RTNC Hold-Up (2) : Pendant des années, des syndicalistes se partageaient mensuellement plus de Usd 60.000 sur « Maboko Banque », la prime des agents

Plus ou moins 2 milliards de FC de la prime spéciale des agents de la RTNC – dite « maboko banque » – étaient manipulés mensuellement par les syndicalistes qui en assuraient la gestion sans aucune contrainte de redevabilité. Chaque mois, l’opacité de cette gestion faisait dégager l’équivalent de plus de 60.000 Usd au profit du réseau maffieux qui s’y était greffé et qui se tapait également au moins 5.000 FC prélevés sur chaque agent (la RTNC en compte plus ou moins 3.300 sur l’ensemble du territoire nationale, on peut faire le compte). La bancarisation de cette prime a révélé le pot-aux-roses et les bénéficiaires d’hier promettent plaies et bosses au comité de gestion pour leur avoir fait perdre un tel beefsteak.

A la Radiotélévision nationale congolaise, la prime dite « Maboko Banque » représente un supplément de rémunération qui permet aux agents de se rapprocher un tant soit peu des bouts du mois pour les nouer. Il s’agit, en fait, d’une prime spéciale de motivation du personnel qui représente 25% du salaire qu’il perçoit mensuellement.

Depuis des années, des délégués syndicaux assuraient la gestion et la paie de la prime « maboko banque » sans rendre compte

Depuis son instauration, la prime « Maboko Banque » était l’apanage de la délégation syndicale qui en assurait aussi bien le suivi que le décaissement et la paie auprès des agents. On parle d’une bagatelle autour de 2 milliards, rien que pour la ville de Kinshasa, qui sortaient physiquement de la banque centrale et étaient manutentionnés à travers la ville pour parvenir à la RTNC ou ailleurs où les agents étaient appelés pour toucher chacun sa part.

Une opération sur laquelle trônaient des bonzes de la délégation syndicale qui agissaient sans aucune obligation de redevabilité de quelque forme que ce soit. Pire, ces bonzes avaient droit de vie ou de mort sur la prime de quiconque tombait en disgrâce à leurs yeux. Désactivé de la aie, l’infortuné n’avait que ses yeux pour pleurer puisque ne sachant où aller pour revendiquer ses droits bafoués justement par ceux-là même qui sont censés l’aider à les protéger.

A sa prise de fonction, le comité de gestion a exprimé le souci d’y apporter plus de transparence afin de préserver la dignité des bénéficiaires et leur garantir la totale perception de leur dû. Car, depuis des années, ces agents étaient astreints, par exemple, à la retenue d’un montant de plus ou moins 5.000 FC sur cette prime au profit des bonzes du syndicat et leurs réseaux dans le circuit financier et budgétaire de l’Etat.

Pendant des années aussi, la prime « Maboko banque » n’était couverte d’aucune traçabilité, ni au niveau des services financiers et administratifs de la RTNC, ni nulle part ailleurs. Il n’existe, à ce jour, aucun rapport relatif au moindre mois de sa paie, alors que celle-ci était payée de manière très aléatoire. A son arrivée, par exemple, l’actuel comité de gestion a trouvé au moins six mois d’arriérés de « Maboko Banque » qu’il s’emploie à apurer.

Pour corriger les choses, l’idée de sa bancarisation, émise par le comité de gestion, est adoptée par le Ministre d’Etat au budget qui l’instaure illico presto après que la RTNC ait transmis le numéro du compte sur lequel cette prime est désormais versée.

C’était, cependant, sans compter avec les pêcheurs en eaux troubles nichés au sein du syndicat de la RTNC qui ont vu s’envoler le beefsteak dont ils s’empiffraient sans témoin depuis des années. Le tout premier mois de bancarisation a, en effet, permis de dégager un surplus équivalent à plus de Usd 60.000 que le comité de gestion se propose de ristourner aux agents au titre de prime de rentrée scolaire.

Et pour tenter d’y refaire main basse, ils vont tenter de diaboliser le circuit bancaire instauré en ciblant, comme d’habitude, le comité de gestion qui a initié l’idée. Le mois de juillet est celui où le réseau maffieux de « maboko banque » choisi pour entamer une diabolisation de la DG Sylvie Elenge qui est accusée d’avoir ouvert un compter épargne auprès de FBN Bank pour capturer cette prime et la fructifier avant de la réinjecter sur les comptes des bénéficiaires. La DG est également accusée d’avoir, pour cette fin, refusé de donner l’ordre de paiement de cette prime pour le mois de juillet.

Ni compte épargne, ni thésaurisation de la prime, les syndicalistes véreux ont loupé leur coup

Un message audio faisant cette fausse dénonciation circule alors dans les milieux des agents de la RTNC alors que les préparatifs du versement de cette prime pour le mois de juillet (représentant les arriérés de décembre 2022 et janvier 2023) sont en cours. Le timbre vocale permet d’identifier avec précision une déléguée syndicale bien connue à la RTNC pour ce genre de coups bas, et qui fait manifestement partie du réseau des chagrinés.

Le coup paraît logique suivant la procédure de paiement de cette prime qui est différente de celle du salaire. Pour « Maboko Banque », en effet, le Gouvernement, à travers la banque centrale, met les fonds directement à la disposition de la RTNC qui en assure le paiement. Le versement des fonds se fait sur base des listes de paiement (pour Kinshasa) et des ordres de virement (pour l’intérieur) que la direction générale transmet à FBN Bank dès que le compte ad hoc de la RTNC est crédité.

Mais ce que les pêcheurs en eaux troubles oublient de mentionner (par ignorance ou par mauvaise foi), c’est qu’aucune entreprise ne peut fonctionner avec un compte d’épargne pour assurer ses opérations courantes, et la RTNC ne fait pas exception.

Autre oubli, c’est que le compte exploité existe depuis plus de dix années, puisqu’il avait été ouvert dans la foulée de l’opération de bancarisation de la paie des agents lancée en 2008 sous la Primature de Matata Ponyo. Ce n’est donc pas un compte de création récente.

Quant au gel du paiement, les vérifications faites permettent de constater que le compte de la RTNC chez FBN Bank était crédité depuis le 9 août. La Directrice générale avait, elle, transmis les listes de paiement à la banque par courrier électronique le 12 août avant de faire suivre les documents en dur, ainsi que l’ordre de virement pour les provinces, le lundi 14 août 2023. Cela a permis de lancer immédiatement la paie de la prime, alors que le réseau des syndicalistes aigris se trouvait en campagne de diabolisation.

Pas pour rien car, en deux mois de bancarisation (pour les primes d’octobre 2022 à janvier 2023), l’opération a permis de réaliser des économies de plus ou moins 60.000 Usd. Un pactole que se partageaient impunément les maffieux de « maboko banque ». Sans compter la taxe de 5.000 FC (au moins 16.000.000 FC) qu’ils prélevaient sur chaque agent à la paie. Tout retard pour percevoir cette prime valait au retardataire une retenue supplémentaire.

JDW

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