Sanctions de l’UE : Kigali groggy, l’AFC-M23 dans les cordes

Après s’être pavané comme paon pour ses succès militaires, la coalition RDF/M23-AFC voit le vent tourner sur les fronts politiques et diplomatiques après le tsunami des sanctions européennes. C’est m, en effet, une soirée bien morose qui se vit dans les salons capitonnés de Goma et Kigali.

Les sanctions publiées ce lundi par la commission de Union européenne sont une frappe chirurgicale qui n’a laissé personne indifférent, aussi bien dans la direction de la rébellion pro-rwandaise du M23-AFC qu’au cœur même du pouvoir autocratique du Rwanda.

Paul Kagame perdu dans les lamentations

Le week-end dernier déjà, Paul Kagame, sentant ces sanctions arriver, a complètement perdu son calme et son flegme m, et s’est, pour la première fois, laissé aller à la lamentation contre la Belgique, lui qui, pourtant, déclarait très récemment que les sanctions ne lui feraient rien.

Le single de lamentation que le Rwanda fait signer à Stromae (belge d’origine rwandaise et fils d’une victime du génocide) et Lady Gaga (actrice et philanthrope américaine), et qui est diffusée ce jour même, est signe du désarroi de Paul Kagame qui se sent plus que jamais lâché par ses soutiens.

Assurément, la parade de l’instrumentalisation du génocide ne fonctionne plus. Les appuis diplomatiques qui lui mangeaient dans la main semblent lui avoir tourné le dos.

Les rebelles de Goma désarmés politiquement

De l’autre côté de la barrière, la décision prise par le M23-AFC d’annuler son déplacent de Luanda est symptomatique de l’effet que ce coup dure produit au cœur de ce mouvement rebelle. Après s’être félicité pour ses succès militaires, les rebelles pro-rwandais ne pensaient certainement pas que la grappe des sanctions irait si loin.

Et les motifs avancés pour justifier ce refus ne convainquent personne, car la réalité est ailleurs : la délégation doit être recomposée puisque celui qui en était le chef – Benjamin Mbonimpa, secrétaire exécutif de l’AFC/M23 – figure sur la précédente liste des sanctions européennes datant de juillet 2024. En toute logique, la facilitation angolaise, qui assure un mandat de la communauté internationale, ne pouvait pas traiter avec une délégation conduite par une personnalité sous sanctions.

Si donc le parrain rwandais en prend plein la figure sur le front diplomatique, les poulains congolais prennent une douche politique froide après avoir crié victoire. Ceci d’autant plus que la rébellion de Goma avait laissé entendre que le Président Tshisekedi s’était rebiffé après son aller-retour à Luanda et que donc, Kinshasa n’allait déléguer personne. Ce soir, la présidence angolaise a vu informé que cette délégation est déjà arrivée.

Le désarroi est si profond que l’on doit s’attendre à ce que les rebelles reconsidèrent leur cahier de charge où ils mentionnent en premier rang la négociation de la démission de Félix Tshisekedi. Tout simplement parce que la position de force dont elle se targuait s’est diluée dans les sanctions européennes.

Toute manœuvre militaire verrouillée par la communauté internationale

Et le chantage militaire ne pourra pas fonctionner, car les sanctions qui frappent les officiers rwandais feront désormais réfléchir Kigali avant d’envisager tout mouvement militaire sur les fronts.

La facilitation internationale avait manifestement pensé à tout en instituant un cessez-le-feu depuis samedi à minuit et en rappelant, pour la SADC, que le retrait des forces de la SAMIRDC était un acte de confiance, et qu’il était attendu que toutes les autres forces non invitées quittent le territoire congolais.

Aujourd’hui donc, Kigali , qui est gravement fragilisé sur le front diplomatique, ne se compromettrait pas davantage en risquant un réchauffement des fronts, surtout que les RDF (armée rwandaise) sont les seules forces non invitées encore présentes sur le sol congolais.

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