Imbroglio sécuritaire à l’Est : L’Ouganda enfin reconnu co-agresseur de la RDC (Rapport ONU)

Depuis plus de quinze années, le Gouvernement congolais clamait, d’abord la présence, sur le territoire de la RDC, des groupes islamistes sous le couvert de l’ADF-NALU. Pendant près de deux décennies, les Nations-Unies, à travers la Monusco, clamait toujours ne disposer d’aucun élément tangible pouvant « documenter » cette position de Kinshasa. Jusqu’en 2019 lorsque DAESH/MTN va revendiquer, pour la toute première fois, un attentat : celui ayant tué une dizaine de casques bleus dans le Nord-Kivu.

Pendant longtemps, les accusations de l’implication de l’Ouganda derrière la rébellion ressurgie du M23 avaient connu le même sort, même auprès du Gouvernement congolais, au nom de l’accord de traque conjointe de l’ADF entre les FARDC et l’UPDF. Aujourd’hui, l’Ouganda, ç travers cette traque, a su sécuriser plus que largement ses frontières en réussissant à repousser la menace islamiste en profondeur dans le territoire congolais où les victimes ne sont autres que les populations congolaises et leurs biens.

Jusqu’à ce qu’un rapport officiel du panel d’experts onusiens produisent un rapport qui documente en détails le rôle déterminant joué et que jour Kampala aussi bien dans la résurgence du M23 que dans les succès militaires de la coalition jusque-là connue entre ce groupe dit rebelle et la RDC, l’armée rwandaise.

Cela faisait belle lurette que Kampala servait de plaque tournante des activités des rebelles, aussi bien dans leur organisation politique que militaire. C’est en Ouganda que le leadership de la rébellion est établi pour ne pas trop charger la flagrance de l’implication rwandaise sur terrain. C’est par le territoire ougandais que transit les mouvements de troupes et d’équipements de la coalition M23/RDF. C’est aussi en Ouganda que sont soignés la plupart des blessés de cette coalition, et c’est en Ouganda que la nouvelle rébellion AFC de Corneille Nangaa a établi sa base arrière d’où elle se déploie en territoire congolais pour haranguer les foules quand le M23/RDF a déblayé le terrain militairement.

Bref, sans l’Ouganda et son appui stratégique, on ne parlerait pas de rébellion en territoire congolais, ni de présence de plus de 3.000 soldats rwandais en territoire congolais avec un arment reconnu digne d’une armée régulière. Et les enquêteurs onusiens attestent que cette implication ougandaise remonte à la résurgence même du M23.

Ouganda : appui au Mouvement du 23 mars et à l’Alliance Fleuve Congo

Depuis la résurgence de la crise du M23, l’Ouganda n’a pas interdit les troupes du M23 et de la RDF ni leur passage sur son territoire, y compris lorsque le M23 a pris Bunangana, le 12 juin 2022, avec l’appui de la RDF. Malgré les preuves attestant du passage régulier de troupes, de véhicules et de matériel militaire du M23 et de la RDF sur le territoire ougandais, le Gouvernement ougandais, y compris son service de renseignement militaire, dément la présence de troupes ou de matériel étrangers sur son territoire depuis le début de la crise du M23.

Toutefois, l’ampleur et la fréquence des mouvements font qu’il y a peu de chances qu’une telle présence passe inaperçue. Par exemple, depuis 2022, les combattants du M23 ont régulièrement dit que les fournitures et les nouvelles recrues acheminées vers leurs camps passaient par les villes frontalières ougandaises de Kisoro et de Bunangana.

Le Groupe d’experts a également obtenu des preuves confirmant le soutien actif donné au M23 par certains responsables des UPDF et le commandement des services de renseignement militaire. Des sources de renseignement et des personnes proches du M23 ont également confirmé la présence d’officiers du renseignement militaire ougandais à Bunangana depuis au moins la fin de l’année 2023 pour assurer la coordination avec les chefs du M23, fournir de la logistique et transporter les chefs du M23 vers les zones contrôlées par le M23.

En outre, le 27 janvier 2024, plusieurs sources ont vu des soldats ougandais passer par Kitagoma pour se rendre en République démocratique du Congo et mener des opérations dans les zones contrôlées par le M23, en particulier le groupement Busanza et la ville de Rutshuru, d’où un groupe est allé vers Tongo et l’autre vers Mabenga.

Il convient de noter que des chefs du M23, y compris Sultani Makenga, qui fait l’objet de sanctions, se sont rendus à Entebbe et à Kampala en violation de l’interdiction de voyager.

Mouvement du 23 mars et Alliance Fleuve Congo à Kampala

Au cours de la période considérée, il a été prouvé que le M23 et l’AFC menaient fréquemment des opérations sur le territoire ougandais. Les chefs de l’AFC, dont Corneille Nangaa, qui récemment habitait encore à Kampala, ont tenu des réunions avec des représentants de groupes armés congolais et des individus très proches du M23.

Nangaa et Lawrence Kanyuka ont bénéficié du soutien de la personnalité publique ougandaise, Andrew Mwenda, pour contacter plusieurs ambassades à Kampala en mars 2024 afin de contester les sanctions imposées aux chefs du M23 et plaider la cause de l’AFC et du M2351. On sait depuis longtemps que c’est Mwenda qui assure la liaison entre les autorités ougandaises et rwandaises.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *