Une semaine après, la caravane électorale de Félix Antoine Tshisekedi tarde à prendre le large. Plutôt poussive, ses sorties à ce jour, marquées par des interactions très difficiles, souvent périlleuses, avec les publics en face de lui.
Presque partout où il a été, le Chef de l’État a eu du mal à décliner son bilan, sur lequel lui même ne s’attarde pas trop, et à décrocher l’adhésion à ses nouvelles projections. C’est à presque tous les coups qu’il se fait réclamer quelque chose qu’il n’a pas donné au peuple désabusé.
C’est soit l’électricité, la sécurité ou le port en eaux profondes à Moanda, soit le RAM à Boma et Matadi ou encore Salomon SK Della et le taux de change à Kindu, etc.
Mais à Gbadolite, ce sont les clés de la ville, et de la province du Nord-Ubangi, qui lui ont tout simplement été refusées. Arrivé sur le podium de circonstance lors de son passage, Félix Tshisekedi n’avait même pas eu le temps de finir ses salutations. La foule lui a réclamé Giala Mobutu, actuellement Sénateur. Et c’est celui-ci qui a réussi à obtenir du public une oreille pour le candidat venu de si loin, mais qui s’est fait recevoir carrément sur le pas de la porte.
Pendant que quelques voix réclamaient aussi Dongo, un autre Mobutu qui siège à l’Assemblée nationale, au moins deux autres notables se sont succédé sur le podium, jusqu’à parler en ngbandi, la langue locale, pour faire accepter cette présence de celui qui, pourtant, est encore le Président de la République.
Poignante image que celle-ci sur les terres même des Mobutu. Une façon de montrer au Président en exercice qui est maître ici. Chez le Maréchal, le rival du Sphinx, Étienne Tshisekedi, père de l’hôte. Ici où un Tshisekedi, contrairement au premier tableau, est le Président mais doit se faire reconnaître par un Mobutu.
Lorsque, dès l’entame de son harangue, Félix Antoine Tshisekedi se fait réclamer « Giala… Giala…Giala », le message se passe d’équivoque. Car ce Giala, c’est Albert-Philippe Giala Kassa Mobutu (52 ans), le fils du Maréchal dont les prénoms sont ceux de ses amis belges au sein de la famille royale : Albert pour le défunt père de Baudouin, le Roi, et Philippe pour le dauphin, frère du Roi devenu lui aussi Roi.
Le fils Mobutu est aujourd’hui Sénateur, mais c’est bien lui qui a sauvé le Chef de l’État face à la foule sur ces terres chargées de la mémoire du Maréchal que le peuple d’ici n’a pas oublié et n’y est même prêt.
Bref, lorsqu’un Chef de l’État se fait montrer qui est maître sur un pan du territoire qu’il est censé contrôler, on peut bien se demander qui d’entre lui et Giala mérite d’être derrière l’autre sur les affiches de campagne…
JDW