Les quarante-huit dernières heures sont symptomatiques d’une fulgurante percée diplomatique et médiatique que réalise Félix Tshisekedi dans un contexte qui, jusque-là, lui était présentée comme défavorable. C’est, incontestablement un président congolais transfiguré qui monte au créneau sous un jour de maturité bien différent, mais particulièrement adapté au nouveau contexte de rééquilibrage des données face à l’agression auquel fait face son pays.
Les prestations médiatiques de Félix Tshisekedi dans le Figaro et surtout sur Fox News lui confèrent, en effet, une consécration dans cette phase-ci de la reconquête de l’indépendance, l’intégrité territoriale et la dignité de son pays. Et cela tout en redorant sa propre image écornée par les revers militaires par rapport aux assurances verbales qu’il donnait précédemment.
Fox News : le graal
L’interview que Félix Tshisekedi vient d’accorder à la chaîne de télévision américaine Fox News lui permet de toucher le graal communicationnel au cœur même de sa stratégie diplomatique gravitant autour de la recherche d’un partenariat stratégique avec les Etats-Unis d’Amérique. Si, hier, Mike Hammer, le très activiste ambassadeur américain, se targuait de « relations privilégiées » entre Kinshasa et Washington, rien, cependant, ne permettait de l’étayer puisque son pays ne détenait aucun investissement en territoire congolais, à part quelques actions mineures telles que dans la société de téléphonie cellulaire Africell.
Fox News, qui est proche du Président Donald Trump, est, en termes de suivi, la première chaîne d’info américaine sur laquelle Tshisekedi lance donc son offensive décisive sur le deal escompté avec les USA. Le journal français Le Monde, connu pour son sérieux légendaire, témoigne, en effet, que « Depuis plus de deux décennies, Fox News prouve aux Etats-Unis que l’opinion fait vendre tout en permettant de peser sur la politique d’un pays. La chaîne, qui revendique un conservatisme militant, a ainsi terminé l’année 2023 largement en tête des réseaux d’information continue pour la huitième année consécutive, malgré l’érosion des audiences de la télévision du fait de l’évolution des modes de vie».
C’est sur Fox News que Donald Trump avait fait graviter sa communication lors de son premier mandat.
Chaîne d’information câblée la plus regardée aux États-Unis et dans le monde, loin devant ses concurrents CNN et MSNBC, qui ne sont pas des moindre, Fox News pèse près de 100 millions de téléspectateurs et constitue donc un point d’influence déterminante dans la prise de décision de Donald Trump qui en est l’un des téléspectateurs de marque et parmi les plus assidus.
Et ce n’est pas tout. Car, Félix Tshisekedi y a fait une double percée en s’y faisant interviewer par un certain Bret Baier. Connu à la fois comme le meilleur de ces dernières décennies, le confrère est aussi présenté comme la terreur de toutes sortes de personnalités, aussi bien du monde politique que de la haute finance, du sport ou encore du showbizz, sa dernière proie en date n’est autre que Kamala Harris, adversaire de Trump après le désistement de Joe Biden.
C’est aussi par sa trappe qu’est également passé, très récemment le président ukrainien Vlodomir Zelensky quelques heures après son pugilat en direct de la Maison Blanche face à Donald Trump.
L’offre d’un partenariat gagnant-gagnant avec les USA
L’interview de Félix Tshisekedi sur Fox News a été réalisée six jours plus tôt dans la plus grande discrétion. Diffusée pour la première fois mercredi soir, cette interview a été précédée des bandes annonces pour donner plus de panache à l’offensive de choc qu’y opère Tshisekedi.
Evoquant les pourparlers en cours avec les USA au sujet du partenariat projeté sur les minerais en échange d’un renforcement militaire solide en faveur de la RDC et des sanctions fortes et permanentes contre les agresseurs de l’Est du Congo, le chef de l’Etat fait là une belle offre aux USA. Le pays de Trump y trouverait, en effet, une belle opportunité de prendre pied dans l’économie congolaise qu’il a longtemps abandonnée.
Félix Tshisekedi souligne qu’il y a encore de la place par les Etats-Unis, faisant savoir que la présence chinoise ne constitue pas une expansion, mais que c’est l’Amérique qui s’est retirée.
Se voulant donc rassurant, le Président congolais explique que, l’instabilité et l’insécurité actuelles dans la région rendent impossible l’attraction des investisseurs. Stopper l’agression rwandaise et prendre des mesures plus sévères contre le régime de Paul Kagame permettraient de tenir à distance les velléités de rébellion pour ainsi créer les conditions sécuritaires propices au développement des investissements.
Quant à la question de la présence chinoise dans l’économie congolaise et dans son potentiel minier, Tshisekedi précise que la Chine reste un partenaire qui n’empêche nullement que la RDC puisse nouer un accord solide avec Washington pour booster le développement de son pays pour le bien être de son peuple. Le potentiel minier de la RDC a, d’ailleurs, été judicieusement présenté en introduction de l’interview par Bret Baier tout en suggérant pourquoi les Américains devraient s’y intéresser un peu plus.
Félix Tshisekedi a ainsi vanté un partenariat gagnant-gagnant qui ne braderait pas les richesses de son pays. Il a, en effet, insisté sur le partage des richesses notamment pour le développement du business de la Silicon Valley et d’autres secteurs qui ont besoin des minerais stratégiques.
JEK
