Après que l’OIF a décliné l’invitation pour un audit du fichier électoral en raison du délai jugé trop court (5 jours seulement), la Commission électorale nationale indépendante annonce le lancement, très bientôt, d’un appel à candidature « en vue de constituer une équipe mixte (…) d’experts nationaux et internationaux pour conduire la mission d’audit externe du fichier électoral ». Dans un communiqué de son rapporteur daté du 5 mai 2023, la centrale électorale annonce également que cette équipe mixte va travailler « conformément à son calendrier électoral ». Celui-ci ne prévoit que cinq (5) jours pour cet audit qui, sous Corneille Nangaa, avait duré trois semaines.
Sur un ton quelque peu polémiste, la CENI semble s’essuyer les crampons sur l’OIF en laissant entendre qu’«aucune organisation internationale et nationale ne détient le monopole de l’expertise en matière d’audit du fichier électoral et que toutes, sans exception, recourent aux services d’experts indépendants ».
Plus loin, la CENI évoque son indépendance, la souveraineté et l’intégrité nationales ainsi que le besoin de protection des données personnelles au motif que le traitement du fichier électoral se fait en mutualisation avec l’ONIP pour la constitution d’un registre de l’état-civil congolais. Par cette posture, en réalité, la centrale électorale nationale rallie le camp hostile à l’OIF à cause de la nationalité rwandaise de sa Secrétaire générale, Louise Mushikiwabo.
La CENI court au-devant de l’aggravation de la crise de confiance
Cette posture polémiste du bureau de la CENI pourrait aggraver la crise de confiance par rapport à une frange de partenaires électoraux nationaux avec risque de s’aliéner aussi les partenaires extérieurs. Le tout avec risque de compromettre sa neutralité et, au finish, l’acceptabilité de son travail dans un environnement déjà suffisamment infestée de suspicion de tricherie en programmation.
L’on doit, en effet, s’attendre à un discours accusant la CENI de vouloir recruter de faux experts indépendants par une parodie d’appel à candidature dont l’opération de recrutement ne garantirait aucune transparence. Et à ce sujet, on rappelle qu’en invitant l’OIF à auditer le fichier électoral, Denis Kadima n’avait recouru à aucun appel à candidature. Il n’avait pas, non plus, évoqué des questions de souveraineté et d’intégrité nationales.
Depuis les premières élections de 2006, l’OIF a toujours été parmi les organismes qui suivent les processus électoraux en RDC avec, notamment, la Fondation Carter, l’Union européenne, la SADC, l’EISA, les églises et les Ong locales, etc. C’est la première fois que cette organisation, dont la RDC est membre comme le plus grand pays francophone du monde, va manquer à ce rendez-vous de la démocratie.
JEK