Le protocole est un langage subtil qui peut faire dire aux choses et aux gestes ce que les mots ne disent pas. L’ignorance du protocole traduit presque toujours ce retour au galop de la nature et trahit le véritable esprit qui anime les acteurs de l’histoire à un moment donné de celle-ci.
Hasard ou retour au galop ci-haut évoqué ? L’image ci-dessus est d’une richesse polysémique qui confine à la problématique même de l’existence de l’État en RDC par ces temps des grands enjeux sur le devenir du Congo démocratique. D’une richesse polysémique d’autant plus que la scène ici immortalisée se déroule sur les lambris de l’État que symbolise ce tapis rouge qui, s’il pouvait parler, aurait bien de choses à dire…
Retour du lancement de la carte d’identité du citoyen congolais, les personnages sur cette image apportent chacun sa part du discours qui forment un message unique, à savoir qu’ici l’État est relégué au profit de la sublimation des subjectivités partisanes, voire familiales; dans tous les cas loin de l’esprit républicain. Voyons ça.
Un VPM se retrouve au beau milieu du tapis rouge, surplombant de sa taille tous les autres personnages, et porte ici les atours d’autorité suprême. Tandis qu’à sa gauche d’escrime en explications celui qui passe pour un technicien, en tenue non étatique, qui éclaire la lenterne de l’autorité suprême.
Celui-ci, dans son attitude corporelle et faciale, ne manifeste aucune « subalternité » envers celui que le public connaît comme étant la vraie autorité suprême ; mais se trouve conforté dans sa stature sémiologique par la décontraction de la dame à sa droite que l’image ainsi immortalisée nous suggère comme étant « sa » dame.
Pendant ce temps, à la gauche du « technicien » en chemisier se manifeste un personnage bien connu du paysage politique congolais. Sa présence ici, à l’avant plan sur cette image officielle (ou, du moins, supposée comme tel), vient souligner donc le primat de la structure qu’il dirige sur ce que symbolise ce tapis rouge, à savoir l’État. Simple coïncidence ou effet du naturel qui revient au galop ? En tout cas, il se trouve que tous les personnages centraux sur ce tapis rouge.
En tout cas, ce n’est pas l’aperçu furtive, relégué en arrière plan du quatuor à l’avant-scène, de celui qui est connu comme étant le Premier ministre de l’État que symbolise ce tapis rouge; ce n’est donc pas cet aperçu furtif qui viendrait brouiller le message dominant de cette image : il n’y a pas d’État ici …
Le kinois bon vivant parlerait de « mboka ya bana na bana »… Ou encore de « bilanga ya masango »…
JEK