Quand les chiens bouffent désormais les humains, Kinshasa sous la terreur canine

Le pitbull qui a donné la mort sur un enfant à Ndjili est une race de chiens interdite sous d’autres cieux, mais qui prolifère en RDC à cause du laxisme des autorités et de l’ignorance des propriétaires. La frime avec les molosses de race est devenue une source de danger pour l’humain.

Les Kinois sont sous le choc des images d’une fillette tuée par un chien dans la commune de Ndjili. Une vidéo montre, en effet, une mère aux prises avec un molosse qui se débat pour lui arracher son enfant des mains. La fillette, âgée de deux ans, est visiblement touchée par une première agression fatale.

Des informations subséquentes, on apprend que la petite fille avait précédemment été attaquée dans son bassin de bain par ce chien, alors que sa mère s’était éclipsée un instant pour chercher un Pampers dans la maison. C’est suite à cette première attaque qu’elle (la fillette) avait été touchée mortellement à la carotide pour trouver la mort. Une mort atroce donnée par un animal de compagnie qui partageait la vie de cette famille, puisque ce chien appartenait au grand père de la petite défunte.

Cette tragédie suscite des interrogations, non seulement sur les causes d’une telle violence de la part d’un compagnon des humains, mais aussi et surtout sur la gestion globale de la relation entre l’humain et ces animaux de compagnie ces derniers temps. Ce cas, parmi les plus connus, rappelle un autre, plus ou moins récent, qui s’est produit de l’autre côté de la ville, à Ngaleima/Brikin.

Cette fois-là, c’est un chien passant sur la voie publique, qui échappait à son maître pour aller agresser une fillette dans sa parcelle et lui arracher toute la peau du crâne. L’enfant a, heureusement, survécu à ses blessures mais devra grandir avec des cicatrices et des séquelles.

Ces deux cas, et tant d’autres anonymes, posent la problématique de la divagation des animaux en général, et des chiens en particulier, ainsi que celle de la détention et l’entretien de ces chiens qui, aujourd’hui, passe pour une mode. Des jeunes se promènent, en effet, avec des chiens visiblement plus puissants qu’eux. Ils se trouvent des cas où ces jeunes maîtres menacent autrui ou intimident d’autres jeunes de leurs quartiers, très souvent pour la frime.

Réveil sur un mal qui s’est ancré dans la société

Il y a quelques mois, l’autorité publique avait interdit la déambulation avec des chiens comme il se vivait de plus en plus avec ces gens qui faisaient le sport sur la place publique avec leurs molosses. Mais apparemment, l’instruction n’a vécu que le temps de son actualité dans les médias.

Aujourd’hui, la perte d’une vie humaine tire tout le monde d’un sommeil coupable à la faveur duquel la société s’est laisser-aller à de dangereuses habitudes de côtoyer des chiens dont les races dépassent largement les capacités de la plupart de leurs propriétaires à les prendre en charge de manière responsable. Dans le même temps, l’autorité publique brille par son absence totale dans cet espace de responsabilité qui fonctionne désormais comme s’il n’y avait ni foi ni loi.

Au-delà de ce drame, il faut souligner que le mal est profond, car c’est chaque jour que l’on enregistre, à travers la ville et le pays, des cas d’agression des humains par les animaux de compagnie. Les institutions médicales reçoivent quotidiennement des cas de morsures de chien ou de griffures de chat mais qui ne sont pas portés à la connaissance de la police ou des responsables des quartiers. Même les médecins qui sont, dans ces cas, des auxiliaires de justice, dérogent à leurs responsabilités au point qu’aujourd’hui les kinois font désormais face à une terreur canine.

Des lois existent, mais l’Etat ne les applique pas

Pourtant la relation entre un chien et les animaux est bien réglementée en RDC. il existe, en effet, plusieurs lois et ordonnances qui organisent cette relation dans les détails. Et cette organisation est assortie de sanctions pénales et civiles, en ce que la détention d’un chien engage automatiquement des responsabilités (droits t devoirs) sorties de ces sanctions. Ces textes sont, notamment, l’ordonnance du 22 janvier 1918 qui traitement spécifiquement de la divagation des chiens, notamment les cas d’attaques ou de poursuites des passants par un chien excité qui échappe à son maître. Il s’agit également de l’ordonnance 54 bis du 5 mai 1936 qui traite de la divagation des animaux et, la détention des espèces sauvages réputés dangereux et nuisibles.

Cette dernière ordonnance interdit la détention de ces espèces telles que les lions, les léopards, les chiens de chasse, les reptiles (serpents), les oiseaux de proie, etc. ; sauf pour des besoins scientifiques ou d’administration pour lesquels une autorisation est requise et demeure révocable à tout moment.

Cependant, il se constate une totale démission de l’Etat qui a l’obligation première d’identifier tout chien au moyen d’une plaque métallique numérotée et consignée dans un P-V. Ce document permet à tous les autres services, dont les services sanitaires, d’assurer le suivi et l’encadrement des espèces canines. Aujourd’hui, même les chefs de rue sont incapables de recenser les animaux de leurs rues et, donc, d’en assurer le suivi.

La vétusté même des lois en la matière (la plus récente remonte à 1950, soit voici 73 ans) est symptomatique du désintérêt qui en caractérise les autorités.

Pendant ce temps, le mal ne fait que s’ancrer dans les habitudes et se répandre dans la société. Des gens achètent des chiens pour en trouvent auprès des amis, et décident de les élever sans en avoir ni l’information nécessaire, ni la disponibilité de temps, ni les moyens financiers pour ce faire.

Pour e cas sous examen, par exemple, le chien meurtrier n’avait pas été nourri depuis trois jours et les témoins assurent que son propriétaire ne l’entretenait pas comme il se doit. Et ces cas sont très courants dans les quartiers où des gens élèvent des races de chiens très dangereux, mais sans un mur de clôture ni une quelconque autre forme de son encadrement pour préserver la population, ou se préserver eux-mêmes, de sa dangerosité de ces molosses.

Autant donc de laxisme qui ont fini d’installer une terreur canine dans la ville.

JEK

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