Kayembe Ntumba, le jury — composé de figures éminentes du monde académique congolais — a salué la profondeur analytique, la rigueur méthodologique et la pertinence stratégique du travail présenté. Le nouveau Docteur a reçu la mention « Grande distinction », symbolisant la reconnaissance d’un parcours académique et militaire exemplaire.
Ancien Chef des travaux à l’Université pédagogique nationale (UPN), le Général-Major Stasin Kizimu Mbuyu inscrit ainsi son nom parmi les rares officiers supérieurs congolais ayant franchi le seuil du doctorat, tout en offrant une contribution scientifique majeure à la compréhension des défis de la paix et de la sécurité collective en Afrique centrale.
JDW

