Simon Kimbangu : Le parfum du Prophète

Par Gabriel Kwambamba Mampem

Mon père était un fervent catholique qui aurait fait un excellent prêtre. Cependant peu avant sa mort, il a laissé une recommandation par écrit, demandant à sa progéniture d’entreprendre des recherches profondes sur la vie et l’œuvre du prophète Simon Kimbanngu.

30 juin 2023, devant moi, défilent des centaines de kimbanguistes au son de la fanfare interprétant la chanson « Congo ya Kimbangu ». Une belle mélodie inspirée du ciel, selon ceux qui l’executent. Alors, alors j’ai ressenti le parfum du prophète. J’ai pensé au courage indescriptible de cet homme. Déjà en 1921, il a osé défier l’homme blanc en prêchant l’évangile de libération des Noirs. Qui pouvait le croire ? Il a précédé Jean Bilsen qui proposait un plan de trente ans pour l’indépendance du Congo-Belge. Il a précédé le groupe d’intellectuels autour de l’Abbé Joseph Albert Malula qui, en réponse au plan de 30 ans de Bilsen, produit  » Le Manifeste de la Conscience Africaine » en 1956.
Il a subi la cruauté abjecte des agents coloniaux: 30 ans de prison après une condamnation à perpétuité par le tribunal de garnison de Thysville (actuel Mbanza-Ngungu). Un tribunal militaire pour un évangéliste dont la seule arme était la même Bible venue dans les bagages des missionnaires expédiés par Léopold II pour calmer les ardeurs des Noirs habitant cette partie de l’Afrique.
Voyant les GTKI en vert et blanc, voyant des belles congolaises, authentiquement belles, sans le moindre make-up au visage, j’ai pensé à ce prophète congolais. J’ai pensé au martyre de Kimbangu. Sa passion a duré 30 ans. Eh bien, 30 ans, c’est le temps qui va de la naissance de Jésus jusqu’au début de son ministère public. Pendant 30 ans, il a été enfermé dans une cellule d’ 1m20 sur 80 centimètres. Avec ça, on va dire : Vive le Blanc, vive mwana Maria, vive le bwana kitoko?
Contemplant avec émotion les disciples de Simon Kimbangu, j’ai eu littéralement des larmes aux yeux. J’ai épuisé le petit paquet de papiers mouchoirs.

Puis sont remontés en surface les souvenirs d’une enfance bercée par les mélodies venant de Mbanza velela, Mbanza Longo.
Notre maison familiale était à un jet de pierre de la mission kimbanguiste. Je me suis souvenu des chansons comme  » Nkembo tata Nzambieee ugetele ». J’ai revu notre voisin, le bon Papa Omer Yasa qui déversait tout son salaires aux œuvres de la Nouvelle Jérusalem. Paix à son âme!

Je me suis rappelé un évènement: la première visite de Papa Joseph Diangenda Kuntima à Bandundu en 1975. Ce jour là, je suis parti de la maison à 8 heures du matin pour revenir… à minuit. Je n’avais vraiment pas envie de retourner, emporté par les films de propagande Kimbanguiste montrant les tournées à travers le monde du fils du prophète. Tout ça, pour un enfant de 8 ans. Pour la première et unique fois dans l’ histoire de ma famille, Papa a pris la grave décision de me priver à manger. Sans le savoir le futur journaliste était allé en reportage avant la lettre.

Près de 50 ans après, j’ai pu visiter la cellule ou etait détenu le prophète patriote à Mbanza Ngungu.

Retour sur le défilé au stade des martyrs… Ce jour là, ce haut lieu de foot a bien porté son nom. Papa Simon est un martyr que la nation ne peut oublier. Il a donné sa vie pour une cause noble. Il avait bien prédit que le Noir deviendrait Blanc et le Blanc deviendrait Noir. Ce jour là, j’ai eu envie de me rendre à Nkamba et de marcher sur les traces du prophète comme l’a souhaité mon défunt père dans son ultime message.

Gabriel Kwambamba Mampeme

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