Tribune de Médard Mbuyal Mangala, Journalistes et chercheur
Quelle est l’idéologie politique qui inspire ou a toujours inspiré des acteurs politiques et sociaux congolais dans leur ambition de bâtir le pays et de porter très haut la flamme de l’unité, de la grandeur et du prestige national ? Qui sont-ils, ces penseurs qui accompagnent les dirigeants et orientent leurs actions publiques de manière à être fixés grâce aux balises, et ne pas perdre la boussole ? Comment reconnaître et identifier un discours, un programme et une action publique naturellement congolais ?
Depuis trois décennies, la République Démocratique du Congo est à la traîne. Des citoyens congolais à la recherche de leur survie politique, de leur bonheur personnel, ont ouvert un chantier, aux conséquences désastreuses : servir de cheval de Troie pour attaquer et détruire leur propre pays.
L’image du pays, de ses institutions et le prestige national sont ternis.
Kigali et Kampala, grâce aux considérations géopolitiques érigées pour asseoir des intérêts de Washington, de puissances occidentales et de multinationales, sont présentés comme des voies obligées pour accéder au pouvoir. Mais quel pouvoir ?
Tout tourne autour de l’exploitation des ressources naturelles et des minerais stratégiques de la RDC, de la destruction de l’âme et de l’ imposition d’un modèle de pays suiviste.
Subitement, la RDC devient aphone et anéantie par des nouvelles puissances entraînées et soutenues pour donner la mort. Des millions de morts sur le territoire congolais sont oubliés.
La nouvelle colonisation et ses effets pervers sont vécus en silence, dans l’indifférence totale des puissances médiatiques de ce monde et des organisations humanitaires.
Au Conseil de sécurité des Nations unies à New-York, des tonnes et des tonnes de rapports des Experts, pourtant mandatés pour faire la lumière sur le génocide qui se déroule en silence, sont brûlés ou jetés dans les poubelles.
Pendant ce temps, des élites politiques et intellectuelles sont dans un spectacle du discours de la démocratie. Est-ce une mission de distraire l’opinion publique ?
À côté de la RDC, l’Angola, un pays sorti de longues années de guerre depuis son indépendance jusqu’à la mort du chef de la rébellion, Savimbi; envoie des signaux de sa responsabilité au monde. Au niveau des statistiques, l’Angola n’a pas formé plus de cadres que la RDC, dans toutes les disciplines. Au contraire, ce sont des élites congolaises, à commencer par les diplômés d’État, qui sont allés apporter pratiquement les premières formations aux angolais après la guerre.
La Tanzanie offre des exemples de stabilité politique et sociale
Le Chama Cha Mapinduzi est encore sur la scène. On peut alors s’interroger sur l’efficacité de la formation idéologique du congolais. L’Institut Makanda Kabobi, comme école du Mouvement populaire de la Révolution, a-t-il servi à quelque chose
Le pays de l’authenticité est à la traîne idéologique. Le nationalisme zaïrois authentique a-t-il été un vain discours, dénué de tout sens, juste pour amuser la galerie ? Le sacrifice de Patrice Emery Lumumba a-t-il été inutile ?
Pourquoi la démarche de Moïse Tshombe et sa transfiguration politique ne peuvent pas servir d’exemple ? Cet homme politique est parti du nationalisme tribal pour s’installer véritablement dans le nationalisme congolais.
Il est inutile de vendre l’image de Tshombe comme leader sécessionniste, oubliant sa percée sur la scène nationale avec un grand parti comme la Conaco (Confédération nationale congolaise).
Tout en reconnaissant l’unité du pays comme l’héritage de Mobutu, on ne se gêne pas de traverser des frontières pour servir de parapluie ou de paravent à l’agression de sa propre nation.
On comprend, dès lors, la portée politique et symbolique du testament de Laurent Désiré Kabila, allié d’hier des forces hostiles africaines, et qui s’est imposé comme figure de la résistance : « Ne jamais trahir le Congo ».
Etienne Tshisekedi et l’UDPS ont mené une opposition dans le cadre de la non violence..
Dans une situation d’agression permanente contre le pays, des partis politiques et tous les prétendants à la production du discours dans l’espace public s’illustrent par des discours d’exclusion, de banalisation . Le politique procède par une stratégie de dissimulation.
À qui est destiné le discours politique congolais? Il s’adresse d’abord et avant tout aux puissances occidentales représentées par des missions diplomatiques à Kinshasa et autres organisations humanitaires qui financent et orientent le discours . D’où la rhétorique » nous interpellons la communauté nationale et internationale ».
Il est question d’envisager le voyage idéologique. Le consensus national est rare. Il y a un millier de partis politiques.
Depuis 2003, année du partage du pouvoir, des acteurs politiques ont effectué la traversée des camps idéologiques, de gauche à droite, mais le vide idéologique plane sur la scène nationale.
Le discours pour valoriser le Congo n’est pas au rendez-vous. Le combat politique se réduit aux attaques ad hominem. Le politique en RDC est un nihiliste.