Soutien rwandais au M23: Carlos Bilongo initie une motion contre Kigali à l’Assemblée nationale française

Dépité par l’indifférence de la communauté internationale en générale, et de son pays – La France – en particulier, sur plus de vingt années de crise sécuritaire à l’Est de la République Démocratique du Congo, un député français a décidé de faire bouger les lignes au sein de la représentation nationale de son pays. Élu du Val-d’Oise sur le compte de La France Insoumise, Carlos Martens Bilongo vient de déposer une proposition de Résolution à l’Assemblée nationale française visant à condamner le soutien du Rwanda aux rebelles du M23 qui sévissent à nouveau à l’Est de la RDC près de dix années après avoir été défaits.

Victime une fois de propos racistes d’un de ses collègues qui lui avait demandé de retourner en Afrique, Carlos Bilongo rappelle, dans son document, comment le M23 s’est rendu coupable d’exactions cruelles en termes de d’une massacres, viols de masses, de pillages sur des populations déjà vulnérables suite à l’insécurité, sans oublier le pillage illicite des ressources de la RDC.

Le M23 authentifié comme nuisible par les Etats et les organismes internationaux
«Ce groupe a répandu l’horreur et la désolation dans la région», écrit Bolingo qui souligne qu’«il est admis depuis longtemps que ce mouvement n’agit pas seul mais dispose de relais dans la région». Le député français cite la République du Rwanda en relevant que ce pays fait l’objet d’accusations de plusieurs pays et des organisations internationales dont Human Rights Watch.
Dans son rapport publié le 25 juillet 2022, poursuit Bilongo, HRW évoque un soutien étranger qui fournirait un appui militaire substantiel aux rebelles du M23.
Il rappelle aussi qu’à travers son ministère des affaires étrangères, la France avait, le 19 décembre 2022, sa condamnation du soutien de Kigali à ce mouvement: «le Rwanda, car il faut le nommer, doit cesser son soutien au M23. Il faut en finir avec la répétition de l’histoire dans cette région… le M23 doit cesser les combats, se désengager et rendre les territoires occupés».
Carlos Bolingo rappelle aussi que, parallèlement, des experte de l’ONU ont explicitement confirmé le soutien que le Rwanda apporte aux rebelles du M23. Les conclusions de ce rapport de l’ONU publié le 16 décembre 2022 se fondent sur «… des éléments de preuves écrits, photographiques et vidéo, des images aériennes, des missions sur le terrain menées par le groupe d’experts dans le territoire de Rutshuru et à Goma, à Bukavu et à Kinshasa en RD-Congo ainsi qu’à Kisoro et à Bunagana en Ouganda, et des entretiens avec plus de 230 sources».

Les preuves de la présence rwandaise aux côtés du M23
Tenant son sujet, le député français Carlos Bilongo rappelle aussi que les experts de l’ONU affirment, sans détour dans ledit rapport, le soutien du Rwanda au M23: «La fréquence, la durée et la force des attaques menées par le Mouvement du 23 mars/Armée révolutionnaire du Congo -M23/ARC-, groupe armé faisant l’objet de sanctions, se sont considérablement intensifiées et le territoire que celui-ci contrôle s’est agrandi de façon significative. Le Groupe d’experts a trouvé des preuves substantielles de violations de l’embargo sur les armes et du régime de sanctions, notamment l’intervention directe de la Force de défense rwandaise sur le territoire de la RD-Congo, soit pour venir en renfort au M23/ARC…», cite-t-il.
Bilongo relève, par ailleurs, que dans le même rapport, les experts onusiens explicitent l’aide et la participation de l’armée rwandaise à des attaques sur des positions militaires congolais, opérations immortalisées par des images de drones, ou encore des arrestations de soldats rwandais en RD-Congo.
Et de faire remarquer, après cette démonstration, que «ce soutien de Kigali s’inscrit dans un certain contexte. Une importante communauté rwandaise réside dans l’Est du Congo, notamment des suites du génocide. Dès lors, il est légitime pour la République du Rwanda de souhaiter entretenir un lien avec ces populations héritières d’une période tragique de son histoire ». Mais souligne tout de suite qu’il est « inacceptable que le Rwanda transforme ce lien, légitime, avec les populations issues de son sol en appui à un groupe armé responsable d’atteintes fondamentales aux droits humains et à la souveraineté RD-congolaise».

Pression pour plus d’implication de la France au nom de l’histoire et de la Francophonie
De tout ce qui précède, Carlos Martens Bilongo invite la France à s’associer aux efforts des autres pays pour en faveur de la paix à l’Ets de la RD-Congo. Il évoque les liens historiques qu’entretient la France avec les pays de la zone en proie aux conflits de l’Est RD-congolais, couplée à sa volonté de promouvoir la paix, qui, pour lui, l’obligent à peser de son poids pour mettre fin au soutien rwandais au M23.
«En outre, la RD-Congo est le premier pays francophone du monde. L’importance de la Francophonie dans cette zone implique que la France ne se cantonne pas à une place de second plan. Un défaut de soutien français à ces populations dont nous sommes proches serait une faute», cogne encore Bilongo.
Il enfonce encore le clou, accentuant la pression sur son pays : «cette responsabilité a été reconnue par le Président de la République, et toutes les conséquences doivent en être tirées s’agissant de notre politique dans la région. En revanche, cette responsabilité ne saurait en aucun cas excuser une quelconque mansuétude vis-à-vis des agissements du régime rwandais en RD-Congo depuis deux décennies. La gravité de ces agissements a été incontestablement documentée par le rapport Mapping de l’ONU, défendu par le Prix Nobel de la paix RD-congolais, le Docteur Mukwege».
La France est ainsi appelée à tirer les conséquences de ses propres constatations sur soutien rwandais au M23, dès lors qu’elles ont été confortées par l’ONU, estime encore Bolingo. «Une résolution de l’Assemblée nationale demandant le renforcement du soutien de la France aux efforts de rétablissement de la paix en RD-Congo, donc ‘’condamnant le soutien du Rwanda au M23, recevrait un grand écho au sein du peuple congolais, et renforcerait l’amitié entre nos deux pays’’», conclue-t-il.
C.N

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