La RDC accélère la modernisation de son commerce extérieur avec la dématérialisation des procédures d’import-export

La République démocratique du Congo (RDC) vient de franchir une étape décisive dans la modernisation de son commerce extérieur. Le gouvernement a officiellement lancé, ce lundi 6 octobre 2025 à Kinshasa, la dématérialisation des opérations d’importation et d’exportation, marquant le début d’une ère numérique dans la gestion des procédures commerciales.

La cérémonie de lancement a été présidée par le Secrétaire général au Commerce extérieur, Jules Muilu Mbo, représentant le ministre Julien Paluku Kahongya. L’événement a réuni les experts du Guichet Unique Intégral du Commerce Extérieur (SEGUCE/RDC), les représentants de la Direction générale des recettes administratives, judiciaires, domaniales et de participation (DGRAD), du Secrétariat général au Commerce extérieur, ainsi que des délégués de la Fédération des entreprises du Congo (FEC).

Un tournant numérique pour les opérateurs économiques

Au cœur de cette réforme, la nouvelle plateforme digitale du SEGUCE/RDC permettra à tous les opérateurs économiques d’effectuer leurs démarches d’importation et d’exportation sans passer par les circuits physiques. Une démonstration a été réalisée par Fils Nzamitere, responsable du centre SEGUCE-Kinshasa, pour illustrer les principales fonctionnalités :

  • la demande ou le renouvellement du Numéro Import-Export entièrement en ligne,
  • le suivi en temps réel de l’évolution des dossiers,
  • la soumission numérique des documents requis.

Selon les explications fournies, l’obtention du numéro Import-Export pourra désormais se faire en moins d’une heure, contre plusieurs jours auparavant.

Transparence, efficacité et lutte contre le coulage des recettes

Pour le Secrétaire général Jules Muilu Mbo, cette innovation s’inscrit dans la volonté du gouvernement de simplifier les procédures, réduire les coûts et accroître la transparence. « Cette plateforme réduit significativement les délais et les coûts des procédures, tout en améliorant la traçabilité. Elle constitue un outil efficace de lutte contre le coulage des recettes publiques », a-t-il déclaré.

Il a également rappelé que cette réforme découle des engagements pris par la RDC après la ratification de l’Accord sur la facilitation des échanges de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), il y a quelques mois. Cet accord vise notamment à rendre les échanges commerciaux plus rapides, plus sûrs et moins coûteux pour les pays membres.

Une réforme alignée sur les standards internationaux

La dématérialisation des procédures s’inscrit dans une dynamique régionale et internationale où plusieurs pays africains ont déjà entrepris des démarches similaires. Pour la RDC, il s’agit d’un levier stratégique pour améliorer son climat des affaires et renforcer sa compétitivité dans la sous-région.

Le Guichet Unique Intégral du Commerce Extérieur (GUICE), institué par le décret n° 019/15 du 14 octobre 2015, est l’outil central de cette modernisation. Opéré par le SEGUCE-RDC dans le cadre d’un partenariat public-privé, il regroupe l’ensemble des acteurs impliqués dans la chaîne des échanges : douanes, ministères, banques, commissionnaires agréés, transporteurs, et opérateurs économiques.

Déploiement provincial et renforcement des capacités

Dans le cadre de la vulgarisation de cette réforme, des sessions de formation seront bientôt organisées dans les provinces à destination des agents du commerce extérieur et des opérateurs économiques. « Le SEGUCE-RDC lancera sous peu des formations de renforcement des capacités afin de garantir une utilisation optimale de la plateforme sur toute l’étendue du territoire », a indiqué Fils Nzamitere.

Les divisions provinciales du Commerce extérieur seront également dotées en équipements informatiques et connectées à la plateforme centrale de Kinshasa afin d’assurer l’uniformité et la continuité du service.

Des perspectives prometteuses mais des défis à relever

Cette digitalisation devrait permettre à la RDC de réduire les goulets d’étranglement administratifs et de stimuler la compétitivité de ses exportations. Elle pourrait aussi renforcer la confiance des investisseurs étrangers en offrant une plus grande visibilité sur les procédures et en limitant les risques de corruption ou de manipulation des dossiers.

Cependant, quelques défis restent à relever :

  • garantir une connexion internet stable dans toutes les provinces,
  • assurer la formation continue du personnel administratif,
  • accompagner les opérateurs économiques dans la transition numérique.

Mais en attendant, le lancement de la dématérialisation marque un jalon important dans la transformation du commerce extérieur congolais. En adoptant les standards numériques et en renforçant la gouvernance des flux commerciaux, la RDC ambitionne de devenir un acteur plus crédible et attractif sur la scène régionale et mondiale.

JDW

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