Mike Kasenga, patron de la société Stever Construct Cameroun, a totalisé, ce vendredi 27 septembre 2024, trois mois de détention à la prison centrale de Makala dans le cadre de l’affaire du marché présumé surfacturé des forages d’eau potable. Il est, à ce jour, le seul à être encore en détention parmi les quatre personnalités impliquées dans le dossier.
L’ancien ministre du développement rural, François Rubota, qui avait été arrêté avec lui, a déjà été relaxé tandis que Nicolas Kazadi, ancien ministre des finances présenté comme homme-orchestre de l’affaire, ainsi que l’homme d’affaire malien Samba Bathily n’ont jamais été inquiétés.
Des sources proches du dossier laissent entendre que depuis ces trois mois de détention, Firmin Mvonde, Procureur général près la Cour de cassation, peine à asseoir par les faits la prévention de détournement des deniers publics à charge de Mike Kasenga. À ce jour, en effet, les seuls faits disponibles attestent que les fonds perçus par sa société ont bel et bien servi notamment à l’achat des matériels et intrants pour les forages dont une centaine de stations de traitement et pompage d’eau est déjà livrée au gouvernement. Pendant ce temps, une autre centaine est en construction.
Des preuves de l’exécution des travaux mais pas de détournement
Des sources dignes de foi confient à Congo Guardian que le PG Mvonde exigerait des garanties sur l’exécution du reste des travaux et leur achèvement. Une exigence largement satisfaite, indique-t-on. Malgré la détention de son PDG, en effet, la société Stever Construct Cameroun poursuit les travaux de construction des forages et des stations de traitement et pompage d’eau dont une dizaine actuellement achevés n’attendent que leur réception par le ministère de Développement rural.
La société Stever Construct Cameroun a, d’ailleurs, écrit à Muhindo Nzangi, ministre du développement rural, le 23 septembre dernier pour lui demander de lui indiquer les sites où doivent être érigées 34 autres stations de traitement et pompage d’eau. Stever Construct précise, dans la même lettre, que tous les matériels pour ces 34 forages sont disponibles dans ses dépôts en RDC.
D’où la question de savoir quelles garanties chercherait encore le PG Firmin Mvonde si les travaux des forages se poursuivent sans désemparer sur le terrain.
D’autre part, on se demande pourquoi Mike Kasenga continue à demeurer en détention à cause d’une prévention – détournement des deniers publics – qui souffre d’un manque criant de preuves pour l’étayer. Pourquoi continuer à le détenir lorsque, par ailleurs, l’homme a une résidence connue en RDC et que son entreprise a d’autres contrats dont l’exécution nécessite sa présence ?
« Firmin Mvonde se serait-il fait prisonnier de la clameur publique qui jette des pères de famille en pâture ? », s’interroge un proche du dossier qui paraphrase littéralement le Président de la République, Félix Tshisekedi, qui s’exprimait sur la même affaire des forages, entre autres, lors d’un entretien de presse à Bruxelles après des soins médicaux.
Firmin Mvonde en plein deux poids deux mesures
Autre question : Si Nicolas Kazadi, le principal accusé pour avoir été celui qui avait ordonné la sortie des fonds supposés surélevés pour ces travaux, est libre, pourquoi détenir celui qui les a perçus sur base d’un contrat signé en bonne et due forme avec l’Etat congolais et qui exécute ledit contrat avec des réalisations visibles et palpables ? Et cette autre question plus lancinante : Firmin Mvonde, dont le nom figure parmi ceux qui sont cités – à tort ou à raison – dans le milieu judiciaire congolais parmi les magistrats qui ont rendu la justice malade, a-t-il choisi de faire de Mike Kasenga son prisonnier personnel, et pour quel motif ?
En effet, comment expliquer que le même Procureur général ferme les yeux sur Nicolas Kazadi et les autres intervenants recommandés par ce dernier en sous-traitance dans le contrat des forages qui, tous, se la coulent douce sans aucune réalisation dans leur part dudit contrat?
Pendant que se posent ces questions et tant d’autres, on n’a pas oublié que le PG Mvonde avait laissé sortir du pays Nicolas Kazadi ainsi que Samba Bathily, le patron de Solektra Sarl, une société sous-traitante de Stever Construct Cameroun qui doit aussi justifier la part de fonds qu’elle a perçus. Quelle garantie avait-il exigée et obtenue de ce dernier qui est un étranger et a tout le loisir de ne pas revenir au pays ?
Politique de deux poids deux mesures ou justice à deux vitesses, Firmin Mvonde donne bien de matières à réflexion et du grain à moudre aux bonnes consciences…
Joseph Dibenga Wotsho