RDC/Manif’ au Palais de justice: L’opposition joue, Daniel Bumba gagne

En programmant sa manifestation de dénonciation de la dérive dictatoriale ce 25 septembre au Palais de justice – le même jour où Félix Tshisekedi devait s’exprimer à la tribune des Nations-Unies, l’opposition, à laquelle s’était jointe une bonne frange de la société civile, escomptait un bon coup de pub et une belle estocade contre le régime. Il s’agissait de souligner le discrédit du régime en attirant les phares de l’actualité sur la RDC à la faveur de l’interdiction de cette manifestation comme le pouvoir s’y est habitué.

Le coup est vieux comme la démocratie à la congolaise : jouer sur les erreurs du régime pour lui faire porter son propre discrédit. Comme ce coup emblématique de l’après ouverture démocratique en 1990 lorsque, tout feu tout flamme, l’UDPS mena l’ultime combat pour obtenir le multipartisme intégral et non pas à deux comme venait de le circonscrire Mobutu dans son discours du 24 avril.

Un meeting prévu à la Fikin (Foire internationale de Kinshasa) est interdit et, le jour J, il est réprimé dans la meilleure des brutalités que Mobutu peut offrir, sous l’orchestration du Général Bolozi. Mal lui en prend, car le lendemain, les leaders de l’UDPS (Tshisekedi, Kibasa, Birindwa, etc ) vont s’envoler dans une tournée euro-américaine pour « vendre » le sang des militants de cette manif’ ainsi réprimée. Plus tard, et suite aux pressions obtenues lors de cette tournée, la démocratie va être élargie à un multipartisme intégral dont les manifestants du Palais de justice sont aujourd’hui bénéficiaires.

Ce mercredi 25 septembre, cependant, le régime – UDPS curieusement – ne s’est pas laissé prendre au piège, à son propre piège. Le joueur connaît son jeu et ne l’a pas oublié.

Au Palais de justice, les manifestants ont bien trouvé un dispositif policier ce matin, mais qui, cette fois-ci, s’en est tenu à son devoir légal d’encadrer la manif’. Pas de gourdin, pas de gaz lacrymogène, pas de coup de feu.

Jean-Louis Makasi Paluku, commandant second chargé des opérations de la GMI/Ouest et commis à l’encadrement de cette manifestation, a su jouer sa partition jusqu’au bout après avoir promis que les forces de l’ordre n’utiliseraient pas de moyens létaux.

Résultat : ce soir dans les médias, dans les salons de la ville haute comme dans les bas quartiers plongés dans l’obscurité et surtout les réseaux sociaux, « la ville est calme », dirait un célèbre musicien congolais.

C’est plutôt le discours du Chef de l’État à l’ONU qui domine l’actualité tandis que la manif’du Palais de Justice s’est arrêtée sur le parvis de la bâtisse coloniale aujourd’hui rénovée.

Maître de la pirouette, le Gouv’ Daniel Bumba a su déjoué le piège traditionnel. L’opposition a joué, Daniel Bumba a donc gagné.

JEK

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