L’analyse politique ci-dessous de la tribune de Joseph Kabila sur la crise en RDC et la recherche des solutions est proposée par un acteur politique majeur de la scène politique congolaise qui, à ce stade, préfère garder l’anonymat. Dans l’ensemble, l’auteur note le peu d’intérêt que l’ancien Président de la République réserve à la dimension internationale de la crise et au rôle dominant du Rwanda que Joseph Kabila ne cite même pas dans sa tribune.
Il estime que, sans formuler des propositions concrètes et préférant garder encore ses cartes en main, le Sénateur à vie « semble avant tout servir ses propres revendications politiques, plutôt que de répondre aux véritables enjeux de la crise » qui, selon le diplomate patriote, « ne peut ignorer la dimension géopolitique du conflit et le rôle actif du Rwanda ».
Pour l’analyste donc, « toute solution doit commencer par le respect de la souveraineté nationale et la fin de toute ingérence extérieure ».
Opinion d’un diplomate congolais patriote
L’article d’opinion publié par le Sunday Times aborde la crise en République Démocratique du Congo (RDC) en critiquant l’approche strictement militaire adoptée par la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) et d’autres acteurs régionaux. L’auteur, Joseph Kabila, ancien président de la RDC, affirme que les racines profondes du conflit résident dans la mauvaise gouvernance du pays sous l’actuel président Félix Tshisekedi.
Points clés de l’article :
1. Une crise multidimensionnelle
La situation en RDC ne se limite pas à un problème sécuritaire ou militaire. Il s’agit également d’une crise politique, sociale, morale et éthique. L’auteur souligne que la mauvaise gouvernance, les violations des droits de l’homme et la répression politique sont des facteurs clés de l’instabilité.
2. Le rôle de la SADC et de l’Afrique du Sud
L’article critique la tendance de l’Afrique du Sud et de la SADC à envoyer des troupes en soutien au régime de Tshisekedi, ce qui, selon l’auteur, équivaut à soutenir une dictature au lieu de promouvoir la démocratie et la stabilité.
3. L’échec du Pacte Républicain et la crise post-2021
L’article rappelle que la RDC avait connu un moment historique avec la transition pacifique de 2019, issue du dialogue inter-congolais de Sun City. Toutefois, Tshisekedi aurait rompu cet équilibre en violant la constitution, en organisant des élections frauduleuses en 2023 et en renforçant un régime autoritaire.
Une contradiction majeure dans l’argumentaire de Kabila
Cependant, il est essentiel de rappeler que cette soi-disant transition pacifique de 2019 reposait elle-même sur une fraude électorale massive orchestrée par Joseph Kabila pour sécuriser son départ tout en gardant une influence sur le pouvoir. Il avait organisé une élection où la véritable victoire a été détournée pour préserver ses propres intérêts.
Ainsi, lorsqu’il critique les élections de 2023 comme frauduleuses, il oublie qu’il avait lui-même créé un précédent en installant un régime contesté.
Son discours actuel révèle une contradiction flagrante : il dénonce un système dont il a lui-même jeté les bases.
4. Conséquences de la gouvernance actuelle
L’auteur décrit une situation où l’opposition est muselée par des arrestations arbitraires, des exécutions extrajudiciaires et des exils forcés de journalistes et figures politiques. L’absence de respect de l’état de droit alimente davantage le cycle de violence et d’instabilité.
5. Une solution politique et non militaire
L’article conclut que seule une solution globale prenant en compte les revendications du peuple congolais peut apporter une paix durable. Un soutien militaire au gouvernement actuel ne fera que prolonger la crise et renforcer une gouvernance autoritaire.
Une analyse critique de cette position
Aujourd’hui, il est impératif de préserver la dignité du peuple congolais. L’approche de l’ancien président semble avant tout servir ses propres revendications politiques, plutôt que de répondre aux véritables enjeux de la crise.
Il est essentiel de stopper d’abord la progression du M23 et d’exiger du Rwanda qu’il cesse immédiatement son ingérence en RDC. Ce retrait doit être inconditionnel et sans compromis.
Il est regrettable que Joseph Kabila ne condamne pas explicitement cette agression. En adoptant une posture qui met l’accent sur la gouvernance interne de la RDC, il semble implicitement légitimer l’occupation étrangère comme un levier pour forcer Kinshasa à négocier.
Pourtant, le véritable enjeu aujourd’hui est de mettre fin à l’humiliation imposée au peuple congolais par un pays voisin.
De plus, son insistance sur le Pacte Républicain et sur une solution par le dialogue trahit la cause du peuple congolais.
Oui, un dialogue est nécessaire, mais pas au détriment du peuple, ni en cautionnant une ingérence étrangère qui vise à forcer un compromis politique. On ne peut pas exiger une ouverture du régime congolais sous la pression d’une agression extérieure. La souveraineté nationale ne se négocie pas sous la menace.
Par ailleurs, si Joseph Kabila évoque une approche holistique, il ne propose pourtant aucune solution claire. Après six ans de silence, on aurait espéré une analyse plus précise et surtout une position plus tranchée.
Il garde encore ses cartes en main, ce qui laisse entendre qu’il défend avant tout une stratégie politique personnelle.
Ironiquement, par le passé, il avait lui-même demandé l’intervention de la SADC pour préserver l’intégrité territoriale du pays. Comment peut-il aujourd’hui remettre en question une mobilisation militaire lorsque l’existence même de la RDC est en jeu ?
Aujourd’hui, *il est crucial de mobiliser les Congolais, de renforcer le sentiment nationaliste et d’encourager la communauté internationale, en particulier les Africains comme l’Afrique du Sud, à défendre le principe de l’intangibilité des frontières. Si un dialogue doit avoir lieu, il ne peut se faire que sous l’égide du président en fonction, celui que Kabila avait soutenu en 2019.
On ne peut pas ignorer la légitimité institutionnelle en pleine crise. La priorité doit être de défendre la souveraineté nationale et de repousser toute ingérence extérieure avant d’envisager des règlements internes.
En ce sens, condamner un pays comme l’Afrique du Sud, qui soutient aujourd’hui la dignité congolaise, est une position irresponsable. Il est impératif que toute solution passe par une reconnaissance des véritables enjeux : protéger le Congo d’une déstabilisation extérieure et ensuite, seulement ensuite, régler les divergences politiques internes.