La RDC se réinvente à Washington : Judith Suminwa trace la route d’un partenariat économique d’avenir

Arrivée dans la capitale américaine le dimanche 12 octobre, la Première ministre de la République démocratique du Congo (RDC), Judith Suminwa Tuluka, a entamé une mission à haute portée stratégique. Objectif : repositionner la RDC sur la carte mondiale de l’investissement et ouvrir une nouvelle ère de coopération avec les États-Unis.

Du 14 au 15 octobre, elle prend part à la première édition du Forum économique et d’investissement RDC–USA organisée à Washington, en représentation du président Félix Tshisekedi. Un rendez-vous inédit qui marque un tournant dans la diplomatie économique congolaise : transformer le potentiel du pays en puissance réelle, attirer les capitaux américains vers un marché de près de cent millions de consommateurs et ancrer durablement la RDC dans les circuits de l’économie mondiale.

Diversifier pour exister : le nouveau cap de Kinshasa

À la veille du Forum, la cheffe du gouvernement congolais a animé un side event au JW Marriott de Washington, réunissant des représentants de la diaspora et du secteur privé. Dans son propos de circonstance, elle a replacé sa mission dans la vision du Chef de l’État.

« Le Forum pour lequel nous sommes ici à Washington, c’est la volonté du Chef de l’État. Dans ses engagements au début de son second mandat, il a insisté sur la nécessité de développer la République démocratique du Congo en diversifiant son économie », a-t-elle rappelé.

La diversification économique s’impose désormais comme le fil conducteur du programme gouvernemental. L’exécutif multiplie les réformes : amélioration du climat des affaires, refonte du code des investissements, simplification des procédures et renforcement des garanties pour les investisseurs étrangers.

« Nous voulons un partenariat gagnant-gagnant entre la RDC et les États-Unis », a précisé Mme Suminwa, résumant la philosophie du Forum : substituer la dépendance par la complémentarité.

Washington, scène d’une diplomatie économique renouvelée

Le Forum ambitionne de refonder les échanges économiques entre les deux pays sur une base pragmatique et équitable. Pour Kinshasa, il s’agit de présenter les nouveaux instruments d’encadrement et de protection des investissements, les mécanismes d’accompagnement institutionnel et un portefeuille d’opportunités dans les secteurs stratégiques : mines, énergie, infrastructures, agriculture, technologies, santé et éducation.

La partie américaine, de son côté, entend exposer les mécanismes de financement, les expériences réussies en Afrique et le plan d’accompagnement du patronat américain souhaitant s’implanter durablement en RDC. Objectif : créer des passerelles directes entre les entrepreneurs américains et les institutions congolaises, dans une logique de co-développement durable.

Des racines historiques, un nouvel horizon diplomatique

Au-delà des enjeux commerciaux, cette visite s’inscrit dans la continuité d’une relation diplomatique ancienne, nouée dès l’indépendance congolaise en 1960.

Aligner les réformes internes sur la stratégie extérieure

Dans cette mission aussi stratégique qu’historique, la Première ministre est accompagnée d’une importante délégation gouvernementale, reflet du caractère transversal de la démarche congolaise : le vice-premier ministre de l’Intérieur Jacquemain Shabani, les ministres Samuel Roger Kamba (Santé), Julien Paluku (Commerce extérieur), John Banza (Infrastructures), José Mpanda (Postes et Télécommunications), Louis Kabamba Watum (Mines), Patrick Muyaya (Communication et Médias), ainsi que la gouverneure du Lualaba, Fifi Masuka Saini, et le gouverneur de la Banque centrale, André Wameso.

Cette équipe de choc illustre la volonté d’aligner les réformes internes sur la stratégie extérieure et de présenter, à Washington, le visage d’un État qui assume désormais son ambition économique.

L’enjeu, pour Kinshasa, dépasse la simple promotion commerciale : c’est un pari sur la crédibilité et sur la confiance.

Les défis restent considérables — gouvernance, infrastructures, stabilité réglementaire — mais la RDC veut prouver que son temps est venu.

À Washington, Judith Suminwa en est convaincue : « Le Congo n’est plus un risque, c’est une opportunité. »

Et dans les salons feutrés du JW Marriott, ce message résonne comme celui d’une nation qui se réinvente, déterminée à transformer son potentiel en puissance d’avenir.

Jonas Eugène Kota

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