Alors que son Gouvernement n’avait même pas encore atteint les cent traditionnels jours de round d’observation, Judith Suminwa faisait déjà l’objet d’une fatwa : elle a échoué, elle doit partir !
La fronde, lancée au sein même de sa famille politique, y compris dans son propre parti politique, ne cesse d’enfler depuis. Et elle ne s’embarrasse d’aucun préalable d’appréciation ni de jugement habituellement d’usage en matière d’évaluation.
En effet, au moment du lancement de la fronde, certains ministères, dont ceux attribués au parti présidentiel, n’avaient même pas encore de cabinet définitif. Les ministres se cherchaient encore.
Le projet de programme du gouvernement était en finalisation et, aujourd’hui encore, le budget de ce gouvernement prématurément déclaré nul est encore à l’examen.
Autant d’indications, et bien d’autres, qui, au fond, dénotent de la poursuite des luttes de positionnement et des querelles de leadership au sein de la propre famille politique du Chef de l’État, lutte dont la Première ministre, première femme à occuper ce poste, n’est pas épargnée. Au contraire, selon certains analystes, les frondeurs l’auraient ciblée en se disant qu’elle serait la plus faible pour la faire craquer afin d’obtenir, non pas son poste seulement, mais aussi les ajustements qu’ils cherchent à extorquer au chef de l’État.
Mais la question est : qui donc veut la tête de Judith Suminwa et pourquoi ?
Faux débat sur le remaniement gouvernemental
Pour le pourquoi, les déclarations à peine voilées cherchent prétexte sur les propos du Président Tshisekedi qui, dans une interview à Top Congo au mois d’août à partir de Bruxelles, avait évoqué la possibilité d’un réaménagement de l’équipe gouvernementale au début de l’année prochaine.
Ces propos semblent, cependant, avoir été mal assimilés ou volontairement tronqués afin de leur donner un tout autre sens selon le besoin de la cause. En effet, en évoquant cette éventualité de réaménager l’équipe gouvernementale – et non de changer de Gouvernement, ce qui amènerait à changer aussi de Premier ministre -, Félix Tshisekedi avait fait savoir que cette perspective ne pourra être abordée qu’avec le concours de la Première ministre.
Félix Tshisekedi avait, en effet, clairement déclaré ceci : « Il faut peut-être s’attendre à un premier réaménagement gouvernemental au début de l’année prochaine. Je le dis sous réserve de ce qu’en pensera la Première ministre ».
Il est donc clair que le départ de Suminwa n’est pas dans l’agenda du Président de la République.
Ce qui amène au qui de la question. Une analyse des différentes productions médiatiques et de l’obédience des différents canaux cristallise l’attention sur le comportement des principales factions politiques très actives à l’époque des tractations sur la désignation du Premier ministre. Cette analyse attire l’attention aussi sur les nominés malheureux, dont certains font partie Gouvernement Suminwa.
De l’avis des observateurs, ceux-là et ceux-ci ne seraient pas étrangers à cette campagne de sape contre Judith Suminwa avec ce dessein de revenir, le moment venu, sur les petits papiers du chef de l’État pour prendre, enfin, la Primature.
Vu sous cet angle, la campagne de dénigrement prématurée de Suminwa passe par une tentative de tromper la vigilance de Félix Tshisekedi ou lui forcer la main. À lui seul, le chef de l’État , d’apprécier pareille démarche irrévérencieuse.
Enfin, mais sans tout clôturer, cette campagne contre Suminwa serait le fait des pêcheurs en eaux troubles effarouchés par la rigueur affichée dès le départ et qui n’est pas de nature à garantir leurs affaires. Déjà lors des consultations pour la formation du Gouvernement et l’élaboration de son programme, les interlocuteurs de la Première ministre avaient été marqués par sa rigueur.
Une rigueur qui avait donné sa toute première indication avec la défenestration de la Ministre déléguée à l’environnement pour indélicatesse.
Dossier à suivre
JEK