URGENT : Nouvelle déclaration conjointe entre la RDC et le Rwanda à Doha après Washington, la Résolution 2773 ignorée (Document)

Après Washington où les ministres congolais et rwandais ont signé une « déclaration de principes » en vue d’un dialogue pour la paix et le développement économique, les délégations de la RDC et du Rwanda se sont retrouvées à Doha, au Qatar, où ils ont signé, ce mercredi 30 avril, une déclaration conjointe dans laquelle les deux pays (RDC et Rwanda) réaffirment leur « engagement commun en faveur de la paix, la stabilité et le développement économique dans la région des Grands Lacs ». Ce communiqué conjoint a été signé en présence de Massad Boulos, Envoyé spécial de Donald Trump pour l’Afrique.

Saluant la déclaration signée à Doha entre le Gouvernement congolais et l’AFC/M23, les parties congolaise et rwandaise considèrent le cessez-le-feu escompté comme « une priorité immédiate pour permettre l’acheminement sure et rapide de l’aide humanitaire ».

Les parties ont également réaffirmé leur souci d’une résolution « sans délai » de la crise « conformément aux résolutions pertinentes de l’Union africaine et des Nations-Unies, et dans le respect des engagements relatifs à la souveraineté et l’intégrité territoriale des deux pays ».

Intégrant, par ailleurs, les évolutions du processus EAC-SADC ainsi que celui du facilitateur togolais, Faure Gnassingbé, la RDC et le Rwanda ont « exprimé leur volonté de contribuer aux efforts en cours visant à renforcer la confiance mutuelle, instaurer un cessez-le-feu durable et parvenir à une restauration pacifique du conflit ».

Le sommet EAC-SADC du 8 février 2025 avait appelé au rétablissement des services publics essentiels et des voies d’approvisionnement en denrées alimentaires et autres produits de base essentiels afin que soit assurée l’aide humanitaire. Cela renvoie notamment à la réouverture de l’aéroport international de Goma et des banques.

Le même sommet avait aussi appelé à des dispositions suivantes :

  • L’instauration d’un cessez-le-feu et la cessation des hostilités, immédiates et sans conditions.
  • L’acheminement d’une assistance humanitaire, y compris le rapatriement des dépouilles et l’évacuation des blessés.
  • L’élaboration d’un dispositif de sécurisation de la ville de Goma et des zones environnantes ;
  • L’ouverture des principales voies d’approvisionnement notamment Goma – Sake – Bukavu ; Goma – Kibumba, Rumangabo-Kalengera-Rutshuru-Bunagana ; et Goma-Kiwanja-Rwindi-Kanyabayonga-Lubero, ainsi que la sécurisation des voies de navigation sur le lac Kivu, entre  Goma et Bukavu.
  • La réouverture immédiate de l’aéroport de Goma ; et  la formulation de recommandations sur d’autres interventions de facilitation connexes. 

Le Sommet conjoint avait également réitéré que les processus de Luanda et de Nairobi étaient indispensables à la recherche de solutions et a exigé leur fusion en un seul processus Luanda/Nairobi. Le Sommet conjoint a convenu en conséquence de renforcer les deux processus afin d’en accentuer la complémentarité et a chargé les coprésidents, en consultation avec l’Union africaine, d’examiner l’apport de facilitateurs supplémentaires et d’effectuer leur nomination, en élargissant les candidatures à d’autres régions d’Afrique, afin de soutenir le processus de fusion.

Le Sommet conjoint EAC-SADC avait, par ailleurs, exigé la reprise des négociations et du dialogue directement avec l’ensemble des parties étatiques et non-étatiques (militaires et non militaires), y compris le M23, et ce dans le respect du processus Luanda/Nairobi.

Il avait également appelé à mettre en œuvre le concept d’opérations (CONOPS) du plan harmonisé conçu pour neutraliser les FDLR et suspendre les mesures défensives du Rwanda ainsi que pour désengager les forces depuis la République Démocratique du Congo, conformément aux engagements pris dans le cadre du processus de Luanda.

La Résolution 2773 du Conseil de sécurité ignorée

Il faut, cependant, noter que si les dynamiques africaines se voient ainsi relancées dans cette seconde déclaration conjointe entre la RDC et le Rwanda après la « déclaration des principes » de Washington, la Résolution 2773 du Conseil de sécurité de l’ONU se trouve superbement ignorée, même si, au début de la déclaration conjointe, il est évoqué laconiquement « les résolutions pertinentes » de l’UA et des Nations-Unies sans aucune spécification de Conseil de Sécurité. Cette résolution, qui cite nommément le Rwanda comme agresseur de la RDC, exige, notamment, le retrait immédiat et sans condition de ses troupes du territoire congolais.

Il est antinomique d’affirmer et réaffirmer les principes fondateurs des relations inter-Etat tels que l’intangibilité des frontières, la souveraineté des Etats en ignorant que ces principes sont violés au moment de leur réaffirmation et que les troupes rwandaises se trouvent en territoire congolais.

Les pourparlers entre les délégations congolaise et rwandaise doivent se poursuivre, car il est prévu un premier draft d’accord le 2 mai à Washongton, selon une disposition de la « déclaration des principes ».

Jonas Eugène Kota

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